Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

compas (suite)

La coque du navire et toutes les masses métalliques proches du compas perturbent les indications données par cet instrument, qui doit être réglé au départ et chaque fois que l’occasion s’en présente. À cet effet, la plupart des grands ports comportent des alignements, d’azimuts préalablement connus et le long desquels vient se placer le navire. Le réglage se fait (compte tenu de la déclinaison magnétique) en installant, à proximité du compas et latéralement, des masses de fer correctrices des causes de perturbations. Ce réglage est vérifié en cours de navigation chaque fois que le navigateur a l’occasion d’effectuer une détermination astronomique d’azimut par observation d’étoiles.

Le compas est monté avec une suspension à la Cardan sur un fût cylindrique en bois creux appelé habitacle, à l’intérieur duquel est placé le barreau de fer doux vertical dont est tributaire l’aiguille aimantée. C’est sur ce barreau qu’agissent les masses métalliques compensatrices de réglage.

Le roulis et les embardées du navire provoquent des oscillations de la rose qui peuvent être longues à amortir ; aussi, bon nombre de compas sont des compas à liquide : l’équipage magnétique est, en ce cas, constitué par deux gros aimants fixés à un disque d’aluminium sur lequel est collée la rose des vents. Ce dernier est muni de flotteurs et repose par une chape sur un axe vertical placé au centre de la cuvette. Celle-ci est remplie d’un mélange d’eau et d’alcool qui provoque un amortissement rapide des oscillations de la rose.

Dans de nombreux cas, et notamment dans les compas d’aviation, un cylindre à axe vertical, gradué sur son pourtour, est solidaire de l’équipage magnétique. Les lectures effectuées alors sont des lectures horizontales, plus faciles à effectuer en avion. Solidaire du compas et réglée de façon que sa ligne de zéro soit, comme la ligne de référence du compas, parallèle à l’axe du navire, une alidade permet des visées aussi bien sur des points à terre dans le voisinage du plan horizontal que sur des astres bas.

En utilisation aéronautique, le fonctionnement du compas est perturbé lors des virages du fait de l’inclinaison de l’avion vers l’intérieur du virage. En effet, la rose, soumise à la pesanteur, s’incline comme l’avion, et l’aiguille aimantée n’indique plus le nord magnétique, mais un nord magnétique apparent dépendant de l’inclinaison du virage et du cap de l’avion ; cette direction est donnée par la projection de la direction du champ magnétique terrestre sur le plan de la rose. L’erreur qui en résulte peut être importante aux caps 0° et 180° ; en revanche, elle est nulle aux caps 90° et 270°. Aussi on n’utilise généralement le compas qu’en vol rectiligne.

Un autre inconvénient de l’emploi du compas sur avion est son temps de réponse relativement élevé, dû à la grande période des oscillations ; aussi cherche-t-on à accroître l’amortissement sur les compas d’avions.

Un instrument plus complexe permet de remédier à ces défauts : le compas gyromagnétique, ou gyrocompas.


Compas gyromagnétique

Dans cet appareil, le compas magnétique est associé à un système gyroscopique qui maintient l’aiguille en direction du nord géographique sur un navire ou sur un avion, quels qu’en soient les mouvements. Le compas gyromagnétique est obligatoirement utilisé à l’intérieur des blockhaus métalliques de tir ou dans le cas de sous-marins, où le magnétisme terrestre est masqué par la coque métallique, qui forme écran. Il en est de même au voisinage des courants intenses et variables des moteurs de plongée.

Un gyrocompas indique la direction du nord géographique à 0,1° près. Ses indications peuvent être transmises par liaison électrique aux différents appareils de visée et en particulier aux radars*. Elles peuvent également être transmises à l’appareil à gouverner de façon à corriger automatiquement les embardées du navire (gyropilote).

P. T.

➙ Carte de navigation / Navigation / Point / Radar / Règles de route.

 A. L. Rawlings, The Theory of the Gyroscopic Compass (Londres, 1929 ; 2e éd., New York, 1944). / J. Ropars, le Compas gyroscopique (Éd. maritimes et d’outre-mer, 1961).

complémentarité (principe de)

Principe de physique quantique qui peut s’énoncer ainsi :
« Il est impossible au moyen d’un seul dispositif expérimental de mesurer avec toute la précision que l’on souhaite l’ensemble des grandeurs qui caractérisent un objet atomique. Il existe des grandeurs complémentaires qui ne peuvent être définies sans ambiguïté qu’en utilisant des dispositifs expérimentaux distincts, s’excluant mutuellement. Les grandeurs mesurées dans ces conditions sont complémentaires en ce sens que seul l’ensemble des phénomènes observés épuise l’information possible sur l’objet atomique, bien qu’ils ne puissent pas être rassemblés dans une description unique. »


Ce principe a été énoncé en 1927 par le physicien Niels Bohr* comme un développement du principe d’incertitude, établi la même année par Heisenberg*. Ces deux principes sont pratiquement indissociables ; et le début de l’énoncé donné ci-dessus fait partie du principe d’incertitude, qui est une conséquence de la théorie quantique et s’exprime sous une forme mathématique précise. Le principe de complémentarité constitue une réflexion sur la signification profonde de ce principe d’incertitude en ce qui concerne nos modes de connaissance.

Rappelons que la théorie quantique fournit une description des objets atomiques en termes de probabilités et de valeurs moyennes ; cela aide à mieux comprendre comment elle conduit aux relations d’incertitude.

• Relations d’incertitude position-impulsion. La théorie quantique permet de calculer la valeur moyenne Δx de l’écart x – x0 entre la coordonnée x d’une particule atomique et sa valeur moyenne x0. Elle permet de calculer pour la même particule atomique la composante px de son impulsion (composante sur l’axe Ox du vecteur d’impulsion ou quantité de mouvement ) ; de manière plus précise, on peut calculer la valeur moyenne Δpx de l’écart entre la composante px et sa valeur moyenne