Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Ajaccio (suite)

Mais l’influence d’Ajaccio était alors réduite par la position marginale de la ville, qui était orientée vers la partie inactive de la Méditerranée occidentale, alors que Bastia, proche de Gênes et de Livourne, bénéficiait de l’activité intense de la mer Tyrrhénienne. Néanmoins, au xviiie s., Ajaccio accroît son rôle dans le sud de l’île : la ville est désignée comme siège du gouvernement de l’Au-delà des monts en 1723, puis comme chef-lieu du département du Liamone en 1793. La réunion de la Corse à la France favorise Ajaccio : le port est bien orienté vers Marseille, et la ville ne perd rien à la rupture des liens avec la péninsule italienne. Les relations avec la France sont encore resserrées par le destin de Napoléon Bonaparte, qui était né à Ajaccio le 15 août 1769.

G. G.

➙ Corse.

Ajaṇṭā

Site de l’Inde, à une centaine de kilomètres au nord d’Aurangābād (Mahārāshtra), dans les monts du même nom (ou Indhyādri).


Il comprend trente sanctuaires rupestres qui en font, dans le domaine artistique, l’un des lieux les plus justement célèbres de l’Inde. Creusé au flanc d’une falaise abrupte qui cerne l’un des méandres de la Waghora, bénéficiant du voisinage sacré de la chute Saptakunda (les « Sept Cascades »), l’ensemble est, tout entier, l’œuvre de religieux bouddhistes qui y trouvèrent, dès le iie s. av. J.-C., un lieu de retraite idéal.

Xuan Zang (Hiuan Tsang), le plus célèbre des pèlerins bouddhistes chinois, qui aurait visité Ajaṇṭā entre 629 et 645, y fait une brève allusion au livre XI de son Mémoire sur les contrées occidentales. Mais l’étude du site n’a débuté qu’au xixe s., après sa « redécouverte » fortuite en 1819 et la création, en 1844, d’un Conseil chargé de la conservation des sanctuaires et de la copie des fresques, ensemble unique qui a fait la renommée d’Ajaṇṭā. Sans tenir compte de la chronologie, qui n’a été que peu à peu précisée, les fondations ont été désignées par numérotage, de 1 à 29, en allant d’ouest en est (par exception, une petite cave, découverte en 1956 à côté de la cave 16, a reçu le no 30). L’ensemble, où des éboulements rendent quelques caves inaccessibles et où de rares fondations sont demeurées inachevées, réunit les deux établissements types du bouddhisme : un petit nombre de caitya, sanctuaires abritant un reliquaire en forme de stūpa, et, surtout, des vihāra avec cellules pour les moines. Au témoignage de l’épigraphie, de l’art et de l’iconographie, Ajaṇṭā aurait connu deux périodes d’activité : du iie s. av. J.-C. à la fin du iie s. apr. J.-C., puis du ve s. au début du viie, avec, peut-être, une occupation restreinte maintenue jusqu’au viiie s. Les fondations de la première période, qui relèvent du bouddhisme ancien, sont souvent dites « hīnayānistes », par opposition à celles de la seconde, les plus nombreuses, d’inspiration mahāyāniste. D’une manière générale, les établissements semblent avoir été implantés progressivement de part et d’autre du caitya 10, le plus ancien, que l’épigraphie invite à dater du iie s. av. J.-C.


L’art d’Ajaṇṭā

L’ensemble fournit tout à la fois un abrégé de l’art bouddhique (jusqu’au viiie s. env.) et l’une de ses plus brillantes illustrations. L’architecture montre, avec une évolution des plans, une union de plus en plus étroite des structures et du décor. Le vihāra, simple salle creusée de cellules sur trois côtés aux ier et iie s. (vihāra 12 et 13), devient aux vie et viie s. un ensemble complexe où cellules et sanctuaires s’ouvrent sur une salle hypostyle précédée d’une véranda avec chapelles (vihāra 1, 2, 4, 16, 17, etc.). le vihāra 6 (ve s.) étant la seule composition à deux étapes du site. Le caitya conservera toujours le plan absidal primitif (caitya 9 et 10), mais son élévation fera l’objet de recherches constantes, tant dans l’ordonnance intérieure, où l’évolution du stūpa-reliquaire est caractéristique, qu’à l’extérieur, où la façade, richement composée, s’accompagnera d’un porche sur piliers (caitya 19, 26 : porche ruiné).

L’importance de la sculpture croît avec les progrès de l’architecture. Décor et figures tendent à envahir les surfaces, mais réalisent un équilibre exceptionnel. Si les premières caves se signalent par leur dépouillement (caitya 10), les plus récentes se surchargent de sculptures d’une grande beauté (vihāra 1, 2, etc. ; caitya 19 et 26). L’enrichissement et la diversité des colonnes, remarquables, pourraient témoigner dune évolution stylistique (Ph. Stern). Les figures empruntées au panthéon mahāyānique, les images du Bouddha et des Bodhisattva, présentent toute la grâce et la distinction de l’art Gupta (caitya 19) ; au viie s., elles feront place à des figures plus lourdes, moins souples (caitya 26), souvent rajoutées dans des fondations antérieures (caitya 9).

Les qualités et l’intérêt des fresques d’Ajaṇṭā conduisent à leur faire une très large part dans l’étude de la peinture de l’Inde*. Avec un graphisme très pur, une palette exceptionnellement riche, les murs sont ornés de scènes édifiantes, empruntées surtout aux Jātaka, récits des vies antérieures du Bouddha (vihāra 1, 2, 16, 17, etc.), et les plafonds de panneaux décoratifs d’une surprenante variété (vihāra 1, 2, etc.). Les caitya 10 et 9 conservent les restes, uniques, de peintures de la période ancienne, où se manifestent déjà les qualités portées aux vie et viie s. à leur apogée.

J. B.

➙ Bouddhisme / Inde.

 J. Fergusson et J. Burgess, The Cave Temples of India (Londres, 1880). / J. Griffiths, The Paintings in the Buddhist Cave Temple of Ajanta (Londres, 1896-1897). / G. Yazdānī, Ajanta (Londres, 1930-1955 ; 4 vol.). / R. S. Gupte et B. D. Mahajan, Ajanta, Ellora and Aurangabad Caves (Bombay, 1962). / B. Rowland, Peintures des grottes d’Ajanta (Flammarion, 1963).

ajustement statistique

Opération ayant pour but de déduire d’une série de couples d’observations associées (x, y) une présentation graphique ou une formulation caractérisant l’aspect fondamental de la liaison entre les deux variables, en éliminant les variations aléatoires, accidentelles ou dues à une cause extérieure au phénomène que l’on étudie.