Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

communisme (suite)

En France, cette politique isole le parti communiste et provoque même en son sein de graves hémorragies. En Allemagne, elle laisse le mouvement ouvrier disloqué face à l’offensive fasciste. L’Internationale communiste a bien jugé l’existence d’une crise grave dans le système capitaliste et le début d’une période de troubles, mais elle n’a pas su combattre à temps la solution fasciste de la crise. Pourtant, l’installation des régimes fascistes en Europe va conduire l’Internationale communiste à réorienter sa politique, d’autant que les socialistes sont, eux aussi, conduits à remettre en cause leur attitude devant la montée du fascisme. Malgré l’extension de la menace, la conférence socialiste convoquée en août 1923 reste divisée et hésitante quant à la perspective d’une alliance avec les communistes.


La politique de Front* populaire

Au VIIe Congrès de l’Internationale communiste (août 1935), l’ensemble des partis tirent la leçon du développement impressionnant du fascisme. Après une autocritique (« Dans plusieurs pays, on substituait à la nécessité de déployer la lutte de masse contre le fascisme des raisonnements stériles [...] et une étroitesse sectaire »), l’Internationale communiste trace les perspectives, sur la base du « front unique prolétarien », d’un vaste « front populaire », incluant l’alliance avec les forces socialistes. Sur un ton décidément nouveau, Georgi Dimitrov interroge le Congrès dans son rapport : « N’est-il pas clair que l’action commune des adhérents des partis et organisations des deux Internationales — de l’I. C. et de la IIe Internationale — faciliterait la riposte des masses à la poussée fasciste et augmenterait le poids politique de la classe ouvrière ? » Par-delà les socialistes, on s’adresse aux ouvriers catholiques, anarchistes et inorganisés, et même à « ceux qui sont devenus momentanément victimes de la démagogie fasciste », et, par-delà la classe ouvrière, à toutes les couches du peuple.


La fin de l’Internationale communiste

L’échec des fronts populaires en France et en Espagne isole les communistes, qui en reviennent à une politique plus sectaire à l’approche de la guerre. Les sections de l’Internationale communiste sont désorganisées ou décimées par leurs défaites et par la répression. L’U. R. S. S., en tant qu’État, s’enferme dans une politique d’autodéfense qui confine à la collusion avec l’Allemagne. Tandis que les partis communistes se rétablissent dans la résistance à l’occupation étrangère, en comptant principalement sur leurs forces propres, le praesidium du Comité exécutif de l’Internationale communiste, dans l’impossibilité de convoquer un congrès, propose, le 15 mai 1943, la dissolution de la IIIe Internationale.


Le communisme aujourd’hui


L’expansion du communisme dans le monde

Comme doctrine, le communisme est diffusé dans tous les continents. Comme parti, ou organisation politique, il est étranger à peu de pays. Comme régime, il concerne le tiers de l’humanité, dont le plus grand pays du monde, la Chine, mais il est replié dans certains continents, et on ne le trouve ni en Amérique ni en Afrique.

Aujourd’hui comme hier, le communisme est divisé, et de bien des façons sans doute, mais, indiscutablement, la déchirure débute aux points de divergence de deux régimes communistes différents, les deux plus grands régimes communistes, ceux de l’Union soviétique et de la Chine.


Le débat sino-soviétique

• Les circonstances. Le XXe Congrès du parti communiste de l’Union soviétique (févr. 1956). Il est marqué par le célèbre rapport de Khrouchtchev qui engage l’Union soviétique à la fois dans la dénonciation « du culte de la personnalité » pratiqué sur la personne de Staline et dans une nouvelle politique internationale fondée sur l’idée de passage pacifique au socialisme et appuyée sur un appel à l’ouverture lancé aux États-Unis. Les Chinois révisent leur position franchement critique mais nuancée, inspirée par Mao Zedong (Mao Tsö-tong) à propos de l’expérience historique de la dictature de prolétariat.

Les événements de Pologne et de Hongrie (1956). Les responsables chinois condamnent en privé la concentration de troupes soviétiques en Pologne « comme l’utilisation de la contrainte à des fins de chauvinisme de grande puissance ». Toujours en privé, ils marquent leur réserve à propos de la première intervention en Hongrie, puis font pression auprès des Soviétiques afin que la Hongrie soit sauvée, c’est-à-dire en faveur de la seconde intervention. À leurs yeux, rien n’est encore définitivement joué en Union soviétique et dans les pays de l’Est ; il faut donc tout faire pour que la Hongrie ne passe pas à l’Ouest. Reste que l’ensemble des démarches soviétiques leur paraissent pour le moins maladroites et propres à déconsidérer le mouvement communiste international.

La conférence internationale de 1957. De part et d’autre, on tente de réduire les divergences par des concessions réciproques.

La conférence internationale de 1960. Même ligne de conduite, mais dans un tout autre climat : la direction du parti communiste chinois, en effet, s’inquiète des ouvertures multipliées par Khrouchtchev et ses collaborateurs à l’endroit des États-Unis. Plus grave : le gouvernement soviétique rompt unilatéralement les accords conclus avec la Chine sur la fabrication d’armes nucléaires chinoises. Lors d’incidents de frontières sino-indiens (août-sept. 1959), l’U. R. S. S. prend publiquement le parti de l’Inde. En riposte, les Chinois réaffirment avec intransigeance leur position de principe contre les États-Unis et la Yougoslavie. Peu après, ils voient dans l’attitude conciliatrice des Soviétiques lors de la violation de leur espace aérien par un avion américain U 2 (mai 1960) confirmation de leur appréhension. Coup sur coup, dans une réunion des représentants des pays socialistes tenue en juin 1960 et au début de la conférence de novembre de la même année, dite « conférence des 81 », les Soviétiques diffusent deux lettres dans lesquelles ils s’en prennent violemment aux Chinois. La délégation chinoise fait alors savoir aux Soviétiques que c’est la dernière fois qu’elle se montre disposée, pour sauver l’apparence de l’unité, à souscrire aux concessions incluses dans le document général de la conférence.