Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cirque (suite)

Mais c’est le trapèze qui est le plus courant des agrès. Il y a deux sortes principales d’attractions au trapèze : celle qui s’exécute sur un seul trapèze, alors couramment appelé trapèze fixe bien qu’il se balance, et celle dont la réalisation demande plusieurs trapèzes lancés à la rencontre l’un de l’autre, qualifiée alors de travail aux trapèzes volants.

Le travail au trapèze fixe est le plus souvent l’apanage d’artistes féminines (Miss Fillis, Miss Mara, Andrée Jan, Maryse Begary). Certains hommes y brillent aussi : Gérard Soulès et, hier, l’inoubliable Barbette (ce dernier travesti en femme).

Une forme de trapèze fixe plus spécialement prisée par les artistes masculins est le trapèze Washington, agrès ainsi appelé en souvenir de l’artiste Keyes Washington (Kerwick, Gérard Edon, les deux Larrible, Pinoto del Oro).

Pour ajouter à la gamme des exercices possibles sur trapèze simple, voire pour en multiplier les effets, fut créé le double trapèze composé tout banalement de deux trapèzes accolés. Deux gymnastes y prennent place, puis l’un, s’accrochant en jarrets sur l’une des barres, devient porteur et entraîne par les mains son partenaire, qui, le lâchant, tourne des sauts périlleux coupés par un rattrapage par les chevilles... Les noms à retenir dans ce domaine sont ceux de Lugano, de Geraldos.

Ces exercices à deux sont également présentés sur un agrès appelé chaise. Grâce aux deux barres horizontales et parallèles de celle-ci, le porteur peut s’accrocher solidement et même se tenir en planche. Cette position permet la réalisation du fameux « saut de la mort ». Le voltigeur, debout sur une plate-forme, surplombe un peu le porteur ; celui-ci, les pieds accrochés dans les barres et la nuque soutenue par un mince filin, semble couché dans le vide, les mains tendues dans le prolongement du corps mais un peu au-dessus. Soudain, le voltigeur plonge vers les paumes ouvertes de son partenaire en une pirouette piquée. Les Clérans se sont rendus célèbres dans cette spécialité, ainsi que les Palacys.

Quant aux exercices aux trapèzes volants, leur intégration dans le programme de cirque est relativement récente, puisque c’est en 1859 que le Français Léotard imagina de travailler sur un portique où étaient accrochés trois trapèzes. Le travail s’exécutait alors à faible hauteur au-dessus d’un plancher matelassé, auquel succéda le filet lorsque les agrès s’élevèrent.

Il y a deux façons de pratiquer la voltige aux trapèzes volants : de bâton à bâton, c’est-à-dire que le voltigeur évolue directement d’un trapèze à l’autre ; de bâton à porteur : dans ce cas, le voltigeur est rattrapé par les mains d’un acrobate suspendu lui-même à l’un des trapèzes, qui a d’ailleurs parfois la forme d’une chaise aérienne mobile (les Alex, Alizés, Codona, Jarz, Météors, Rainat’s, Zemganno).

En marge du progrès et des prouesses, les exercices aux trapèzes volants continuent à être exécutés sur des portiques à la Léotard ; on appelle alors cela, avec quelque inexactitude, le « trapèze à terre ». Dans cet exercice furent appréciés longtemps le trio Volair, Paris, Andreannys, Lopez, et surtout les Rivels où le grand comique Charlie Rivels, magistral acrobate comédien, jouait « Chariot au trapèze ».

Les acrobaties aériennes s’expriment également sur des agrès de formes moins classiques : des anneaux suspendus à une barre elle-même fixée très haut sous le chapiteau permettent d’exécuter le numéro de la « marche au plafond », qui se fait la tête en bas (Miss Cooky) ; un croissant de lune autorise de vertigineux équilibres (Rossello, Gina) ; une étoile sous laquelle est fixée un monocycle rend possible une promenade à l’envers (les Idalys). Parfois, l’agrès figure une roue entraînant ses animateurs, que des crochets fixés aux chaussures retiennent dans une suite de plongeons virevoltants (les Stawicki). Ces effets giratoires sont également présentés à l’horizontale : par exemple, le numéro de l’échelle du diable, composée de deux échelles placées en croix et reliées par un pivot mobile, tel que le présentèrent les Norbertys. Et il y a encore l’attraction d’un « avion au cirque » : un modèle réduit d’avion placé à l’extrémité d’un axe tournant dont l’autre est un perchoir pour les acrobates, qui y exécutent leurs exercices dans un perpétuel mouvement giratoire. Les Antarès sont les plus célèbres animateurs de ce dernier numéro.

Proche de l’avion, on peut citer la « soucoupe volante » (agrès tournant sur lui-même), la « fusée » qui part de la piste avec ses passagers..., autant de présentations spectaculaires au gré des modes et du progrès ; mais la valeur acrobatique du travail est souvent estompée par l’attrait du matériel.

Il en est de même dans les numéros extraordinaires des acrobates dits « casse-cou », qui nous apparaissent en projectiles humains, lancés par des canons, ou encore qui exécutent des loopings ou plongent dans les flammes...


Les animaux

Dans l’utilisation des animaux au cirque, on distingue deux catégories principales : les animaux dressés et les animaux domptés.

Les dresseurs s’occupent des animaux domestiques ou domestiqués, les dompteurs, des animaux dits « sauvages », les fauves.

La présence dans les programmes de cirque de numéros où figurent des fauves est relativement récente, car, à quelques exceptions près, jusqu’aux années 1920, les ménageries foraines avaient l’exclusivité des exhibitions et du travail des fauves.

L’un des animaux le plus couramment dressés est le singe. Les dresseurs (Gendre, Working, Capellini, les Albert, Willy Meyer) se sont surtout attachés aux papions, aux mandrilles, aux macaques, aux magots, plus récemment aux chimpanzés et, occasionnellement, aux orangs-outans. On enseigne généralement aux singes à caricaturer l’homme dans son comportement quotidien, mais il y a des numéros où le singe se révèle acrobate, perchiste, patineur, cycliste et même trapéziste.