Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

combinatoire (analyse) (suite)

Combinaison avec répétition

On appelle ainsi toute disposition non ordonnée de p objets choisis parmi n objets distincts, chaque objet pouvant figurer jusqu’à p fois.

Avec les deux lettres de l’ensemble {ab}, on peut former les trois combinaisons avec répétitions des lettres prises deux à deux : (ab), (aa), (bb). On peut avoir p > n, car on peut prendre un même objet autant de fois que l’on veut. Le nombre des combinaisons avec répétitions de n objets pris p à p a pour valeur

E. S.

➙ Application / Binomiale / Ensemble.

 L. Chambadal et J. L. Ovaert, Cours de mathématiques, t. I : Notions fondamentales d’algèbre et d’analyse (Gauthier-Villars, 1966). / M. Barbut, Mathématiques des sciences humaines, t. I : Combinatoire et algèbre (P. U. F., 1967). / L. Comtet, Analyse combinatoire (P. U. F., 1970 ; 2 vol.).

Comecon

Sigle de Council for Mutual Economic Assistance, nom donné dans les pays occidentaux à l’organisation appelée en russe SEV, abrégé d’une expression signifiant « Conseil d’aide économique mutuelle ».



Création et organisation

Le Comecon est né en janvier 1949 : une conférence réunie à Moscou en décida la création, en réponse au plan Marshall. Le Comecon avait donc avant tout un but de défense dans l’union et se proposait d’unifier et de contrôler le développement des économies des États du camp socialiste. À son origine, il comprenait l’U. R. S. S., la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Pologne. L’Albanie y adhère aussi en 1949 (mais s’en retire en 1961). La R. D. A. en fait partie en 1950. La Yougoslavie n’assiste qu’en observateur à quelques commissions. La Chine, puis la Corée du Nord et le Viêt-nam du Nord s’associent à ses activités de 1956 à 1958, puis s’en détachent. La Mongolie devient membre associé en 1962 et Cuba y est admise en 1972.

Pendant une dizaine d’années, les activités du Comecon ont été réduites et mal connues. Depuis 1960, de nombreuses publications permettent de préciser les structures et les réalisations d’une institution qu’on a comparée à tort au Marché commun (C. E. E.) d’Europe occidentale. Ses buts en sont tout différents : pas d’accord douanier, monétaire, commercial, mais une coopération économique dans le cadre de régimes unis par la même idéologie et la même politique intérieure et extérieure afin de promouvoir le développement coordonné et rationnel de la production du « camp » ou du « bloc » socialiste. Le principal aspect de cette action de coordination concerne la « division socialiste internationale du travail », c’est-à-dire la répartition des tâches entre les pays membres, dont les principes ont été exposés dans un discours de N. Khrouchtchev en 1962.

Un statut adopté en 1959 a permis la mise en place des principaux organes. L’organe suprême est le Conseil, composé des délégations des États membres ; il se réunit deux fois par an en sessions régulières, dans les différentes capitales. Ses pouvoirs sont très étendus en matière de décision et de proposition. La Conférence des représentants assure la direction des travaux du Conseil entre les sessions et prépare les débats de celui-ci. Le Secrétariat central, qui siège à Moscou, représente le Comecon à l’extérieur, exécute les décisions du Conseil et de la Conférence, centralise l’information et la documentation. Depuis 1962, deux autres organes ont été créés : le Comité exécutif, qui contrôle l’application des décisions, et le Bureau de coordination des plans. Enfin, de multiples commissions permanentes, en nombre variable, s’occupent plus particulièrement de chaque secteur (statistiques, normalisation, problèmes monétaires, branche énergétique ou industrielle, etc.) ; elles siègent dans différentes capitales ou organisent des réunions d’étude sur les lieux mêmes de la recherche. De plus, des organisations spécialisées se chargent d’établir la coordination dans des domaines précis : Institut de standardisation, Conseil du système énergétique, etc. Enfin, la Banque internationale de coopération économique, fondée en 1963, est entrée en fonction en 1964 : son but est de faciliter les échanges commerciaux en instituant pour la première fois une monnaie convertible et une comptabilité commune en supprimant le monopole national des devises et du commerce extérieur de chaque État. Une nouvelle Banque d’Investissements la complète.


Moyens et objectifs

L’un des premiers buts du Comecon vise la spécialisation de chaque État membre dans des types de production déterminés par les commissions compétentes, afin d’éviter les doubles emplois et de diminuer les prix de revient. L’affectation d’un type de production repose sur des critères de tradition et de compétence ainsi que sur les possibilités d’approvisionnement en matières premières : chaque pays se voit alors établir un « profil » répondant à une vocation. Ainsi, la Bulgarie doit développer l’extraction des pyrites, du plomb et du zinc ; une grande entreprise de Sofia livre une notable partie de la production du Comecon de matériel de manutention et de levage électromécanique. La Hongrie se spécialise dans la production de bauxite, l’industrie alimentaire, certains produits de l’industrie mécanique, le textile et l’industrie pharmaceutique. L’industrie lourde (acier, armement, machines-outils) reste l’apanage de grands bassins industriels de la R. D. A., de la Pologne et de la Tchécoslovaquie (Silésie). La conséquence de cette « division internationale » du travail ou, plus exactement, de la production, réside dans la réduction des types de matériel fabriqués : les marques de camions fabriqués dans le Comecon ont été ainsi réduites à neuf, celles des autobus à cinq ; trois pays seulement se réservent la production de voitures de tourisme. C’est aussi la limitation imposée de certaines productions : la Bulgarie n’augmente pas les superficies irriguées consacrées au coton en raison du quasi-monopole exercé par l’U. R. S. S. dans ce domaine. Les réalisations les plus efficaces consistent dans l’investissement financier et technologique commun en vue de l’implantation d’un combinat, d’une usine, d’un institut de recherches dont les investissements ne pourraient être supportés par un seul État. Les accords sont passés sous l’égide d’institutions spécialisées, comme Intermetall. Ils peuvent prendre des formes variées, aide technique et octroi de crédits en échange de livraison d’une partie de la production. Ainsi, l’U. R. S. S. équipe les chantiers de construction navale de la Bulgarie en échange de cargos, livre du minerai de fer d’Ukraine et du coke contre des produits sidérurgiques au nouveau combinat, proche de Sofia, de Kremikovci. La Pologne aide à l’exploitation du lignite de la R. D. A. Le combinat chimique de Borsod, en Hongrie, reçoit du gaz naturel de Transylvanie contre une partie de sa production chimique. La Hongrie, qui manque d’énergie électrique, livre sa bauxite à une usine située en Slovaquie (Žiar) et alimentée par les centrales établies sur les affluents du Danube. Le combinat roumain de cellulose de Brăila a été monté par des ingénieurs de la R. D. A. et de Tchécoslovaquie, et la Roumanie vend de la cellulose à ces deux pays. D’autres exemples montreraient que les États d’Europe centrale, à leur tour, livrent à certains combinats soviétiques l’équipement qui leur fait défaut.