Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Colombie britannique (suite)

 V. V. Schulz, Haida, Bella Coola. Indianische Totempfähle in Nordwest Amerika (Kassel, 1962). / E. Gunther, Art in the Life of the North Coast Indians (Seattle, 1967). / A. Hawthorn, Art of the Kwakiutl Indians and Other Northwest Coast Tribes (Seattle, 1967). / E. Siebert et W. Forman, l’Art des Indiens d’Amérique (trad. du tchèque, Cercle d’art, 1967).
CATALOGUE : Chefs-d’œuvre des arts indiens et esquimaux du Canada (musée de l’Homme, Paris, 1969).

coloniales (troupes)

Troupes levées ou envoyées par des puissances coloniales dans des territoires d’outre-mer soumis à leur autorité pour y assurer la sécurité.


Lever des troupes dans une région que l’on vient de conquérir, les charger d’y assurer l’ordre et les envoyer éventuellement se battre à son profit dans un pays étranger est une institution qui remonte à l’Antiquité. C’est ainsi que, sous l’Empire, les Romains envoyaient aussi bien des mercenaires gaulois en Afrique que des Helvètes en Palestine. Au Moyen Âge, les Turcs employaient comme troupes de choc les fameux janissaires, recrutés parmi de jeunes chrétiens capturés en Macédoine. À partir du xviie s., lorsque les États européens commencèrent à fonder des colonies dans le monde entier, la pratique s’instaura de façon courante que les territoires colonisés fournissent des troupes aux pays colonisateurs. Ces troupes, qui ont aujourd’hui presque totalement disparu, ont connu au cours de leur histoire des modes de recrutement, des structures et des destins extrêmement divers. Leur rôle a été surtout important dans les grands empires coloniaux modernes créés par les Français, les Britanniques et les Néerlandais.


Les forces françaises d’outre-mer

Leur histoire, qui recouvre plus de trois siècles (du xviie au xxe s.), est intimement liée à celle des deux grandes périodes d’expansion de la France d’outre-mer.


xviie-xixe s.

C’est au Canada que, à la suite des expéditions de Jacques Cartier* et surtout de celles de Champlain*, se posa pour la France le problème de la sécurité dans ses territoires d’outremer. Richelieu créa dans ce but en 1622 les premières formations spécialisées : 100 compagnies ordinaires de la mer, embarquées sur les vaisseaux du roi. Dans leur sillage furent créées ensuite diverses unités à l’existence éphémère (Royal Marine, Galères, Isles, Vaisseaux, Compagnies franches de la marine, etc.). Elles furent souvent renforcées par des régiments de l’armée (Carignan-Salières, Artois, etc.) détachés temporairement de la métropole pour la défense des colonies. À ces forces s’ajoutèrent des milices, recrutées sur place parmi les colons (notamment au Canada), mais qui comprenaient aussi des autochtones (Guyane, Haïti, Sénégal), et des formations militaires aux structures les plus diverses levées par les Compagnies des Indes orientales et occidentales, qui furent recrutées soit en France, soit parmi les indigènes (tels les cipayes des Indes). En 1760, on évalue à près de 40 000 hommes (dont 11 000 au Canada) l’ensemble très disparate des troupes françaises servant outre-mer.

Après le traité de Paris (1763), qui marquait la fin de ce premier empire colonial, une réorganisation intervient : en 1769 est créé le corps royal d’infanterie et d’artillerie de marine, devenu en 1772 corps royal de la marine. Il compte 16 000 hommes, dont 3 500 aux Antilles, 6 000 dans les îles de France (Maurice) et Bourbon (Réunion) et en France les 8 régiments des ports (Brest, Cherbourg, Rochefort, Toulon, Marseille, Bayonne, Saint-Malo, Bordeaux). Supprimées en 1792, les troupes de marine réapparaissent sous forme de régiments étrangers aux noms les plus divers pendant le premier Empire. En 1822, elles reçoivent leur première structure stable avec la formation d’un régiment d’artillerie et de deux (puis trois) régiments d’infanterie de marine.

Peu après, l’établissement de la France en Algérie, mené par des troupes issues de la métropole, allait, à partir de 1831, donner naissance à une nouvelle famille des forces françaises d’outre-mer, qui constituera en Algérie, puis en Tunisie et au Maroc, la célèbre armée d’Afrique.


1854-1962

La nomination, en 1854, du commandant Faidherbe* comme gouverneur du Sénégal marque un tournant essentiel dans l’histoire des troupes de marine. C’est lui, en effet, qui, le premier, conçoit et réalise en leur sein de véritables unités africaines recrutées parmi les Noirs et qui prennent en 1857 l’appellation devenue générique de tirailleurs sénégalais. Une armée noire est ainsi créée : animée par des chefs de haute qualité humaine et militaire tels que G. Borgnis-Desbordes (1839-1900), A. Dodds (1842-1922), J. Gallieni* (1849-1916), L. Archinard (1850-1932), J.-B. Marchand* (1863-1934), C. Mangin* (1866-1925), H. Gouraud* (1867-1946)..., elle donnera à la France les immenses territoires d’Afrique occidentale, équatoriale et de Madagascar.

L’importance du nouvel empire colonial créé par la IIIe République, le courant d’idées répandu par Mangin, promoteur de la « Force noire », aboutirent à la constitution, par la loi du 7 juillet 1900, d’une armée coloniale autonome qui relèvera, jusqu’en 1960, du ministère de la Guerre pour le recrutement et l’instruction et du ministère des Colonies (ou de la France d’outre-mer) pour l’emploi. À partir de cette loi, les troupes coloniales comprennent, outre les régiments de marine devenus régiments d’infanterie et d’artillerie coloniales, les unités de tirailleurs sénégalais, malgaches, annamites, tonkinois, etc., recrutées sur tous les territoires français (sauf en Afrique du Nord), ainsi que des services particuliers (Santé, Intendance). Cette organisation fournira à la France pendant la Première Guerre mondiale trois divisions et de nombreuses unités de tirailleurs.

L’entre-deux-guerres apporta très peu de changements à l’organisation des troupes coloniales, qui fournirent de nouveau en 1939-40 de gros effectifs : 8 divisions d’infanterie coloniale, soit près de 150 000 hommes. Après l’armistice de 1940, les territoires français d’outre-mer, au fur et à mesure de leur entrée en guerre, levèrent des troupes (bataillons du Tchad, de l’Oubangui, du Cameroun, du Pacifique, des Somalis) qui se distinguèrent sur tous les théâtres d’opérations. À partir de 1960, au moment où le grand mouvement d’émancipation qui ébranla l’Afrique conduisit ses anciennes colonies à l’indépendance, les unités coloniales formèrent avec l’accord de la France le noyau des armées nationales des jeunes républiques auxquelles elles fournirent leurs cadres et souvent des hommes politiques.