Montre de très grande précision répondant à des conditions de bonne facture et de réglage attestées par un bulletin officiel de contrôle après une série d’épreuves.
Le terme chronographe s’applique à une montre de grande précision indiquant le temps civil et munie d’une aiguille des secondes au centre, qu’il est possible de mettre en marche, d’arrêter et de remettre à zéro sans influencer l’heure civile ; le terme de chronoscope serait mieux approprié. Le mot chronometer apparaît pour la première fois en 1726 sous la plume de l’horloger anglais George Graham (1673-1751), qui l’applique à une petite pendule marquant les tierces. Le très célèbre John Harrison (1693-1776) construit un premier chronomètre en 1735, un second en 1739, un troisième en 1757 et un quatrième en 1759. Mis à l’épreuve lors d’un voyage à la Jamaïque, ce dernier ne retarde que de deux minutes après cinq mois de marche. Le Suisse Jean-Moyse Pouzait (1743-1793) invente la montre « à secondes mortes indépendantes », précurseur du chronographe. En France, le terme chronomètre se trouve dans le premier volume de l’Encyclopédie (1751) de Denis Diderot. Pierre Le Roy (1717-1785), Ferdinand Berthoud (1727-1807) et Abraham Louis Breguet (1747-1823) posent les trois principes de la chronométrie : isochronisme du spiral, compensation du balancier, échappement libre. Mais c’est le Hollandais Christiaan Huygens (1629-1695) qui, par ses inventions : le pendule comme régulateur des horloges (1656) et le spiral réglant des montres (20 janv. 1675), permet d’obtenir une précision de quelques minutes par jour. Cependant, il faudra deux siècles pour arriver aux écarts de l’ordre de la seconde.
Contrôle des chronomètres
Le premier concours de réglage pour montres de poche est organisé en 1790 par la Société des arts de Genève. En France, c’est le ministère de la Marine qui crée les concours chronométriques. Ceux-ci ont lieu pour la première fois en octobre 1832. Les chronomètres déposés à l’observatoire de Genève étaient jugés selon les méthodes de son directeur Émile Plantamour (1815-1882) qui, dès 1879, introduisit la formule de l’écart moyen de la marche diurne pour apprécier à la fois la constance et la régularité de la marche d’un chronomètre. Ces méthodes sont adoptées en 1884 par l’observatoire chronométrique de Kew Teddington (National Physical Laboratory) et en 1885 par celui de Besançon. De nombreux instruments de contrôle tels qu’étuves, appareils frigorifiques, tables vibrantes, caissons hydrauliques et pneumatiques, solénoïdes pour créer des champs magnétiques équipent désormais les services de contrôle. Le degré de perfection d’un chronomètre est alors apprécié par un nombre de points calculés selon une formule assez compliquée. Si l’on appelle α l’écart moyen de la marche diurne, Δpp l’écart de marche du plat au pendu, γ l’écart de compensation par degré centésimal, δ l’écart secondaire (différence entre la moyenne de ses marches moyennes diurnes pendant la première et la troisième période et sa marche moyenne diurne pendant la seconde période d’observation) et ε l’écart de reprise de marche, le degré de perfection P est donné par la formule
C = 24α + 6 Δpp + 80 γ + 2 δ + 5/3 ε.
Un chronomètre parfait aurait P = 0. Dans la pratique, un degré de perfection P égal à 100 classe l’instrument en catégorie A ; en catégorie B, le degré P est égal à 200 ; et en catégorie C, à 250.
C’est l’oscillateur qui donne sa précision au chronomètre. Alors que la fréquence des battements du cœur humain est de 1 cycle par seconde, la fréquence de vibration du cristal de quartz des chronomètres modernes est de 8 192 cycles par seconde, c’est-à-dire 16 384 alternances par seconde, soit près de 59 millions d’alternances par heure. L’organe d’entretien, qui était jadis le ressort sous tension, est maintenant une pile électrique, un transistor ou un micromoteur vibrant asservi par l’oscillateur à quartz. Le chronomètre moderne est désormais plus exact que ne l’est le mouvement de rotation de la Terre sur son axe. Miniaturisé, on lui propose de nouvelles sources d’énergie (électrochimiques, nucléaires) et des solutions électroniques pour l’inscription des temps mesurés. Mais, pour mesurer des précisions de l’ordre de la nanoseconde ou de la picoseconde, nécessaires à la science moderne, on devra trouver des solutions entièrement neuves.
J. S.