Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cinéma (suite)

Les postes équipés pour la reproduction du son sur film sont munis de systèmes de lecture optique ou magnétique (ou des deux lectures). Ces systèmes sont placés à une distance qui doit être située entre 18 et 21 images après la fenêtre de projection, cela pour assurer un synchronisme correct son-image (en effet, les lecteurs sonores sont « décalés » par rapport à la « fenêtre image », le film passant en mouvement « alternatif » devant la fenêtre et en « continu » devant les « lecteurs sonores »).

La lecture optique s’effectue grâce à une fente laissant passer un petit faisceau lumineux qui traverse la bande son marginale du film, cela face à une cellule photo-électrique qui transforme les impulsions et les intensités lumineuses reçues en intensités électriques, qui, elles-mêmes, vont « exciter » les différents haut-parleurs d’écran et de salle.

La lecture de son magnétique se fait par l’intermédiaire de têtes de lecture situées sur l’axe de pistes magnétiques couchées sur le film (pour certains films de format large 70 mm, il y eut jusqu’à 8 pistes différentes — le plus souvent groupées en 4 — pour assurer certaines projections stéréophoniques).

Les deux systèmes sonores font évidemment appel à des amplificateurs. On trouve sur chaque appareil de projection un carter de départ du film et un carter de réception. Ces réceptacles peuvent maintenant aller jusqu’à contenir un programme entier (l’appareil est alors unique et rebobine souvent lui-même le film). Dans les cas les plus courants, les postes de projection sont munis de carters recevant de 600 à 900 m de film (ou plus) : pour assurer le passage d’un grand film sans interruption de la projection, il faut alors utiliser un minimum de deux projecteurs pouvant assurer un enchaînement (le projectionniste lançant le second « chrono » suivant l’apparition de deux repères placés sur le film en fin de bobine). Il y a « changement manqué » quand un projectionniste fait son enchaînement soit trop tard, ce qui laisse apparaître une partie de l’« amorce » de fin de bobine (un « fromage » en jargon de métier), soit trop tôt, ce qui, pratiquement, ne se voit pas si on ne connaît pas bien le film, mais ce qui est très grave, puisqu’il s’agit alors d’un escamotage. (Pour une projection en 3D [relief], les deux projecteurs fonctionnent en total synchronisme.)

Le fait de placer la bande sur l’appareil et de la faire passer correctement aux différents points prévus s’appelle (comme sur une caméra de prise de vues) : charger. (On sait que le film se place sur l’appareil les personnages « tête en bas ».)

Pour que soit évité tout risque de décadrage il faut insérer une image du film dans le couloir juste en face de la fenêtre, les dents du tambour (ou de la griffe) d’entraînement devant être dans leur position la plus « sortie » ; une petite lampe, dite « de cadrage », aide à repérer la position et à bien placer le film.

Un obturateur déréglé (retard ou avance sur le temps d’escamotage du film devant la fenêtre) donne un décalage qui laisse plus ou moins voir le déplacement du film et occasionne du « filage » à la projection, ce qui se traduit par des franges lumineuses prolongeant les points les plus clairs de l’image soit vers le haut, soit vers le bas, suivant que l’obturation est en retard ou en avance.

La source lumineuse était initialement fournie grâce à une lanterne placée à la partie arrière de l’appareil de projection ; dans cette lanterne, un arc électrique était formé grâce à deux charbons (arc dont l’âme doit être au foyer optimal par rapport à la position du film et par rapport au miroir concave servant à concentrer la lumière, miroir placé à l’arrière de la lanterne). Les charbons devaient être régulièrement avancés à la main par le protectionniste (par la suite, les hautes intensités utilisées obligèrent à se servir d’une soufflerie d’air sur la fenêtre de projection surchauffée). Des charbons trop rapprochés donnent un éclairage insuffisant de teinte bleue (complètement collés, ils occasionnent un cratère et une extinction de l’arc). Par contre, des charbons s’éloignant de plus en plus l’un de l’autre donnent un éclairage de plus en plus jaunâtre, jusqu’à extinction totale également.

Depuis, on a mis au point des systèmes d’avance automatique des charbons régularisant les fluctuations de tension du courant électrique.

Pour assurer une plus longue durée aux charbons, on les entoura d’une pellicule de cuivre ou de nickel : les dégagements de gaz toxiques rendirent nécessaires l’amplification de la ventilation des lanternes par tirage forcé et l’aération des cabines ; d’autre part, il fallut veiller au refroidissement par air, ou par circulation d’eau, de la fenêtre de projection. Depuis une quinzaine d’années s’est répandu l’usage, en lieu et place de l’arc à charbons, de sources lumineuses nouvelles, telle celle qui est fournie par lampe au xénon, qui donne une lumière stable et intense, mais de tonalité un peu froide pour les films en couleurs.

Une autre formule récente réside en l’usage de lampes à bas voltage ; leur emploi s’étend de plus en plus pour les appareils de projection en formats réduits, où elles remplacent avantageusement les lampes à voltage normal, qui étaient plus volumineuses à rendement égal, chauffaient beaucoup plus et avaient une durée moindre. Enfin, certains projecteurs professionnels utilisent des lampes puisées, à vapeur de mercure, à éclats rapides successifs, réglés sur la cadence de projection (à raison de 3 impulsions par image), ce qui supprime l’emploi d’un obturateur. Certains projecteurs (en particulier dans les studios, auditoriums et salles de vision), en 16 mm ou en 35 mm, sont équipés en « double bande », c’est-à-dire qu’ils sont aptes à passer en synchronisation les bandes « image » et « son » séparément (copies de travail pour la télévision).

Une cabine de projection est complétée par un local de rebobinage où s’effectuent le stockage et la manipulation des films : remise dans le bon sens de passage, collage éventuel de différentes bobines pour en faire une plus grosse et diminuer d’autant le nombre des changements d’appareils, etc. (ces différentes opérations s’appellent montage du programme). Du temps où l’on utilisait uniquement du film à support inflammable, des mesures très sévères de sécurité étaient imposées dans les cabines pour éviter le feu, cela en particulier à la suite de dramatiques sinistres (les incendies du Bazar de la Charité, dans les premiers temps, et de Rueil, peu avant la Seconde Guerre mondiale).

Indiquons que l’usage de l’automatisme est de plus en plus courant en ce qui concerne les organes de projection ; ceux-ci peuvent même être complètement commandés et contrôlés.