Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

complètement des levés photogrammétriques (suite)

Les opérations de complètement proprement dites s’effectuent en plaçant la stéréominute restituée sur une planchette et en utilisant sur le terrain les procédés de la topographie classique. Lorsqu’on stationne en un point non représenté sur la stéréominute, il est très aisé d’effectuer en ce point un relèvement planimétrique sur les détails restitués voisins. La cote est obtenue en visant au moins deux points connus du canevas existant : points géodésiques, points du canevas de restitution, repères de nivellement. La concordance des deux cotes obtenues est indispensable pour apporter des corrections au nivellement restitué ; on opère en général par amorces de courbe locales, en raccordant dès que possible aux éléments de courbe sains, présentant un désaccord admissible, fonction de la nature plus ou moins accidentée du terrain et de l’échelle du levé. On a longtemps fixé à 1,50 m la tolérance en nivellement des levés photogrammétriques de la carte de France au 1/20 000 en terrain moyennement accidenté.

R. d’H.

➙ Photogrammétrie / Photographie aérienne / Topographie.

complexe

Assemblage polyatomique, molécule ou ion, capable, en se scindant, de céder un atome ou un groupement d’atomes, ionisé ou non.



Généralités

Habituellement, cependant, on considère le complexe formé d’un ion métallique central et de molécules ou d’ions, appelés complexants ou ligands, ordinairement unis à l’atome central par des liaisons de coordination ; leur nombre, appelé indice de coordination ou coordinence de l’atome central, dépend de la nature de cet atome : il est souvent 6, plus rarement 2, 4 ou 8. Ainsi, le composé [Co(NH3)6]Cl3, dit « chlorure d’hexamine cobalt (III) » ou « de cobaltihexamine », est un sel cristallisé qui, par dissolution dans l’eau, fournit, à côté de 3 ions Cl, un cation complexe dans lequel l’ion central Co3+, de coordinence 6, est uni à 6 molécules NH3, la liaison de chacune d’elles au cobalt étant assurée par le doublet libre d’électrons de l’azote dans NH3 (liaison de covalence dative ou semi-polaire).

La formation des complexes peut s’effectuer en solution. Si, à une solution de AgNO3, on ajoute peu à peu de l’ammoniaque, le précipité Ag(OH) d’abord formé disparaît progressivement : c’est la conséquence de la réaction qui forme l’ion complexe diamine argent, déplaçant ainsi vers la gauche l’équilibre jusqu’à disparition du précipité. Quand ce résultat est atteint, il est évident que l’ion Ag+ ne précipite plus par l’ion OH ; on dit qu’il est dissimulé à ce réactif. Il précipite cependant par addition d’un chlorure (→ AgCl) ou par passage de H2S (→ Ag2S) ; la dissimulation de Ag+ n’est donc pas complète, ce qu’on explique par l’équilibre
Ag+ + 2 NH3  Ag(NH3)2.
À celui-ci correspond la constante d’action de masse

dite « constante de stabilité » de l’ion complexe ici,
K = 107 mole–2 . litre2.
La dissimulation est complète, même vis-à-vis de réactifs très sensibles, pour certains complexes. Ceux-ci sont dits « parfaits », par exemple ferrocyanure, ferricyanure, il en est beaucoup d’autres qui sont plus ou moins imparfaits.

Alfred Werner

Chimiste suisse (Mulhouse 1866 - Zurich 1919). Il a édifié en 1893 la théorie des complexes, notamment ceux du fer, du cobalt et du chrome, grâce à l’emploi des coordinences et les a représentés par des formules stéréochimiques. (Prix Nobel de chimie, 1913.)


Stéréochimie des complexes

L’établissement de liaisons entre les ligands et l’atome central met en jeu pour ce dernier un certain nombre d’orbitales atomiques ; la plus grande stabilité de l’édifice est obtenue, comme dans le cas du carbone en chimie organique, par une hybridation de ces orbitales, laquelle entraîne, en même temps que l’équivalence des orbitales hybridées, une disposition symétrique des ligands autour de l’atome central.

Cette disposition dépend du nombre d’orbitales hybridées, c’est-à-dire de la coordinence ; à la valeur 2 de celle-ci correspond un édifice linéaire où les ligands sont opposés ; à 4 correspond ou bien une disposition carrée, donc plane, ou bien la structure tétraédrique des composés du carbone ; à 6 correspond une structure octaédrique (fig. 1).

Ces symétries structurales, déjà affirmées par Werner (1893), qui fonda sa théorie des complexes sur la notion d’indice de coordination, permettent d’interpréter les isoméries, et en particulier l’isomérie cis-trans (fig. 2) et l’isomérie optique (fig. 3) ; ces isoméries sont analogues à celles qui sont rencontrées en chimie organique.

Depuis Werner, l’étude des complexes se poursuit dans divers domaines, notamment celui de la cinétique de leurs réactions en solution.

R. D.

comportement

Manifestations objectives de l’activité des animaux et des hommes.



Histoire du concept de comportement

Le terme — qui se trouvait déjà chez Pascal — a été réintroduit en 1907 par H. Piéron dans le langage de la psychologie ; il est l’équivalent de l’américain behavior — ou de l’anglais behaviour. Il est également utilisé par extension pour décrire certains traits stables des mouvements ou des changements qui affectent des objets non vivants lorsque ceux-ci possèdent des caractéristiques d’individu : on parlera ainsi du comportement d’une voiture, d’un avion, d’un électron, etc.

La psychologie scientifique est née en fait lorsque s’est constituée la notion de comportement. Celle-ci correspond en effet essentiellement à l’exigence, que rencontre toute science, de dissocier les événements observables et ce que l’on peut construire à partir d’eux : concepts, lois, théories, etc.

La notion de comportement regroupe ainsi la classe des événements observables relatifs à l’activité d’un organisme individuel dans son milieu. Ce sont originellement des événements physiques, plus particulièrement des mouvements et des modifications du milieu. La démarche consiste à ne laisser apparaître ou subsister dans la description de ces événements aucune hypothèse ou connotation subreptice anticipant sur une interprétation psychologique.