Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cimon

En gr. Kimôn, homme politique athénien († 450 av. J.-C.).


Fils de Miltiade, Cimon était par sa mère d’ascendance thrace et fut quelque temps élevé par son grand-père maternel, un « Barbare ». Après la mort de son père, sa vie devint difficile : il connut avec sa sœur une période de grande gêne financière, mais le mariage de celle-ci avec Callias, riche aristocrate, et sa propre union avec une jeune fille de la famille des Alcméonides lui donnèrent une certaine aisance.

Officier de talent, il se fait remarquer à Salamine, s’illustre dans les combats contre Pausanias, ce grand Lacédémonien qui intrigue pour son propre compte dans les régions de l’Hellespont ; il se couvre de gloire en prenant d’assaut la ville d’Eion (printemps 475 av. J.-C.). Ce n’est pas la gloire seule qu’il acquiert, mais aussi une fortune énorme : il se permet de tenir table ouverte, de faire supprimer les clôtures de ses immenses propriétés pour que ses compatriotes viennent y cueillir les fruits qu’il leur laisse ; il fait consacrer trois Hermès et planter sur l’agora d’Athènes une allée de platanes. Tout semble lui sourire : il s’empare de Skyros, où il installe une clérouquie (475-474) ; il a la chance d’y découvrir la tombe de Thésée, dont il fait transporter les restes à Athènes.

Les victoires imposent à Athènes de définir une politique. Va-t-elle profiter de l’éclipsé de Sparte pour l’écraser définitivement et devenir ainsi la maîtresse du monde grec (c’est la solution que proposait Thémistocle) ? Va-t-elle continuer de lutter contre les Perses et, pour cela, construire un empire sur la mer qui s’accommoderait de la présence de Sparte sur le continent ? Cimon, maître de ses mouvements, modèle l’Empire athénien de la façon qui lui paraît le mieux servir les intérêts d’Athènes : n’est-ce pas lui qui, dit Plutarque, s’étant rendu compte de la répugnance qu’éprouvaient les confédérés à combattre eux-mêmes, les encouragea à rester chez eux et à se contenter de verser à Athènes des contributions avec lesquelles elle pourrait armer une flotte capable de les protéger ? L’Empire prend alors un nouveau visage : Athènes, maîtresse de la seule flotte puissante de la mer Égée, y agit à sa guise ; Cimon entraîne ses soldats par de fructueuses opérations, contre l’île de Thasos par exemple.

Ce sera le dernier succès véritable de Cimon. Le parti démocratique d’Ephialtès et de Périclès, qui cherche à abattre le chef des amis de Sparte, l’aristocrate trop sûr de sa puissance, l’accuse de complaisance envers les ennemis d’Athènes : Cimon est acquitté et réussit à faire envoyer au secours de Sparte, ravagée par un tremblement de terre et en butte à une révolte des hilotes et des périèques, les troupes qu’elle réclame au nom de la ligue panhellénique ; il conduit en personne les hoplites au siège de l’Ithôme, où se sont retranchés les rebelles. Mais le départ du chef conservateur et de ses soldats (paysans riches) laisse le champ libre aux manœuvres de ses adversaires, qui mènent à bien la réforme de l’Aréopage, bastion de la politique conservatrice, au profit de l’Assemblée du peuple. L’humiliation que, à l’automne 462, Sparte inflige à Athènes, en renvoyant les troupes de Cimon chez elles, permet d’abattre ce dernier : Cimon est ostracisé comme ennemi du peuple.

Il ne reviendra à Athènes qu’à l’issue de ses dix ans d’exil, aux heures sombres ; la guerre a éclaté entre Athènes et Sparte, vainqueur à Tanagra ; l’Empire athénien s’écroule ; il faut qu’Athènes se dégage du guêpier continental pour assurer son empire maritime. C’est Cimon qui négocie avec Sparte et signe avec elle une paix de trente ans (451). Puis il reprend la lutte contre les Perses : en 450, il part avec une flotte de 200 vaisseaux pour les combattre ; mais il meurt devant Cilium. La flotte « offrira à son chef l’hommage d’une victoire posthume » — à Salamine de Chypre —, victoire qui permettra à Périclès de signer la paix dite « de Callias ».

J.-M. B.

➙ Athènes.

 G. Lombardo, Cimone (Rome, 1934). / G. Meautis, l’Eternel Coriolan (Les Belles Lettres, 1952).

cinéma

Art qui consiste à réaliser des films dont les images mobiles sont projetées sur un écran.
L’Histoire du cinéma de 1896 à nos jours est étudiée séparément pour chaque pays dont la production cinématographique est de quelque importance. Se reporter au pays considéré.


Technique du cinéma


L’appareil de prise de vues : la caméra

La caméra est constituée par une chambre noire (comme un appareil photographique) ; dans la face avant de cette boîte est ménagé un évidement (fenêtre) à travers lequel le faisceau lumineux pourra passer.

La surface sensible à impressionner, venant d’un magasin supérieur (intérieur ou extérieur à la caméra, suivant la taille de celle-ci), défile derrière la fenêtre. Soit devant, soit derrière le film est placé un obturateur (à guillotine ou à pales).

La pellicule est guidée dans son trajet et passe sur un ou plusieurs débiteurs dentés, puis dans un couloir à la hauteur de la fenêtre de prise de vues (dont le format pourra être différent). Dans ce couloir, le film est maintenu par des glissières et des presseurs. Pour terminer son défilement, la pellicule passe sur un galet ou un second débiteur denté, pour s’enrouler, comme dernière étape de ces opérations, sur l’axe du magasin inférieur.

On sait que le cheminement du film doit être intermittent à la hauteur du couloir, afin d’être arrêté pendant le court instant nécessaire au temps d’exposition.

Ce mouvement est donné par des griffes qui ont prise dans les perforations de la pellicule et entraînent le déplacement de celle-ci.

Les griffes (pour assurer une meilleure prise sur les perforations, les caméras sont maintenant munies de séries de deux ou trois griffes) sont actionnées soit par un système de cames et d’excentriques, soit — ce qui est plus rare — par une croix de Malte. Souvent, on utilise aussi des « contre-griffes ».

Pour passer du mouvement continu (et y revenir à la fin du passage dans l’appareil pour l’enroulement intérieur) au mouvement alternatif (problème sur lequel butèrent les premiers inventeurs du cinéma, Edison en tête), Auguste Lumière trouva un système de fenêtre mobile qui, par saccade, assurait l’exposition image par image.