Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climatologie

Science des climats.



La climatologie fondamentale

Ses caractères sont dictés par la nature de son objet : le climat. Celui-ci a été défini d’abord comme un ensemble de phénomènes météorologiques moyens, puis comme une série d’états de l’atmosphère dans leur succession habituelle. Il en est résulté deux méthodes d’analyse climatique. Toutes deux, malgré certains rapprochements, subsistent aujourd’hui côte à côte.


La climatologie analytique

La notion d’état moyen de l’atmosphère a inspiré et inspire encore de nombreux chercheurs. Elle aboutit à dégager la valeur moyenne des températures, des pluies, de l’humidité, des vents, de l’insolation, etc. L’appréciation séparée (ce qui fait parler encore de climatologie séparative pour désigner cette méthode) de ces divers éléments puis leur confrontation permettent de formuler les caractères du climat considéré. Ainsi on parlera de climat chaud, sec, ensoleillé, peu venteux, ou encore de climat froid, humide, peu ensoleillé, affecté d’une forte turbulence...

Une telle attitude, qui s’appuie sur les cartes d’isothermes, d’isohyètes, etc., et sur divers diagrammes et graphiques, ne permet cependant pas de dégager les explications. Celles-ci ne sont discernables, en effet, que si l’on envisage les mécanismes, et la climatologie séparative n’étudie pas ces mécanismes.

D’autre part, la climatologie analytique isole les uns des autres des éléments que la nature maintient en fait indissolublement liés. C’est ainsi que l’humidité ne peut être dissociée de la température, puisque cette dernière participe à son conditionnement. Certes, on a tenté de remédier à cet inconvénient par la mise sur pied des indices climatiques (v. aridité). Mais ceux-ci n’ont pas nécessairement une valeur générale ; leur empirisme les rend le plus souvent utiles pour une région précise (indice d’aridité de P. Birot pour le climat méditerranéen) ou en fonction d’un objectif particulier (indices de De Martonne et écoulements continentaux).

Certains considèrent aussi que la climatologie analytique donne une image trop rigide du climat. La méthode séparative fait en effet abstraction du déroulement des temps subis tour à tour. Or, la durée de ces temps, le rythme de leur succession, la place qu’ils occupent les uns par rapport aux autres sont autant de traits essentiels du climat d’un lieu.


La climatologie dynamique

Les temps (combinaison généralement éphémère — 1 à 2 jours par exemple — des pressions, des vents, de la température, de l’humidité, etc.) pris dans leur succession habituelle en vue de définir le climat d’un lieu, voilà qui débouche sur l’idée d’un film. On peut admettre alors que celui-ci offre des séquences où les types de temps se suivent, d’une année sur l’autre, de façon globalement immuable. La climatologie dynamique ainsi conçue étudie donc les climats par le biais de la définition, de la statistique et de la mise en place, les unes par rapport aux autres, de combinaisons des éléments reconnus dans le milieu atmosphérique. Au caractère nécessairement artificiel de l’éclatement du complexe postulé par la méthode analytique se substitue ici le maintien des situations vraies, avec prise en considération du mécanisme des types de temps, de leur importance numérique et de la place qu’ils occupent dans la succession des séquences. Comme chacun d’eux correspond à un état précis de la circulation atmosphérique sur une région donnée (et même sur une aire beaucoup plus considérable l’incluant), il est possible de saisir les mécanismes climatiques. Si la climatologie traditionnelle est essentiellement descriptive, la climatologie dynamique, tout en conservant cette qualité, a donc également celle d’être explicative. Sa valeur explicative s’étend d’ailleurs à toutes les situations intervenues au-dessus d’un lieu, même si celles-ci sont exceptionnelles et n’influent pas sur les conditions habituelles. Le caractère insolite que revêtent certains temps mérite de toute façon considération, ne serait-ce qu’à cause des désordres de toutes sortes qu’il peut imposer. Le climat de Paris se caractérise par la douceur des hivers, parce que les hivers tièdes y prédominent largement pendant une période de trente ans et plus. Le temps de mauvaise saison peut cependant être très froid sur la capitale pendant quelques journées d’un hiver particulièrement sévère. De même, le climat méditerranéen est remarquable par la chaleur et la sécheresse des étés (combinaison saisonnière dominante), mais il arrive que le temps de certains jours d’été (et quelquefois de tout un été) y soit frais et pluvieux (combinaison exceptionnelle). La climatologie dynamique apparaît donc comme une climatologie totale. Elle permet de décrire, de poser les problèmes et de les résoudre. Son pouvoir de pénétration dans l’intimité des mécanismes est cependant limité par les difficultés éprouvées encore actuellement pour la compréhension des événements météorologiques dans leurs ressorts initiaux, leur déroulement et les liens de cause à effet qu’ils impliquent (v. circulation atmosphérique).


Position de synthèse

La climatologie analytique et la climatologie dynamique ne s’excluent cependant pas l’une l’autre. La première a une valeur descriptive indiscutable, voire souveraine, qui permet de poser avec clarté les problèmes nécessitant explication. Cette valeur, en fournissant une bonne répartition géographique des éléments du climat (pluies, températures, pressions, vents, etc.), sera d’autant plus grande que la région considérée sera plus fortement dominée par un élément de différenciation tyrannique (pluies intertropicales par exemple). On peut aller plus loin et affirmer que la climatologie analytique, par un maniement habile des moyennes, permet d’engager l’explication.

La confrontation des 12 cartes mensuelles de pluviosité d’une région dont on possède par ailleurs le schéma annuel suggère souvent, par l’évolution des zones de pluviosité, le sens global des perturbations intervenues saison après saison. Il est bien évident, cependant, que, par l’usage des cartes synoptiques, des radiosondages, des néphanalyses des systèmes nuageux captés par les satellites artificiels (v. météorologie), la climatologie dynamique demeure le moyen majeur de l’explication. Finalement, beaucoup plus que comme deux méthodes spécifiques, la climatologie analytique et la climatologie dynamique doivent pouvoir être considérées comme les deux volets d’un même diptyque.