Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Commune (la) (suite)

Les principaux chefs de la commune à Paris


Zéphirin Camélinat

(Mailly-la-Ville, Yonne, 1840 - Paris 1932). Ouvrier vigneron, puis monteur en bronze, il est un des premiers à adhérer à l’Association internationale des travailleurs. Durant la Commune, il dirige la Monnaie, où il introduit des améliorations techniques. Réfugié à Londres, il rentre à Paris en 1880. Il consacrera tout le reste de sa vie à la cause du prolétariat : détenteur de nombreuses actions de l’Humanité, il les remettra au parti communiste en 1921.


Jean-Baptiste Clément

(Boulogne-sur-Seine 1836- Paris 1903). Apprenti garnisseur en cuivre, il devient sous l’Empire chansonnier et homme de lettres. Il est plusieurs fois emprisonné. Pendant le siège de Paris, il sert dans le 129e bataillon de marche à Montmartre. Élu à la Commune le 26 mars par le XVIIIe arrondissement, il est membre notamment de la Commission de l’enseignement. Ses votes hésitent entre la majorité jacobine et la minorité ouvrière. Caché à Londres, il est condamné à mort par contumace ; il rentre en France en 1880 et se consacre à la propagande socialiste, notamment dans les Ardennes. Parmi les chansons de J.-B. Clément, la plus célèbre reste le Temps des cerises. La Semaine sanglante dépeint avec réalisme l’implacable réaction versaillaise :
Sauf des mouchards et des gendarmes
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes en larmes
Des veuves et des orphelins.
Paris suinte la misère,
Les heureux même sont tremblants,
La mode est au conseil de guerre
Et les pavés sont tout sanglants.


Gustave Paul Cluseret

(Paris 1823 - Hyères 1900). Officier, il démissionne sous l’Empire et prend part à la guerre de Sécession comme général nordiste. Rentré en France, il adhère à l’Internationale. Délégué à la Guerre le 3 avril 1871, il est élu à la Commune par le XVIIIe arrondissement. Emprisonné le 30 avril après la chute du fort d’Issy, dont on le rend responsable, il est acquitté le 21 mai. Mais les versaillais le condamnent à mort par contumace. Réfugié à l’étranger, il rentre à l’amnistie et représente le Var à partir de 1888 comme député socialiste.


Gustave Courbet.

V. l’article.


Charles Delescluze

(Dreux 1809 - Paris 1871). Journaliste républicain, il est plusieurs fois condamné et emprisonné sous l’Empire. Incarnant la tradition jacobine, il est élu maire du XIXe arrondissement le 5 novembre 1870 ; il démissionne le 6 janvier 1871, est arrêté le 22, mais est élu par Paris à l’Assemblée nationale le 8 février. Après le 18 mars, il est élu membre de la Commune par les XIe et XIXe arrondissements ; il donne alors sa démission de député. Membre de la Commission des relations extérieures, de la Commission exécutive (4 avr.), puis de la Commission de la guerre (21 avr.), il inspire la création du Comité de salut public, dont il devient membre tout en étant délégué à la Guerre (11 mai). Le 24 mai, il appelle le peuple de Paris aux barricades ; mais, devant l’avance des versaillais, il se fait tuer par eux volontairement sur une barricade place du Château-d’Eau.


Émile Eudes

(Roncey, Manche, 1843 - Paris 1888). Gérant du journal la Libre Pensée, ses idées sont celles de Blanqui. Après le 31 octobre 1870, il est révoqué de la garde nationale (il est commandant) et collabore à la Patrie en danger. Élu, le 26 mars 1871, membre de la Commune (XIe arrond.), il joue un rôle surtout militaire et dirige la défense du front sud de Paris. Condamné à mort par contumace, il ne rentre d’Angleterre qu’en 1880 et milite dans les rangs blanquistes.


Gustave Flourens

(Paris 1838 - Chatou 1871). Fils du physiologiste Pierre Flourens, il est suppléant de son père au Collège de France, mais ses idées philosophiques l’obligent à renoncer à la carrière universitaire. Il prend part à l’insurrection crétoise de 1866, fait du journalisme, participe aux manifestations au cours de l’enterrement de Victor Noir (12 janv. 1870), est condamné à la déportation, s’enfuit puis revient et prend part au 31 octobre 1870. On l’emprisonne ; il est libéré le 21 janvier 1871. Élu membre de la Commune (XIXe arrond.), membre de la Commission de la guerre, il commande la sortie du 3 avril, mais il est abattu par un gendarme à Chatou.


Léo Frankel

(Budapest 1844 - Paris 1896). Après une jeunesse mouvementée dans sa Hongrie natale, il fonde à Lyon une section de l’Internationale en 1867, puis s’installe à Paris ; la chute de l’Empire le libère de la prison où l’a jeté le procès de l’Internationale. Le 26 mars 1871, il est élu au Conseil de la Commune (XIIIe arrond.). Délégué au Travail, à l’Industrie et à l’Échange, il est en fait le premier ministre du Travail. Marxiste, il s’efforce de mener à bien toutes les réformes sociales possibles. Blessé le 25 mai, il peut gagner Genève, puis Londres. Il est condamné à mort par contumace. En 1875, il quitte l’Angleterre ; quelque temps emprisonné à Vienne, il rentre en Hongrie en 1876, puis participe au congrès internationaliste socialiste de Gand (1877). De retour en Hongrie en 1878, il y jette les bases d’un parti ouvrier. Emprisonné de 1881 à 1883, il se rend à Vienne en 1884, puis regagne Paris en 1889 ; il y mène une vie difficile et participe à la fondation de la IIe Internationale. Enterré au Père-Lachaise, enveloppé dans un drapeau rouge.


Gustave Lefrançais

(Angers 1826 - Paris 1909). Instituteur, Gustave Lefrançois (ou Lefrançais) adhère à l’Association des instituteurs socialistes. Emprisonné en 1849, révoqué en 1851, proscrit au 2-Décembre, il se réfugie en Angleterre et rentre à Paris en 1853. Orateur écouté, il est plusieurs fois arrêté sous l’Empire, et aussi au lendemain de la journée du 31 octobre 1870. Le IVe arrondissement l’envoie à la Commune le 26 mars 1871 ; il préside le Conseil avant d’entrer dans la Commission du travail et dans celle des finances. Il vote avec la minorité ouvrière. Condamné à mort par contumace, il se réfugie en Suisse. Partisan de Bakounine, il restera anarchiste jusqu’à sa mort. Il a laissé d’intéressants Souvenirs d’un révolutionnaire (1902).


Louise Michel.

V. anarchisme.


Eugène Pottier