Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

concerts (association de) (suite)

L’initiative de Habeneck allait susciter des émules : Jules Étienne Pasdeloup (1819-1887), professeur au Conservatoire, crée en 1851 la Société des jeunes artistes du Conservatoire, qui se transforme dix ans plus tard en Concerts populaires de musique classique (1861-1884). C’est là l’origine des Concerts Pasdeloup, ressuscités en 1920 par Rhené-Baton ; sous l’impulsion d’Albert Wolff et de son successeur Gerard Devos, ils font une large place aux compositeurs vivants.

Le Concert national (1873), transformé en Association artistique (1874), s’intitule rapidement Concerts du Châtelet puis Concerts Colonne, prenant ainsi le nom de son premier chef, Édouard Colonne (1838-1910), dont la carrière fut prestigieuse. Cet orchestre, que Gabriel Pierné, Franz Ruhlmann et Paul Paray dirigèrent ensuite, a joué un rôle de premier plan dans la révélation et la diffusion des œuvres de Berlioz et de C. Franck. À partir de 1873, la Société de l’harmonie sacrée fait connaître à Paris les grandes œuvres de Bach et de Händel ; son fondateur, Charles Lamoureux, organise en 1881 les Nouveaux Concerts, dont la fusion avec les Concerts de l’Opéra en 1897 engendre l’association des Concerts Lamoureux, placés sous la direction de Camille Chevillard ; cette société occupe une place très importante dans l’histoire du wagnérisme en France.

D’autres groupements moins illustres ont néanmoins tenu une place honorable dans la vie musicale française : les Concerts Valentino (1837-1841), la Société Sainte-Cécile (1849-1854), la Société philharmonique de Berlioz (1850-1851), les Concerts Danbé (1871-1874), les Concerts éclectiques populaires d’Eugène d’Harcourt (1892-1896) et les Concerts spirituels de la Sorbonne (1898-1914), auxquels il faut ajouter, parmi les très nombreux groupes de musique de chambre existant alors : la Société des instruments à vent de Paul Taffanel (1879), la Société moderne d’instruments à vent du flutiste Barrère (1895), la Société Diemer-van-Waefelghem (1895), spécialisée dans l’interprétation de la musique ancienne sur les instruments originaux, le quatuor Armingaud (1855), qui s’adjoignit plus tard quelques instruments à vent pour former la Société classique et le quatuor Capet (1893), lequel donna les premières auditions intégrales à Paris des quatuors de Beethoven.

La Société nationale, fondée en 1871, dont se sépara de 1909 à 1917 la Société musicale indépendante (S. M. I.), se consacre encore de nos jours aux premières auditions.

Les provinces françaises ont également une vie musicale intéressante, notamment par l’existence de sociétés à Niort (1835), Lyon (1840), Bordeaux (1843), Lille (1876), Nancy, où Guy Ropartz en 1894 donne une impulsion nouvelle aux Concerts du Conservatoire, et Angers (les Concerts populaires).

Parallèlement, avec les Céciliens (1820), l’Orphéon (1835), la Société pour la musique vocale religieuse et classique (1843) du prince de la Moskova, l’Harmonie sacrée (1873), Concordia (1879), l’Association des chanteurs de Saint-Gervais (1892), le chant choral prend un essor considérable qui s’amplifiera au cours du xxe s. ; de ce mouvement émergent notamment : la chanterie de la Renaissance (H. Expert), la manécanterie des Petits Chanteurs à la croix de bois (1903), l’Alauda, le chœur mixte de Paris (M. de Ranse), la chorale Félix Raugel (1928-1945), la chorale Yvonne Gouverné, la Psallette Notre-Dame (J. Chailley), les chœurs de l’O. R. T. F. et les chorales des professeurs de chant de la ville de Paris, de l’université, des J. M. F., auxquelles s’ajoutent celles des cathédrales et des grandes villes de province : Roubaix, Valenciennes, Reims, Strasbourg, Dijon, Angers, Lyon, Nantes, pour ne citer que les principales.

Auprès des grandes associations parisiennes viennent prendre place dans la première moitié du xxe s. : la Société Mozart (1901, Adolphe Boschot), l’Association des grands concerts Charpentier (1905), les Fêtes du peuple d’Albert Doyen (1918), les Concerts Koussevitski (1922-1927), les Concerts Straram (1926-1934), l’Orchestre symphonique de Paris, fondé par Pierre Monteux en 1928, les Concerts Poulet (1929) et Siohan (1929), qui fusionnent en 1935, les concerts de la Société des études mozartiennes (1930-1939), les Concerts Touche, Ars Rediviva (Claude Crussard), les orchestres de l’O. R. T. F. et de la Société des concerts de Versailles.

Dans le domaine de la musique de chambre, la Sonate, le Triton, l’Association de musique contemporaine se consacrent à la musique contemporaine ; le Triptyque (P. d’Arquennes) s’emploie à faire connaître les jeunes interprètes et les jeunes compositeurs, et les ensembles restreints se multiplient : les quatuors (Amati, Poulet, Calvet, Hewitt, Loewenguth, Gabriel Bouillon, Pascal, Parrenin, Lépine), le trio Pasquier, le trio de France, le quintette P. Jamet.

Parmi les formations importantes qui ont vu le jour en France après la Seconde Guerre mondiale, citons encore : l’orchestre philharmonique d’Île-de-France, qui fut fondé par R. P. Chouteau, l’orchestre André Girard, l’Association des concerts de chambre de Paris (F. Oubradous), les orchestres de chambre de P. Kuentz, J.-F. Paillard, L. de Froment, Colson, de B. Wahl à Versailles, d’Auriacombe à Toulouse et d’A. Beaucamp à Rouen ; les chorales E. Brasseur, Stéphane Caillat, M. Couraud et Ph. Caillard, les chanteurs de Saint-Eustache (R. P. Martin). Quelques organismes contribuent à mieux faire connaître les diverses tendances de la musique (Concerts de midi à l’université de Paris), à diffuser les recherches d’avant-garde (le Domaine musical, de Pierre Boulez), à faire apprécier l’orgue (les Amis de l’orgue, 1926), à faire entendre de la musique religieuse (Heures musicales de Saint-Séverin) ou de la musique ancienne (Société de musique d’autrefois). Avec les Amis de la musique de chambre, groupement animé par A. Loewenguth, Paris possède actuellement une importante association de concerts. L’Ensemble à vents de Paris, l’Ensemble baroque de Paris, le Collegium musicum (Roland Douatte) peuvent s’ajouter à cette nomenclature sans toutefois l’épuiser.