Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cobra

Serpent venimeux très répandu en Inde et connu pour la façon dont il peut dilater son cou en capuchon.


Les Cobras et espèces voisines (famille des Elapidés) sont caractérisés par un corps assez grêle, la position antérieure des crochets venimeux (protéroglyphes), qui sont pourvus d’un sillon ou d’un canal pour l’injection du venin, et le haut degré de toxicité de ce dernier. Les Cobras font chaque année environ 10 000 victimes en Inde.


Principales espèces

Il existe environ 180 espèces d’Elapidés, qui sont des serpents terrestres, parfois arboricoles ou semi-aquatiques, vivant dans les régions intertropicales. Le plus grand et le plus connu pour sa toxicité est le Cobra royal (Ophiophagus hannah), serpent nocturne et arboricole, qui peut atteindre 6 m. Il vit en Asie du Sud-Est et en Indo-Malaisie. Les Najas (genres Naja, Hemachatus) sont souvent capables de projeter leur venin jusqu’à 2 m de distance, rendant leurs victimes temporairement ou définitivement aveugles. Ils vivent en Asie et en Afrique tropicale. Najas et Cobras ont la possibilité d’aplatir leur cou, en relevant les côtes antérieures ; cette « coiffe » élargie portant des ocelles, et que l’animal expose après s’être dressé sur sa queue, a souvent pour effet d’intimider l’adversaire.

Les Elapidés comprennent également des Mambas, comme le Serpent vert des bananiers (Dendroaspis viridis) d’Afrique tropicale, un des serpents les plus venimeux, les Serpents corail (genres Elaps et Micrurus), qui vivent en Amérique du Sud et au Mexique, et des espèces australiennes comme le Taïpan (Oxyuranus scutellatus), long de 3 m, ou la « Vipère de la mort » (Acanthophis antarcticus), qui est très dangereuse.


L’appareil venimeux

Les Serpents venimeux utilisent les effets de leur venin pour maîtriser les proies dont ils se nourrissent. À l’inverse des Vipéridés solénoglyphes, dont les crochets se redressent et qui peuvent frapper leurs victimes à distance, les Elapidés (et les formes marines voisines formant la famille des Hydrophiidés) ont des crochets antérieurs, mais fixes, et ils doivent mordre pour injecter leur venin. Il existe souvent deux crochets venimeux par demi-mâchoire. Chacun est creusé d’un sillon antérieur, qu’une suture ferme incomplètement. La glande venimeuse est une glande salivaire parotide modifiée. Elle est située au-dessous et en arrière de l’œil, mais, chez quelques espèces comme les Serpents corail Maticora, elle s’étend dans le tronc sur environ le quart de la longueur de l’animal. Le muscle temporal recouvre en partie la glande, et sa contraction lors de la morsure comprime la glande et expulse le venin par un canal qui débouche dans une gaine gingivale entourant les crochets.

Tous les Serpents sont vraisemblablement venimeux, mais ils ne sont dangereux que lorsqu’ils peuvent injecter leur venin. C’est le cas dans quatre familles : Elapidés, Hydrophiidés ou Serpents marins, Vipéridés et Crotalidés ; ils représentent au total environ 260 espèces, soit 10 p. 100 des espèces d’Ophidiens connus.


Le venin

Le venin est généralement un liquide, limpide comme l’eau, qui conserve ses propriétés toxiques après dessiccation mais s’altère par la chaleur ou le contact de l’eau. Il est inefficace par voie buccale. Il agit par des protéines solubles, généralement des polypeptides ou des enzymes. Chaque venin comporte un mélange de substances qui varie non seulement d’un genre ou d’une espèce à l’autre, mais entre individus de la même espèce, ou chez le même individu en fonction du temps. Les actions des substances toxiques sur les tissus de la victime se font sentir soit au niveau du système nerveux et des automatismes cardiaque et pulmonaire (neurotoxines), soit sur les parois des capillaires sanguins (hémorragines), les globules rouges (hémolysines), les plaquettes sanguines (coagulines ou anticoagulines), ou enfin sur les tissus en général et notamment sur le tissu conjonctif (cytotoxines). Le venin de Cobra est surtout riche en neurotoxines et agit par paralysie, alors que celui des Vipères agit davantage par ses effets hémorragiques. En outre, l’injection du venin provoque chez la victime un stress avec libération de substances histaminiques, qui ajoutent leurs effets à ceux du venin.

On lutte contre les morsures ou piqûres de serpents grâce à des sérums de cheval enrichis en anticorps. Le venin de Cobra a été le second, après celui de Vipère, à avoir son antisérum, mis au point par Albert Calmette en 1896. Les deux centres les plus importants de fabrication d’antisérums sont ceux de l’Institut Butantan à São Paulo (Brésil) et de l’Institut Haffkine en Inde. L’Institut Pasteur de Paris fabrique également des sérums antivenimeux.

R. B.

➙ Venin.

 A. A. Bellairs, The Life of Reptiles (Londres, 1970 ; 2 vol.). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de Zoologie, t. XIV, fasc. II : Reptiles, caractères généraux et anatomie (Masson, 1970).

Cobra

Mouvement artistique européen du milieu du xxe s.


Cette appellation (de COpenhague, BRuxelles, Amsterdam), due à Christian Dotremont, désigne un mouvement éphémère qui n’en joua pas moins un rôle important et original dans l’Europe du Nord-Ouest, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Son acte de naissance est daté du 8 novembre 1948, à Paris, « dans l’arrière-café du Notre-Dame Hôtel », et contresigné par les peintres Jorn (danois), Appel, Constant et Corneille (hollandais), les poètes belges Dotremont et Joseph Noiret. Après une intense activité marquée par la publication des 8 numéros de la revue Cobra, des 15 monographies de la bibliothèque Cobra et par deux expositions internationales d’art expérimental Cobra (Stedelijk Muséum, Amsterdam, 1949 ; palais des Beaux-Arts, Liège, 1951), le mouvement se dissout en 1951 sans cesser pour autant d’exercer une influence perceptible aujourd’hui encore sur de nombreux artistes.