Cirripèdes (suite)
Cirripèdes fixés
Sur les rochers battus par la mer abondent les Balanes (Balanus balanoides, Chthamalus stellatus), qui recouvrent presque totalement le support de leurs petits cônes cratériformes (un centimètre de haut). Le corps est enfermé dans une muraille formée de six plaques calcaires soudées ; à marée basse, quatre petites plaques ferment l’orifice sommital. Les Balanes se fixent parfois sur les coques des bateaux, ralentissant leur progression. Deux formes voisines vivent fixées sur la carapace des Tortues marines (Chelonobia) ou sur la peau des Baleines (Coronula).
L’Anatife (Lepas anatifera) est fixé aux épaves par un pédoncule dérivant de la tête ; le reste du corps se trouve dans une sorte de carapace de cinq plaques calcaires insérées dans le manteau ; les cirres émergent par la fente ventrale, et leurs mouvements renouvellent l’eau et amènent les particules planctoniques alimentaires. Les Anatifes sont hermaphrodites, mais effectuent une fécondation croisée ; les œufs fécondés sont retenus sous la carapace jusqu’à l’éclosion.
Sur les rochers découvrant à marée basse, on trouve Pollicipes, aux nombreuses plaques calcaires ; c’est le « pouce-pied », au pédoncule comestible. Scalpellum, en forme de scalpel, vit en profondeur ; dans la cavité des individus hermaphrodites, on peut rencontrer des mâles nains, parasites. Alepas parasitica vit aux dépens des Méduses.
Cirripèdes parasites
Ils appartiennent en majorité à l’ordre des Rhizocéphales (plus de deux cents espèces) ; le type en est la Sacculine (Sacculina carcini), parasite du Crabe Carcinides moenas. La Sacculine adulte apparaît comme un sac informe fixé à l’abdomen de l’hôte ; elle se prolonge dans le corps du Crabe par des tubes ramifiés qui s’insinuent entre les organes, jusqu’à l’extrémité des pattes ; dépourvu d’appareil digestif et d’appareil circulatoire, le parasite se nourrit par cet ensemble de rhizoïdes ; le sac externe contient les glandes génitales et une cavité où se développent les œufs. Dans la mer, le nauplius donne un cypris, qui doit trouver l’hôte convenable ; la larve se fixe par une antennule à la base d’un poil du jeune Crabe, perd sa carapace bivalve, son thorax et son abdomen ; il apparaît une sorte de dard par lequel les cellules issues de la tête de la larve (appelée alors kentrogone) traversent la cuticule du Crabe ; elles migrent dans la cavité générale, gagnent l’intestin et prolifèrent en prolongements ramifiés ; environ deux ans plus tard, le sac externe se forme et des gonades deviennent fonctionnelles. Sous l’influence du parasite, les glandes génitales du Crabe restent atrophiées (castration parasitaire) et, s’il s’agit d’un mâle, l’abdomen prend la morphologie de celui d’une femelle. Chez Peltogaster, parasite des Pagures, il se forme plusieurs sacs externes.
Les autres ordres de Cirripèdes réunissent une soixantaine d’espèces. Chez les Acrothoraciques, Alcippe vit dans l’épaisseur de la coquille de Gastropodes, les sexes sont séparés et les mâles, minuscules, sont fixés sur les femelles. Chez les Ascothoraciques, l’abdomen est souvent segmenté, comme chez les Crustacés typiques ; Laura gerardiœ vit dans les tissus du coralliaire Gerardia.
M. D.