Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cirque (suite)

Mais, avant que les cirques n’accueillent aussi régulièrement que maintenant les numéros de fauves, ceux-ci étaient surtout présentés dans les foires. Il y eut en France de très importantes ménageries foraines, et l’on cite encore celles des Pezon, Bidel, Pianet, Redenbach, Nouma Hawa ; plus près de nous, Laurent, Marck, Marcel et Martha la Corse, Amar, Bouglione, Spessardy, Jouviano, Giorgio et Marffa la Corse, Joan Vancrayenest, Rosar et le professeur Lambert assurèrent la pérennité de ces exhibitions, hélas difficilement viables dès que les cirques ambulants, nés précisément de quelques ménageries (Amar, Bouglione, Spessardy), mélangèrent les deux spectacles.

La présentation des fauves au cirque, en cage-arène, a eu l’avantage d’amplifier considérablement les numéros originaux. On vit ainsi W. Hagenbeck présenter 80 ours ensemble, Schneider réunir 70 lions, et l’on put applaudir des lions écuyers, des tigres funambules, des ours équilibristes et surtout d’étonnants tableaux où voisinent lions, tigres, ours, panthères, dogues sous l’appellation paix dans la jungle. Un grand nom de dompteur contemporain vient à l’esprit à l’évocation de ce numéro, celui d’Alfred Court, qui est non seulement un très fameux dresseur de fauves, mais aussi un remarquable « dresseur » de dompteurs : (notamment les frères Trubka, Gilbert Houcke). Parmi les plus grands dompteurs il faut citer : Amar, Bouglione, Spessardy, Togare, Damoo, Van Been, Dantès, Saulevitch, Holzmaïr, Tarass Boulba-Beautour, Filatov, Margarita Nazarova, Catherine Blanckart, Harry Belli, Gerd Simoneit, Dieter Farrel, Clyde Beatty, Jean Richard.


La pantomime

En plus des diverses disciplines qui les composent, les spectacles de cirque sont parfois complétés par des pantomimes. La pantomime de piste diffère de la vraie pantomime, c’est-à-dire de celle qui naquit en Grèce puis triompha chez les Romains et demeura illustrée à travers les siècles par les artistes-mimes.

Au début, la pantomime de piste fut souvent le développement d’un numéro ou l’astuce pour le représenter une seconde fois sous un prétexte un peu romanesque. Puis des auteurs se penchèrent sur les possibilités qu’offraient les bêtes et les gens du cirque pour animer quelque texte plus ou moins historique. L’évocation de l’épopée napoléonienne trouva là, par exemple, un magnifique moyen d’expression. Le Nouveau-Cirque de la rue Saint-Honoré à Paris ayant été doté d’une piste pouvant devenir nautique, des effets inédits, poétiques et surtout cocasses, telle la baignade forcée de tous les protagonistes, transformèrent la pantomime, qui semblait vouée à l’héroïsme, en une longue entrée comique.

Citons aussi les farces burlesques « Chesterfollies » montées par Gilles Margaritis, qui parut souvent en piste avec le numéro excentrique « les Chesterfield » avant de se consacrer au rayonnement du cirque sur les petits écrans de la télévision.

Un adroit mélange des genres orienta la pantomime vers la pièce d’aventures, notamment au cirque d’Hiver-Bouglione.

Grâce à des toiles caoutchoutées, plusieurs établissements dépourvus de piste mobile présentèrent des pantomimes nautiques.

La vraie pantomime de cirque demeure toutefois celle dont les chevaux sont les vedettes, ainsi que la présentent, en France, deux directeurs fidèles aux traditions, Sabine Rancy et Dany Renz.

Quelques grandes pantomimes restent dans les mémoires : « la Chasse à courre », qui fut longtemps le « cheval de bataille » de nombreux cirques, « l’Éléphant du roi de Siam » et « les Lions de Mysore », qui mettaient des animaux en vedette, puis, dans les hippodromes, « le Camp du Drap d’or », « Skoboleff », « Néron », « Pierrot soldat », « Foottit réserviste » ; plus près de nous, « le Cirque sous l’eau », « Rhum à Rome », « Blanche-Neige », « la Perle du Bengale », « Davy Crockett », « Ben-Hur vivant »...

Quelques termes du cirque

attractions sensationnelles, numéros des acrobates casse-cou, c’est-à-dire animant des loopings à vélo, en voiture, ou se muant en projectiles humains (hommes-obus).

auguste de soirée ou auguste de reprise, pitre intervenant entre les numéros.

avant-courrier, celui qui est chargé de préparer les escales du cirque : emplacement à réserver, affichage, nourriture pour les animaux, etc.

baguette, jonc souple par-dessus lequel sautent les écuyères (le saut de la baguette).

ballon, cerceau de papier que crève l’écuyère en sautant.

banquette, bordure de la piste.

banquiste, homme de cirque.

barrière, réunion des hommes de piste formant une vivante barrière à l’entrée des artistes (appelée aussi montoir) pour empêcher les chevaux de regagner les écuries avant la fin du numéro (ils servent aussi d’accessoiristes).

bascule, planche posée en équilibre sur un socle.

batoude, grande planche inclinée partant de la coulisse et servant de tremplin pour certains sauts.

batoude américaine, tremplin élastique utilisé par certains sauteurs.

bourrée, expression employée par les gens de cirque pour dire que l’établissement est complet : « On fait une bourrée, ce soir. » (On dit aussi « faire une pleine ».)

caoutchouc, contorsionniste (un homme, une femme caoutchouc).

caravane, actuellement, ce mot remplace les mots roulotte, chignole, maringotte, verdine, devenus démodés ou péjoratifs.

cascades, chutes voulues mêlées de culbutes.

casse-cou, acrobate animant une attraction sensationnelle.

chambrière, long fouet utilisé pour les évolutions des chevaux en liberté.

chapiteau, la bâche, la tente du cirque.

charivari, intrusion joyeuse et bruyante de plusieurs augustes de soirée.

chevaux en liberté, chevaux non montés évoluant en groupe.

chute mortelle, exercice constitué par un saut plongé en arrière du haut d’une échelle avant réception sur les mains.

cirque-construction, cirque démontable construit en bois pour un long séjour.

cirque stable, cirque fixe construit en pierre. On dit aussi « cirque en dur ».

clef de dressage, moyen pour obtenir l’exécution d’un exercice par un animal.

contrecarre, concurrence, pas toujours loyale.

course-hippodrome, piste encerclant les pistes classiques des chapiteaux à arènes multiples. C’est sur cette piste que sont présentés les défilés, parades, courses, etc.

débourrage, premier temps du dressage.

faire-valoir, celui qui présente et donne la réplique : le régisseur est le faire-valoir du spectacle et le clown est le faire-valoir de l’auguste.

flip-flap, culbute en arrière avec appui sur les mains et sur les pieds.

garçon de cage, employé affecté aux soins des fauves.

garçon d’écurie, employé affecté aux soins des chevaux.

gardine, nom d’origine allemande désignant le rideau qui sépare la salle des coulisses.

homme-grenouille, contorsionniste (ou caoutchouc) plus spécialement disloqué en avant.

homme-serpent, contorsionniste (ou caoutchouc) plus spécialement disloqué en arrière.

looping the loop, exercice des casse-cou à vélo ou en auto qui consiste à virer dans un cercle ou dans le vide.

mains-à-mains, exercice acrobatique au cours duquel les athlètes se portent l’un l’autre.

mécanique, appareil en forme de cercle fixé aux cintres et sur lequel sont accrochées une poulie et une longe. Cette dernière retient l’acrobate ou l’écuyer répétant un nouveau numéro.

montoir, lieu situé juste derrière la gardine, ou rideau de piste, généralement sous l’estrade de l’orchestre. C’est là que les artistes chauffent leurs muscles, prennent leur élan avant d’entrer en piste ou, ce qui justifie le terme, montent à cheval.

numéro, exercice et, par extension, ensemble des exercices composant une attraction.

palc (travailler en), travailler en plein air, sans chapiteau. On dit aussi « travailler en placarde ».

pantre, expression un peu péjorative par laquelle les gens du voyage désignent celui qui n’appartient pas à une famille du voyage.

parade, à l’extérieur du cirque, annonce de la représentation ; à l’intérieur, défilé de toute la troupe.

parapluie, ancien cirque de toile à mât unique central.

père d’élève, nom donné au professeur d’un jeune artiste.

piste, lieu où se déroule le spectacle de cirque. Syn. : arène, manège, ring.

requisit, nom d’origine allemande désignant en général les accessoires, mais plus spécialement les tabourets sur lesquels se tiennent les fauves dans la cage centrale.

sabot, très petite cage servant au transport des fauves entre leur cage dans la ménagerie et la cage montée en piste, lorsque l’on ne peut placer des couloirs.

salto mortale, terme italien devenu international et désignant le saut de la mort, ou saut périlleux à grande hauteur.

saut de carpe, bond que risque l’acrobate lorsque, allongé, il se relève d’une détente.

tapis (travail au), travail de tous les acrobates dont les exercices se font à terre, sans portique.

tchecos, monteurs du chapiteau. Avant la dernière guerre, ils étaient presque tous d’origine tchèque.

tente américaine, chapiteau de forme ovale.

tour de toile, cirque sans toit, sans chapiteau, à ciel ouvert. La piste et les gradins sont simplement entourés de toiles.

tour de ville, défilé-parade, cavalcade à travers les rues, avant la représentation.

trapèze Washington, trapèze d’équilibre dont la barre d’assise est creusée en son centre ou munie d’un petit appareil permettant les équilibres de tête.

trousse, culotte rembourrée portée par les acrobates, en particulier par les fildeféristes et les funambules.

tunnel, couloir grillagé emprunté par les fauves pour aller de leur voiture-cage à la cage centrale.

ville d’un jour (faire la), en parlant d’un cirque ambulant, donner chaque jour une représentation dans une ville différente.

ville morte, ville où s’installe un chapiteau en dehors des périodes de fêtes ou de foires.

voltige académique, saut de tous les artistes exécuté à l’aide de la batoude. Exercice de moins en moins pratiqué.

P. A.