Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Coléoptères (suite)

Locomotion


Généralités

Les pattes interviennent toujours dans le déplacement, même chez les espèces douées d’un vol puissant. Il existe des pattes de type marcheur, longues et robustes, et de nombreuses pattes de type fouisseur, caractérisées chacune par une évolution plus ou moins marquée du type initial. Les larves mêmes, bien que de nature assez sédentaire, sont souvent conduites à des migrations importantes. En fait, la corrélation entre la forme des pattes et le milieu où vit l’Insecte est remarquablement constante. Ainsi, les Pimelia (Ténébrionidés), qui vivent dans les sables des régions désertiques et dans les dunes du littoral, présentent une ciliation tarsale symétrique des pattes intermédiaires et postérieures. Il est peu probable que cette ciliation facilite des déplacements à la surface de la dune, d’autant plus qu’elle se présente tout autrement sur les tarses antérieurs. Par contre, son rôle paraît évident au cours du fouissage, lorsque l’Insecte est conduit à s’enterrer pour échapper aux températures élevées de la surface de la dune. Il existe de nombreux types de pattes fouisseuses. Chez les espèces aquatiques, on remarque également des pattes nageuses très spécialisées (Gyrinidés). Néanmoins, à côté de ces formes remarquablement adaptées à la vie aquatique, il est des Coléoptères, tels que les Hydrophilidés, possédant des pattes à peine modifiées et qui, pourtant, sont d’excellents nageurs.


Le vol

Pratiquement, toutes les formes normalement ailées volent. Il va de soi que la puissance du vol est en rapport avec la musculature. D’ailleurs, l’envol n’est possible que dans certaines conditions de température susceptibles d’en déclencher le fonctionnement. Malgré cela, au moment de l’envol, les muscles doivent être échauffés par un « point fixe ». De plus, l’envol n’est possible que dans des conditions de lumière convenant à l’activité de l’espèce. Des Coléoptères (Buprestes) volent aux heures chaudes, lorsque les conditions de température et de lumière sont maximales, alors que d’autres, inversement, volent au crépuscule (Lampyridés, Bostrychidés, etc.). Le centre de gravité du corps se situe presque toujours au niveau du point d’articulation des ailes. Nous savons également que les battements d’ailes s’effectuent suivant une fréquence propre à chaque groupe et que les Coléoptères sont capables de déplacer des objets d’un poids assez lourd pour leur taille. Cette force musculaire se retrouve dans le vol, mais, là, elle s’épuise cependant assez vite. C’est ainsi qu’une Cétoine développe une puissance capable de 4,1 kg/m2 et sa vitesse de vol peut atteindre 3 m/s.


Saut et fouissage

De nombreux Coléoptères munis de pattes à tibias postérieurs dilatés, où se loge une musculature puissante, effectuent des sauts importants lorsqu’ils sont inquiétés. Un groupe entier des Chrysomélidés, celui des Altises, a cette possibilité. Des Curculionidés du genre Orchestes peuvent également progresser par bonds. Les Sagras, dans les Chrysomélidés, malgré des fémurs postérieurs très hypertrophiés, sont absolument incapables du moindre saut. Mais, inversement, des formes à pattes apparemment normales sautent aussi bien, sinon mieux que les sauteurs à tibias dilatés.

Presque tous les Coléoptères sont fouisseurs au moins dans les premiers stades. Il semble que le facteur déterminant du fouissage réside dans le contact de certaines régions sensorielles du tégument avec un substrat de consistance particulière. Le réflexe ainsi déclenché se poursuit jusqu’à l’intervention d’un nouveau facteur du milieu, l’humidité ou la température en général.

On distingue : 1o des fouisseurs vrais, dont la progression s’effectue dans un milieu meuble par une série de mouvements continus et synchrones des pattes et du corps ; 2o des mineurs, qui creusent dans un milieu d’une certaine cohésion, par des mouvements discontinus et asynchrones, des galeries ou des chambres d’une architecture stable pouvant atteindre une certaine complexité, avec rejet des déblais vers l’extérieur ; 3o des excavateurs, qui creusent suivant des techniques plus ou moins complexes une cavité en forme d’entonnoir, cavité qui est à la fois un piège utilisé pour la capture des proies et un abri. Ajoutons qu’il existe dans quelques groupes, chez les Carabiques notamment, des terriers-pièges à architecture parfois très spéciale, où l’Insecte, larve ou adulte, se dissimule pour capturer ses proies.


Groupements et associations

Les groupements et les associations sont rares chez les Coléoptères. On observe cependant parfois des agrégats sans doute fortuits d’individus de la même espèce conduits à se rassembler en un endroit déterminé sous l’effet de facteurs externes généralement d’ordre climatique : on rencontre en grand nombre, chez les Ténébrionidés, des Blaps réfugiés sous une pierre ; les Coccinelles se rassemblent à l’aisselle d’une plante, dans les fentes d’un vieux tronc d’arbre ou sous une pierre en haut d’une colline à l’approche de l’hiver, pour se dissocier et reprendre une existence indépendante au printemps. Un Cucujidé, Coccidotrophus socialis, de la Guyane, vit en groupes, à l’origine familiaux, mais qui deviennent ensuite des groupements subsociaux. Des Coccidés se mêlent souvent à ces groupements au point d’être sollicités pour leurs sécrétions par les larves et les adultes de Coccidotrophus. Ces Insectes possèdent d’ailleurs des pièces buccales comparables à celles de leurs symphiles.


Les rapports avec le milieu


Le milieu forestier

Si certaines espèces semblent indifférentes, dans une certaine mesure, aux conditions de milieu et s’installent aussi bien en plaine qu’en montagne, il en est d’autres qui sont strictement inféodées à un milieu déterminé. Ainsi, certains Coléoptères, tels que les muscicoles, sont surtout attirés par des conditions écoclimatiques favorables (humidité, température, nature du sol), alors que d’autres, les mycétophiles par exemple, le sont davantage par des ressources alimentaires. Mais, le plus souvent, ce sont à la fois les conditions physiques du milieu et la présence de ces ressources qui sont à l’origine d’un peuplement. On distingue ainsi parmi les espèces forestières des frondicoles, des lignicoles, des muscicoles, des mycétophiles.