Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Colombie (suite)

Les Andes colombiennes sont parcourues par un réseau routier orienté sud-nord comme les trois chaînes de la Cordillère, puisqu’il utilise les vallées du Magdalena et du Cauca ; mais le relief enchevêtré de la montagne andine constitue cependant un obstacle important à la circulation. Aussi le trajet par la route est-il très long ; le chemin de fer ne relie le centre du pays qu’à la côte atlantique ; l’aviation permet maintenant de vaincre l’isolement de chacune de ces zones andines, qui restent les régions les plus vivantes du pays.


La plaine de la mer des Caraïbes

Entre la mer des Caraïbes et l’extrémité de la montagne andine s’étend sur 400 à 500 km une série de terres basses accidentées de quelques petits massifs littoraux et formées par le delta du Magdalena ou par des alluvions déposées par les diverses autres rivières qui descendent des Andes.

À l’exception de la côte, affectée d’un climat relativement sec et même, par endroits, semi-aride, ces terres basses, dans leur ensemble, sont soumises aux dépressions nées sur le front intertropical et reçoivent des précipitations variant entre 2 000 et 3 000 mm par an. La température moyenne s’élève à 28 °C et confère à cette région une atmosphère chaude et humide particulièrement lourde. La zone deltaïque, formée aussi bien par le delta du Cauca que par le delta du Magdalena, est occupée par de vastes cultures de riz et par un élevage extensif pratiqué dans d’immenses estancias. Au sud de cette zone, une région moins humide associe aux cultures de riz celles de la canne à sucre et du coton, tandis que la frange orientale, sur les bords du petit massif de Santa Marta, abrite de très grandes plantations de bananiers.

Deux grandes villes, Cartagena et Barranquilla, assurent les fonctions de métropoles régionales de cet ensemble de plaines littorales qui comptent environ 4 millions d’habitants, soit le cinquième de la population totale de la Colombie. Cartagena est une vieille ville, fondée dès l’aube de la conquête espagnole, comme en témoignent les grandes murailles qui ceignent encore le vieux centre. L’évolution économique a fait perdre à Cartagena sa situation privilégiée, et c’est seulement depuis quelques années, avec le développement de son activité portuaire et la facilité nouvelle de communication avec l’intérieur du pays, que la ville, qui compte actuellement près de 250 000 habitants, connaît un regain d’importance. Barranquilla est la véritable métropole de cette région de basses terres. Située sur les bords du Magdalena, la ville s’est développée d’abord comme centre exportateur des productions agricoles de la Colombie, tant andines que littorales (cacao, sucre, café). Actuellement, grâce aux progrès réalisés dans la canalisation des rivières et la construction des routes, Barranquilla jouit d’une situation privilégiée aussi bien pour le commerce avec l’extérieur que pour ses relations avec l’intérieur du pays. Aussi est-ce une grande ville d’environ 500 000 habitants, qui ajoute à ses fonctions de centre commercial et bancaire une activité industrielle non négligeable.


Le Chocó

Le Chocó comprend cette fraction du territoire colombien qui s’étend entre la Cordillère occidentale et l’océan Pacifique et qui est formée de plaines littorales. C’est une zone de climat équatorial, chaud et humide, affectée de précipitations particulièrement abondantes : on note en effet un total pluviométrique de 4 640 mm à la station de Barbacoas et un total de 6 904 mm à celle d’Inturina. Avec une température moyenne de 26 °C, ce climat donne à la région un caractère répulsif pour l’homme et entrave considérablement la mise en valeur. Aussi cette zone n’abrite-t-elle qu’un peuplement assez épars où prédominent les Noirs et les métis ainsi que quelques groupes indiens restés relativement à l’écart du monde moderne. La population de l’ensemble de la région n’excède pas 350 000 habitants. Les activités essentielles sont la pêche, la culture du riz ou de la noix de coco, l’exploitation des bois précieux de la forêt et des alluvions métallifères, notamment des alluvions riches en métaux précieux : or ou platine. Ces gisements sont pour l’essentiel aux mains d’une seule compagnie. L’activité minière entretient l’existence de quelques petites villes dont la population n’excède pas 10 000 à 15 000 habitants. Le caractère impénétrable de la forêt et l’abondance des pluies, qui rendent souvent les routes impraticables, constituent un obstacle considérable à la circulation. Seules deux voies de communication, une route et une voie ferrée, assurent une liaison convenable avec l’intérieur. Elles ont largement contribué au développement du port de Buenaventura, qui compte maintenant plus de 100 000 habitants. Quelques conserveries de poissons commencent à s’y développer, ainsi qu’une industrie d’utilisation de la mangrove littorale, qui couvre l’ensemble de la côte pacifique et dont on extrait le tanin.


Les plaines orientales

À l’est des Andes s’étend une vaste zone qui fait partie des llanos, c’est-à-dire de cette région de savane qui correspond à la plaine de l’Orénoque. Un premier gradin à partir des Andes forme, à leur piémont, une frange de 200 à 500 m d’altitude, encore couverte de forêt. Un niveau intermédiaire se situe ensuite entre 100 et 200 m ; le palier inférieur, où l’altitude ne dépasse jamais 100 m, est affecté par les grandes inondations périodiques qui ont entraîné la disparition des arbres et l’existence d’une végétation de savane.

Ce territoire, qui couvre plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés, n’abrite guère que 200 000 habitants. La seule activité importante y est l’élevage des bovins, qui se pratique dans de très grandes estancias. Cet élevage reste techniquement très précaire et, comme au temps de la colonisation espagnole, ne repose que sur l’utilisation de la végétation naturelle. Des tentatives de colonisation spontanée ont donné naissance à quelques villages d’agriculteurs, mais il ne s’agit pas d’un véritable front pionnier. Dans l’ensemble, les llanos colombiens restent très peu mis en valeur.