Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climat (suite)

Les ordres de climats


La zonalité

Les facteurs cosmiques s’expriment par la radiation solaire et ses vicissitudes saisonnières ; les facteurs planétaires, par l’intervention du mouvement de la Terre sur elle-même, son allure sphérique et la présence de l’atmosphère. Il est difficile de dissocier les uns des autres. Aussi analyserons-nous leurs effets conjoints.

• La zonalité thermique. Elle s’impose par la présence de l’atmosphère. Celle-ci agit par son épaisseur et son degré de transparence. En règle générale, les rayons atteignant les pôles sont rasants. Ils ont dû effectuer un trajet beaucoup plus long au sein de l’enveloppe gazeuse que ceux qui arrivent aux latitudes tropicales ou équatoriales. On conçoit alors le déficit radiatif des pôles à l’égard des régions plus proches de l’équateur. En outre, plus l’angle fait par le rayon incident avec l’horizontale au point d’impact est faible, plus grande est la réflexion, donc plus grandes sont les pertes pour le sol. De surcroît, à intensité égale, un rayon oblique se disperse sur terre beaucoup plus qu’un rayon vertical. De ces deux points de vue encore, les régions polaires sont handicapées par rapport aux régions inter- ou subtropicales. Cette situation est aggravée par la présence des glaces et des neiges aux pôles. Le fort pouvoir de réflexion propre de la neige (fort albédo) renforce la tendance des hautes latitudes à ne pas profiter pleinement des calories mises à leur disposition. Tous ces effets concourent à imposer le froid polaire et la chaleur intertropicale. Les régions intermédiaires, dites « tempérées », connaissent une situation moyenne. À tout cela, il convient d’apporter un correctif (qui ne modifie d’ailleurs pas le canevas fondamental) découlant des évolutions cycliques. On connaît, aux hautes latitudes, les longues phases d’illumination en été et leur disparition en hiver, ce qui contraste avec une certaine stabilité des temps d’éclairement entre les tropiques. En saison chaude, on pourrait s’attendre à un apport thermique majeur aux pôles. Il n’en est rien cependant, car l’enveloppe gazeuse est là pour empêcher l’arrivée massive de calories. La combinaison des facteurs cosmiques et planétaires aboutit donc bien à la zonation thermique que nous avons exprimée ci-dessus.

• La zonalité dynamique. On entend ici le jeu des vents et des pressions exprimé par un schéma zonal planétaire (v. anticyclone, atmosphère, circulation atmosphérique).

• La zonalité pluviométrique. Les pressions et les vents imposent une répartition zonale de l’ascendance, de la subsidence et des advections (fig. 11 de l’art. circulation atmosphérique). Cela aboutit dans chaque hémisphère — et des hautes vers les basses latitudes — à la sécheresse polaire (stabilité due aux anticyclones pelliculaires), aux précipitations subpolaires et tempérées (dépressions subpolaires et flux d’ouest), à la sécheresse subtropicale (du fait des hautes pressions dynamiques) et enfin aux abats intertropicaux (à cause de la zone intertropicale de convergence et des alizés perturbés).

La combinaison de la zonalité thermique, dynamique et pluviométrique aboutit à la mise en place des climats zonaux.


Les climats zonaux

On peut distinguer en ce sens climats polaires (froids et secs) et climats tempérés (beaucoup plus composites), qui ont cependant en commun d’avoir un été et un hiver, thermiquement parlant. Les climats subtropicaux viennent ensuite. Ils sont chauds. Les uns (méditerranéens) sont saisonnièrement arrosés, les autres (subtropicaux désertiques) sont arides. Toutefois, aux latitudes méditerranéennes, l’abondance pluviométrique s’étale sur l’année à l’est des continents. Les climats tropicaux, climats chauds, ont des pluies d’été. La sécheresse, ou du moins une certaine récession pluviométrique, se situe en hiver. La situation est à l’inverse de celle qu’on rencontre en climat méditerranéen. Quant aux climats équatoriaux, ils sont en permanence chauds et humides.

Cette énumération permet de distinguer des zones climatiques fondamentales. Là, les facteurs cosmiques et planétaires imposent une certaine permanence dans la physionomie des éléments du climat. Le froid et la sécheresse sont constants aux pôles (Antarctide en particulier), l’aridité et la chaleur au cœur du Sahara. Certaines parties de l’Amazonie et du Zaïre, les îles malaises équatoriales demeurent humides et chaudes toute l’année. Entre ces latitudes, la zonalité est en quelque sorte secondaire. Les climats tempérés, subtropicaux (méditerranéens) et tropicaux sont à saisons bien tranchées. Or, leur jeu alterné peut être conçu comme relevant des influences successivement triomphantes des zones climatiques fondamentales voisines. Ainsi, les climats à zonalité fondamentale enregistrent l’action permanente de certains facteurs cosmiques et planétaires, tandis que les autres subissent plus nettement les conséquences du glissement des effets cosmiques et planétaires le long des méridiens, en fonction des saisons.


L’azonalité

Les altérations climatiques azonales résultent des facteurs géographiques (océans, continents, reliefs).

• Les océans. Ils interviennent par leur masse, leur inertie thermique et leurs courants. Ils constituent une réserve de vapeur d’eau en toutes saisons, de chaleur en hiver, de fraîcheur en été (en particulier aux latitudes tempérées). Mais l’action océanique n’est pas simple puisque l’océan peut être un facteur de réchauffement, de refroidissement, d’abondance pluviométrique ou de sécheresse. À cela s’ajoute, il est vrai, une intervention thermique régulatrice à valeur générale.

Le réchauffement. Aux latitudes tempérées, les régions soumises en hiver aux influences océaniques d’ouest ont une douceur que ne connaissent pas les autres. En janvier, Valentia (Irlande) enregistre 7,2 °C ; Londres, 3,9 °C ; Berlin, 1,1 °C ; Varsovie, – 3,9 °C. Mais le cas le plus spectaculaire résulte, aux latitudes subpolaires, de la dérive nord-atlantique. Celle-ci longe les côtes de Norvège, où ses eaux chaudes imposent en saison froide la mer libre jusqu’au-delà du cercle polaire. L’isotherme 0 °C y dépasse également le cercle polaire.