Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cœur (suite)

Les cœurs accessoires ampullaires

En plus du cœur proprement dit se différencient chez de nombreux Invertébrés, aux dépens de vaisseaux périphériques, des ampoules contractiles souvent appelées cœurs accessoires.

Ces cœurs accessoires sont fréquents chez les Oligochètes, au niveau de certaines anses vasculaires segmentaires (Ver de terre), et chez les Insectes, particulièrement à la base des pattes (Punaises), des antennes (Blattes) et des ailes (Insectes bons voiliers).

Sous le nom de cœurs branchiaux, on désigne des dilatations contractiles des vaisseaux branchiaux afférents des Céphalopodes et de l’Amphioxus.

Les Vertébrés inférieurs (Poissons, Amphibiens, Reptiles) ont des cœurs lymphatiques, situés aux points où les vaisseaux lymphatiques débouchent dans les veines. Ces cœurs pompent activement la lymphe et la déversent dans la circulation générale.


Structure du cœur

Le cœur des Vertébrés est un puissant muscle creux, dont la plus grande partie de la paroi est constituée par le myocarde, particulièrement épais au niveau des ventricules, recouvert du côté interne par l’endocarde et du côté externe par le péricarde.

L’endocarde continue la tunique interne des vaisseaux et tapisse les cavités cardiaques. C’est un endothélium doublé d’une couche conjonctive mince.

Le péricarde est fait de deux feuillets superposés séparés par une cavité très réduite, la cavité péricardique, qui contient un liquide (50 cm3 chez l’Homme) facilitant le glissement des deux feuillets l’un sur l’autre.

Le myocarde est une variété de tissu musculaire strié, qui diffère de celui qui constitue les muscles squelettiques :
— les fibres cardiaques ne sont pas des cylindres ou des fuseaux allongés, mais des cellules beaucoup plus courtes, bifurquées à leurs extrémités et connectées aux cellules adjacentes de façon à former un immense réseau tridimensionnel ;
— les surfaces de contact entre les extrémités des cellules adjacentes sont constituées par un ensemble de crêtes et de papilles engrenées, formant une jonction complexe et très spécialisée, le disque intercalaire ;
— le ou les noyaux de chaque fibre sont situés en profondeur, au sein des myofibrilles.

Les fibres myocardiques et les valvules cardiaques s’insèrent sur un dispositif conjonctif complexe, formant en quelque sorte le squelette du cœur. Ce squelette conjonctif peut éventuellement se chondrifier (cartilages du cœur de Cheval, de Porc, de Chien) et même s’ossifier (os du cœur de Bœuf). Le myocarde n’est irrigué que chez les Vertébrés supérieurs (Reptiles, Oiseaux, Mammifères). Les ramifications des artères coronaires (issues de l’aorte) forment un réseau très dense entre les fibres musculaires.

Le myocarde des Invertébrés est fait de fibres musculaires striées (Arthropodes, Mollusques) ou lisses (Annélides). L’endocarde est généralement absent. Un péricarde d’origine cœlomique n’existe que chez les Mollusques.


Le cœur et la circulation cardiaque

Le cœur assure par ses contractions rythmiques la circulation du sang à travers les vaisseaux et les lacunes de l’organisme.


L’automatisme cardiaque

Le rythme cardiaque, à la différence du rythme respiratoire, est automatique, c’est-à-dire qu’il trouve son origine dans le cœur lui-même, et non dans un centre nerveux extrinsèque. Un cœur isolé de l’organisme, surtout s’il est de petite taille, continue à battre pendant plusieurs dizaines de minutes dans un liquide physiologique approprié. Le centre de l’automatisme cardiaque peut être situé dans le muscle cardiaque lui-même (automatisme myogène) ou dans les ganglions nerveux voisins (automatisme neurogène).

• Automatisme myogène (Vertébrés et Mollusques). La contraction cardiaque est déclenchée par une onde d’activation qui prend spontanément naissance, à intervalles réguliers, au niveau de la membrane cytoplasmique d’éléments cellulaires particuliers constituant des centres d’automatisme (ou « pace-maker »). Cette onde d’activation consiste en une dépolarisation membranaire locale et régulière, qui déclenche aussitôt après son apparition la contraction du système myofibrillaire des cellules musculaires cardiaques. Chez les embryons de Vertébrés, les ondes de contraction naissent au niveau du sinus veineux, d’où elles diffusent régulièrement vers l’extrémité antérieure du cœur. Cette disposition subsiste chez les Poissons et les Amphibiens adultes.

Chez les Oiseaux et les Mammifères adultes, le centre de l’automatisme cardiaque est partagé entre deux îlots situés dans l’oreillette droite : l’un dans la partie supérieure, le nœud sino-atrial de Keith et Flack ; l’autre dans la partie inférieure, le nœud atrio-ventriculaire d’Aschoff-Tawara. De ces centres moteurs, d’où naît l’onde d’activation, partent, au moins chez les Mammifères, des fibres conductrices qui propagent l’onde d’activation à l’ensemble du muscle cardiaque. L’ensemble de ces nœuds moteurs et des fibres conductrices spécialisées constitue un tissu musculaire particulier, le tissu nodal, dont les fibres musculaires, pauvres en myofibrilles (localisées à la périphérie du cytoplasme), ont conservé une structure embryonnaire.

• Automatisme neurogène (Arthropodes). Contrairement au cœur des Mollusques, qui se rapproche par bien des caractères du cœur des Vertébrés, le cœur des Arthropodes en diffère fondamentalement par son automatisme neurogène. Le cœur de la plupart des Crustacés possède sur sa face dorsale des cellules nerveuses ganglionnaires (de 6 à 15 neurones selon les espèces) qui déclenchent l’onde de contraction cardiaque. Le cœur de quelques Insectes adultes (Abeille, Blatte, Criquet) et de nombreuses Annélides contient également des cellules nerveuses qui sont probablement des centres d’automatisme cardiaque.


La conduction de l’onde de contraction du centre de l’automatisme cardiaque au muscle cardiaque

Elle se manifeste par une activité électrique qu’on peut enregistrer sous forme d’électrocardiogramme. L’électrocardiogramme (E. C. G.) est différent dans les cœurs à automatisme myogène (à conduction musculaire) et dans les cœurs à automatisme neurogène (à conduction nerveuse).