Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cinéma (suite)

Dans tous ces premiers procédés subsistait un défaut plus ou moins sensible : la traction par à-coups, que le film subissait en passant du défilement continu au défilement intermittent, occasionnait une plus ou moins importante fatigue des perforations et des légers décalages dans l’espacement des images. Le défaut s’aggravait dans un projecteur et provoquait une projection instable et sautillante.

Pour remédier à ce défaut, l’Américain Woodville Latham mit au point vers 1894 un dispositif très simple. Il s’agit d’une boucle (portant le nom de son inventeur que l’on fait faire au film entre le débiteur supérieur et le couloir de la caméra (une autre boucle similaire sera formée entre la sortie du couloir et le débiteur inférieur). Les boucles absorbent, en battant, les à-coups dus aux deux modes d’entraînement.

Sur la partie extérieure de la caméra est fixé un ensemble optique (objectif) simple ou à foyer variable (zoom), ou une tourelle (ou glissière) portant plusieurs objectifs permettant des changements rapides entre objectif normal, grand angulaire et téléobjectif.

Chaque objectif est en général amovible (par dévissage ou par système à baïonnette).

Chaque optique est évidemment réglable (ouverture variable du diaphragme et bagues tournantes d’échelle métrique de mise au point).

La caméra est munie de différents accessoires : manivelle ou moteur d’entraînement, compteurs métriques et d’images, obturateur à ouverture variable, permettant de modifier les temps d’exposition allant jusqu’à fermeture totale (ce qui permet des fondus au noir) ; marche arrière, vitesses multiples ou à variation continue (des caméras spéciales peuvent enregistrer des prises de vues allant jusqu’à 1 million d’images par seconde, permettant des observations scientifiques très poussées).

Il existe aussi des raccords mécaniques ou électriques pour enregistrement synchrone son-image séparés, des porte-filtres, des porte-caches, des contre-caches, et, éventuellement, une cellule photo-électrique couplée avec la vitesse de défilement et avec l’ouverture de l’objectif (diaphragme).

Un des éléments les plus importants de la caméra est constitué par le système de visée. À l’origine, le sujet était observé à travers le film lui-même, mais la vision s’en trouvait obscurcie. On utilisa alors un viseur « clair » formé d’un ensemble optique (unique, multiple ou à champ variable). On remédia aux erreurs de parallaxe en utilisant différents moyens (léger déplacement de l’angle de visée, etc.). On monta des télémètres pour contrôler la mise au point (parfois couplés avec les bagues des objectifs). Enfin, un perfectionnement important vint résoudre complètement ce problème du contrôle de la prise d’images : ce furent les différents systèmes de visée réflexe qui donnaient l’image exacte inscrite sur le film (cela grâce à différents modes de renvois optiques, l’image étant captée soit à la sortie de l’objectif, soit par un miroir ou un prisme fixés sur l’obturateur).

Les vitesses courantes de prise de vues sont :
— pour les films de cinéastes amateurs (formats réduits), 16, 18 ou 24 images par seconde (24 images par seconde étant préférable en cas de film sonore) ;
— pour les films professionnels (ou semi-professionnels, 16 mm), 24 images par seconde.

La vitesse de défilement pour la télévision est de 25 images par seconde.

En médecine-chirurgie, il existe des caméras spéciales, munies d’objectifs capables de filmer l’invisible (rayons X), ou des sondes terminées par des objectifs de très petites dimensions. Par ailleurs, on utilise la macro- et la microcinématographie.


Le projecteur

Les projecteurs pour films de formats réduits utilisent le plus souvent un système d’entraînement par griffes ; pour les projecteurs professionnels, qui doivent être très robustes, on préfère utiliser des tambours dentés escamotables entraînés par une croix de Malte.

Les obturateurs peuvent être de différents types : soit circulaires et à pales (placés devant ou derrière le film), soit à guillotine (rares), ou encore cylindriques ou à boisseau.

Plus l’ouverture d’un obturateur sera importante, plus la projection sera en principe lumineuse ; par contre, le risque de scintillement sera plus grand (deux obturations par image sont préférables à une dans ce dernier sens).

Le film sera éventuellement mieux maintenu sur son trajet par des débiteurs dentés multiples, des galets munis de presseurs et un couloir avec des guides latéraux.

Afin de pouvoir effectuer, en cas de besoin en cours de projection, sans arrêter celle-ci, un recadrage de l’image sur l’écran, la fenêtre de projection est placée sur glissière et peut être montée ou descendue de la valeur d’au moins une image complète. (Pour ce faire, les boucles formées par le film doivent être de dimensions suffisantes.)

Différentes fenêtres peuvent être adaptées à l’appareil suivant le format de projection désiré.

Pour couvrir les besoins essentiels d’une salle en respectant les formats principaux, il faut : une fenêtre et une optique correspondant au format standard 1 × 1,33 ; une fenêtre et un objectif pour le format panoramique (et empiriquement pour la « Vistavision »), soit 1 × 66, soit 1 × 75 (de préférence au 1 × 90 des Italiens). Enfin, pour les formats larges (scope, technirama. etc.), il faut une fenêtre en principe un peu plus réduite que le 1,33 et une combinaison de deux objectifs : une optique « primaire » placée près de la fenêtre et un gros objectif anamorphoseur amovible qui vient se placer en prolongement du premier (les deux objectifs étant réglables et le point devant d’abord se faire par le primaire).

Notons qu’un appareillage à défilement particulier (fenêtre et objectifs) est nécessaire pour le film large (70 mm).

L’appareil, qui était anciennement à entraînement manuel par manivelle (en France, à l’origine, on « tournait » celle-ci sur l’air de Sambre et Meuse) fut rapidement mû par un moteur électrique (moteur dit « universel » jusqu’à l’avènement du cinéma sonore, puis « asynchrone » depuis le parlant, pour assurer un défilement à vitesse constante [24 images par seconde]).