Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cirque (suite)

Le cirque des Champs-Élysées

Le cirque des Champs-Élysées se présenta tout d’abord sous l’aspect d’un chapiteau monté au Carré Marigny, puis ce fut une bâtisse monumentale. Son enseigne changea au gré des gouvernements : Cirque national, cirque de l’Impératrice, cirque d’Été. Le cirque des Champs-Élysées fut fermé en 1898.


Les hippodromes

En dehors des cirques, les Franconi (Laurent et son fils Victor, 1810-1897) furent également les animateurs des deux premiers hippodromes de Paris (1845-1854 et 1856-1869), établissements gigantesques où, en marge de parades, courses, ascensions, spectacles divers, furent souvent accueillis des numéros de cirque. De 1877 à 1907 se succédèrent trois autres hippodromes. Le dernier en date (1900-1907) est devenu ensuite le cinéma Gaumont-Palace, place Clichy, à Paris.


Le cirque de Paris

Il ouvrit ses portes sous l’enseigne cirque Métropole le 5 janvier 1906 et les ferma le 30 janvier 1930. Il était sis non loin de l’École militaire. Les écuyers Pissiuti (Enrico et Lola) y créèrent leur numéro de danse à cheval ; le cirque Wilhelm Hagenbeck y présenta sa ménagerie et ses groupes de fauves. D’ailleurs, le cirque de Paris montra souvent des dompteurs en vedette. C’est également sur cette piste que deux des plus célèbres clowns, Antonet et Beby, connurent vogue et succès.


Le Nouveau-Cirque

Le Nouveau-Cirque fut inauguré le 12 février 1886 et ferma ses portes le 18 avril 1926. Sa particularité était d’avoir une piste mobile qui pouvait se remplir d’eau, ce qui permettait d’achever les spectacles par des fantaisies nautiques.

Deux célèbres clowns, Foottit et Chocolat, furent longtemps les vedettes du Nouveau-Cirque (la Grenouillère, la Noce à Chocolat).


Le cirque d’Hiver

Le cirque d’Hiver fut inauguré le 11 décembre 1852 ; sa première enseigne fut cirque Napoléon. Louis Dejean le dirigeait. La construction du cirque d’Hiver est due à l’architecte Jacques Hittorf (1799-1867).

C’est là que le 12 novembre 1859 débuta Léotard, qui, grâce à l’invention de son père — un portique où étaient attachés plusieurs agrès —, devint le premier trapéziste volant. C’est là que le dompteur Batty lança la populaire veste à brandebourgs qui fut longtemps l’uniforme des belluaires ; c’est là que le prince Torikata révéla les jeux japonais...

En septembre 1870, le cirque Napoléon devint, pour trois ans, Cirque national, puis le cirque d’Hiver.

Les Franconi (Victor et son fils Charles, 1844-1910) le dirigèrent et, en parfaits hommes de cheval, firent apprécier aux Parisiens le charme des belles écuyères (Emilie et Clotilde Loisset, Virginia Léonard), la belle allure des écuyers (Gautier, Filis...).

En 1907, Charles Franconi dut se résigner à louer son cirque à la compagnie cinématographique Pathé.

Ce ne fut qu’en 1923, après une fugitive transformation théâtrale qui permit à Firmin Gémier de réaliser quelques-unes de ses plus amples mises en scène (Œdipe, roi de Thèbes ; la Grande Pastorale), que le cirque d’Hiver retrouva sa destination sous la direction de Gaston Desprez.

Ce dernier était un sportif et aimait donner à ses spectateurs les frissons du stade, ce qui valut au cirque d’Hiver d’exemplaires numéros aériens, tel celui des Codona, qui, chaque soir, tournaient le « triple saut périlleux » aux trapèzes volants, de fantastiques attractions comme celle d’André et Marcel Desprez (ses frères), champions du looping en automobile. Mais G. Desprez voulait aussi faire rire son public et engagea les Fratellini.

En 1933, la piste devint nautique à l’image de celle du Nouveau-Cirque, ce dont surent profiter des gens du voyage avisés, les Bouglione, lorsque, l’année suivante, ils devinrent locataires de la Société du cirque d’Hiver.

L’ouverture du cirque d’Hiver-Bouglione eut lieu le 17 novembre 1934. Les premiers programmes furent composés d’éléments empruntés au cirque ambulant des nouveaux locataires, mais, vite, les Bouglione, heureux d’avoir à leur disposition un établissement stable, voulurent dépasser le cirque traditionnel. La présence de la piste nautique leur inspira l’idée de ressusciter la vieille pantomime qui, dans les cirques d’autrefois, ponctuait les spectacles d’agilité. Les Bouglione ne se laissèrent pourtant jamais griser par le climat « music-hall » des féeries. Sans parler des moments de leurs programmes où le livret permettait la présentation d’attractions, ils s’ingénièrent à faire défiler les meilleurs représentants des jeux de la piste et à lancer de nouveaux venus.

La Seconde Guerre mondiale brisa le rythme des spectacles de piste. Une directrice venue d’outre-Rhin, Mme Busch, fut un moment l’animatrice du cirque d’Hiver, mais, dès 1941, les Bouglione rentraient et réussissaient, malgré les difficultés, à donner de bons spectacles.


Le cirque de Montmartre

Le cirque de Montmartre, d’abord appelé cirque Fernando, était à l’origine un modeste chapiteau forain, qui, après s’être installé autour de Paris, fit escale place Saint-Pierre, en haut de la butte Montmartre, puis s’ancra définitivement dans un terrain sis un peu plus bas, au coin de la rue des Martyrs et du boulevard Rochechouart. Un écuyer belge, Ferdinand Baert (1835-1902), natif de Courtrai, présidait à ses destinées en compagnie de sa femme et de leur fils Louis-Charles.

La première représentation eut lieu le 9 août 1873. Le succès fut rapide, et, deux ans plus tard, le petit établissement de toile — qui avait été renforcé de bois pour parer aux intempéries — fut reconstruit en pierre.

Aux programmes, un clown s’imposa très vite : Médrano dit « Boum Boum » (1849-1912). Avec lui, le cirque Fernando connut une grande popularité.

Ce cirque devint vite, en plus d’une salle de spectacle, un rendez-vous d’artistes. À l’instar de Degas et de Toulouse-Lautrec, bien des jeunes peintres trouvèrent l’inspiration face à cette piste. Picasso était un familier des gradins, où aimaient se retrouver Modigliani, Derain, André Utter (qui épousa Suzanne Valadon, si attirée par les jeux de la piste qu’elle fit du trapèze), Daragnès et Charles Dufresnes, les humoristes montmartrois Steinlen et Faverot, etc.

Malheureusement pour l’établissement, Médrano Boum-Boum se laissa tenter par l’invitation que lui firent les directeurs du Nouveau-Cirque, et, en 1897, après une transformation de la salle en théâtre d’opérettes, les portes furent closes.

Médrano, qui aimait ce cirque où il avait connu la popularité, s’en rendit acquéreur, et une nouvelle enseigne fut affichée à Montmartre : cirque Médrano.

Sous la direction du clown Médrano Boum-Boum, qui figurait dans presque tous les programmes, la piste retrouva sa vitalité.

Médrano mourut en 1912, laissant un fils, Jérôme, âgé de cinq ans. Pendant la minorité de celui-ci, sa mère confia la direction à un ancien barriste, Rodolphe Bontem, qui fut secondé par le régisseur Thomas Hassan.

En 1928, Jérôme Médrano, devenu directeur, fit transformer la salle pour la rendre plus confortable sans lui ôter son pittoresque. Puis, retrouvant d’ancestrales habitudes, le cirque Médrano partit pour le voyage.

En 1940, le cirque fut occupé quelques mois par des directeurs allemands. Puis, pour pallier les difficultés dues à la dispersion des troupes banquistes, des artistes transfuges de l’écran ou du music-hall vinrent se produire sur la piste (Albert Préjean, Gina Manès).

À la Libération, Jérôme Médrano reprit en main son cirque, mais en 1963 des difficultés financières mirent en péril l’établissement, qui serait disparu si les Bouglione, renouvelant le geste de Médrano père lors de la fin du cirque Fernando, ne l’avaient repris pour l’offrir à leurs fils, les Bouglione juniors. Il prit le nom de cirque de Montmartre.