Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aide sociale (suite)

L’aide aux personnes âgées a été instituée par la loi du 14 juillet 1905, mais a depuis été transformée à de nombreuses reprises pour tenir compte, notamment, de la généralisation de l’assurance vieillesse. Elle comporte différents aspects : 1o l’aide à domicile, qui prend la forme de l’attribution d’une allocation destinée à compléter les ressources de l’assisté, qu’elles lui soient personnelles ou proviennent de la Sécurité sociale. En 1951 s’y est ajoutée une allocation compensatrice des augmentations de loyer prévues par la loi de remise en ordre des loyers de 1948 ; 2o le placement dans un foyer de vieillards ; 3o le placement chez des particuliers (peu utilisé) ; 4o le placement en établissement, qui, du fait des bas taux des allocations à domicile, tend de plus en plus à devenir la forme dominante (en 1946, un quart des assistés étaient hospitalisés ; en 1952, la moitié des assistés l’étaient).

L’aide aux aveugles et grands infirmes, depuis 1949, est devenue distincte de l’aide sociale aux vieillards, car elle met désormais l’accent sur la rééducation professionnelle des assistés chaque fois que cela est possible. Elle comporte diverses formes : allocations éventuellement majorées lorsque l’assistance permanente d’une tierce personne est indispensable, allocations d’encouragement au travail pour les infirmes rééduqués, placement en centre de rééducation puis, si nécessaire, en centre d’assistance par le travail, hospitalisation et placement familial.

L’aide sociale à la famille, apparue en 1913 sous la dénomination d’assistance aux familles nombreuses et créée en vue de lutter contre la dénatalité, ne jouerait plus qu’un rôle assez réduit depuis l’instauration d’un système généralisé de prestations familiales si, en 1928, le législateur n’avait institué des allocations en faveur des familles dont le soutien effectue son service militaire (l’allocation militaire est donnée par priorité à la femme ; il peut s’y ajouter des majorations en faveur des enfants ou des ascendants ; leur montant est relativement faible en temps de paix, mais elles ont constitué en temps de guerre le seul moyen d’existence de très nombreuses familles).

L’aide sociale à l’enfance et la protection maternelle et infantile ont été profondément remaniées depuis que, en 1904, 1913 et 1919, elles ont été organisées par le législateur. (V. enfant et protection maternelle et infantile.)

D’autres formes de l’aide sociale ont vu le jour. Les unes ont un aspect traditionnel : création de centres d’hébergement pour les personnes sans ressources qui, bien que capables physiquement de subvenir à leur entretien, en sont empêchées par des circonstances particulières affectant leur psychisme (personnes sortant de l’hôpital ou de prison, personnes en danger de prostitution). D’autres constituent simultanément des mesures d’assistance et de réparation : pensions aux victimes de la guerre, aide aux Français rapatriés d’anciens territoires français ou sous protection française, aide au chômage. D’autres encore constituent dans une certaine mesure des manifestations de solidarité nationale : majorations de rentes viagères, restaurants sociaux, œuvres sociales d’étudiants, subventions aux camps et colonies de vacances, secours d’urgence aux victimes de calamités, réduction de tarif sur les transports, dotation des établissements nationaux de prévoyance, lutte contre l’alcoolisme, etc.

R. M.

➙ Emploi / Enfant / Familiale (politique) / Protection maternelle et infantile / Sécurité sociale / Transferts sociaux.

 L. Lallemand, Histoire de la charité (A. Picard, 1902-1912 ; 5 vol.). / A. Rauzy et S. Picquenard, la Législation d’aide sociale (Berger-Levrault, 1955). / H. Aubrun, Guide d’aide sociale (Musée social, 1968).

aiguillage

Partie des installations fixes de la voie de chemin de fer qui permet d’assurer la continuité de l’itinéraire emprunté par le matériel roulant, lorsque cet itinéraire est susceptible de changement.


Combinés aux traversées, les aiguillages constituent la partie essentielle des appareils de voie qui permettent le dédoublement et le croisement des itinéraires.


Principe et constitution

Le guidage du matériel roulant des chemins de fer dans la voie est assuré par la conjugaison d’un profil particulier des roues d’un essieu et des deux files de rails, dont la continuité commande l’itinéraire parcouru par les véhicules. L’aiguillage assure cette continuité lors du dédoublement des voies.

Les dispositifs utilisés de nos jours sont, dans leur principe, analogues à ceux qui existaient dès l’apparition des premières voies ferrées. Le dédoublement des files de rails est toujours obtenu par la manœuvre de rails mobiles portant le nom d’aiguilles et pouvant à volonté venir en contact avec les rails adjacents appelés contre-aiguilles, ou s’en séparer. La mobilité de l’aiguille est assurée grâce à la flexibilité du rail. Pour assurer un fléchissement convenable, ces aiguilles sont relativement longues (7 mètres au minimum). Elles sont constituées par des rails usinés sur toute leur longueur et terminés par une partie en pointe, la lame d’aiguille, qui vient s’appuyer exactement sur le rail contre-aiguille. Aiguille et contre-aiguille adjacentes sont solidement entretoisées au talon de l’aiguille pour en assurer l’encastrement. Le point à partir duquel les deux voies deviennent indépendantes constitue le croisement. Il permet d’assurer la continuité de deux itinéraires sécants à l’intersection des deux files de roulement opposées. Il comprend un cœur de croisement, deux rails extérieurs et deux contre-rails avec entretoises de liaison. Le cœur de croisement constitue un point particulier dans la surface de roulement en raison de la « lacune » réservée au passage du boudin des roues devant traverser la file de rails. Constitués autrefois de portions de rails usinées et assemblées, les cœurs sont maintenant monoblocs, en acier moulé au manganèse. Des contre-rails placés le long des rails extérieurs au droit du croisement assurent le guidage des essieux au franchissement de la lacune.