Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

christianisme (suite)

➙ Catholicisme / Église catholique ou romaine / Églises orientales / Églises protestantes / Jésus / Œcuménisme / Orthodoxes / Paul (saint) / Protestantisme / Réforme / Théologie.

 P. Pourrat, la Spiritualité chrétienne (Gabalda, 1926-1930 ; 4 vol.). / J. Barnaud, J. Boisset, F. Berton et J. Hering, le Problème du christianisme (P. U. F., 1945). / J. Daniélou, Dialogues : marxisme, existentialisme, judaïsme, hindouisme, protestantisme (le Portulan, 1948) ; Tests (Beauchesne, 1968). / D. Dubarle, Humanisme scientifique et raison chrétienne (Desclée De Brouwer, 1953). / E. Mounier, l’Affrontement chrétien (la Baconnière, 1954). / F. Cohen, Églises et religions : le christianisme (Éd. de la nouvelle critique, 1957). / P. Guérin, Vérité et religions, essai sur le problème philosophique du christianisme (P. U. F., 1962). / C. Tresmontant, les Idées maîtresses de la métaphysique chrétienne (Éd. du Seuil, 1962). / J. Laloup, Structures mentales du christianisme (Casterman, 1965). / H. Urs von Balthasar, Wer ist ein Christ ? ; trad. fr. Qui est chrétien ? (Salvator, Mulhouse, 1967). / P. Tillich, A History of Christian Thought (New York, 1968 ; trad. fr. Histoire de la pensée chrétienne, Payot, 1970). / H. de Lubac, la Foi chrétienne (Aubier, 1969). / M. Légaut, Introduction à l’intelligence du passé et de l’avenir du christianisme (Aubier, 1970 ; 2 vol.). / R. Marlé, la Singularité chrétienne (Casterman, 1970). / G. Ebeling, l’Essence de la foi chrétienne (Éd. du Seuil, 1971). / H. Rousseau, la Pensée chrétienne (P. U. F., « Que sais-je ? », 1973). / M. de Certeau et J.-M. Domenach, le Christianisme éclaté (Éd. du Seuil, 1974).

Christine

(Stockholm 1626 - Rome 1689), reine de Suède (1632-1654).


Fille du héros luthérien Gustave-Adolphe et de Marie-Éléonore de Brandebourg, Christine a une enfance étrange auprès d’une mère déséquilibrée. En tant que seule héritière du royaume, son père prend grand soin de son éducation, qu’il veut forte et virile. Il lui fait enseigner les sciences pour former son esprit et son caractère.

À la mort de son père en 1632, Christine devient reine ; elle a six ans. Le roi a désigné comme tuteurs les cinq dignitaires de la Couronne, qui doivent aussi gouverner le royaume. Le principal d’entre eux est le chancelier Axel Gustavsson Oxenstierna (1583-1654), qui dirige le pays avec énergie jusqu’à la majorité de la princesse. Christine, qui fait preuve d’une grande intelligence, se forme de bonne heure à l’art de gouverner grâce aux soins paternels du chancelier. Elle assiste au Conseil, où elle montre une grande maturité d’esprit. En 1644, à sa majorité, elle se charge de l’Administration ; elle va mettre à gouverner la même passion qu’elle a mise à étudier.

Le pays sur lequel elle règne est puissant ; après la mort de Gustave-Adolphe, de grands capitaines ont redressé la situation militaire en Allemagne, que le chancelier n’a pas voulu abandonner. En outre, en 1643, le maréchal Lennart Torstensson a combattu victorieusement le Danemark, qui, à la paix de Brömsebro (1645), doit céder à la Suède les îles d’Ösel et de Gotland, la province de Halland et les territoires norvégiens de Jämtland et de Härjedalen. De plus, ce qui est très important pour son économie, la Suède est exemptée des droits de douane dans le Sund.

Les troupes suédoises combattent dans l’Empire aux côtés des troupes françaises jusqu’à la paix de Westphalie (1648). La reine veut la fin de la guerre. Le traité d’Osnabrück accorde à la Suède la Poméranie, Wismar, l’île de Rügen, les villes de Brême et de Verden. C’est la constitution d’un véritable Empire suédois, qui, ayant sous sa domination tous les débouchés fluviaux sur la Baltique, plus ceux de la Weser et de l’Elbe, peut imposer sa loi à un Danemark qui l’entoure de tous côtés.

Mais, si le pays est devenu une grande puissance dont l’alliance est recherchée par tous les grands potentats, français, anglais ou espagnols, les bouleversements dus aux guerres ont profondément transformé les rapports des forces à l’intérieur du royaume. Ce sont les nobles qui ont le plus profité de la conjoncture. Ils ont acheté des terres aux paysans, au roi ; de plus, des propriétés données en récompense ou en paiement de leurs services ont grossi leurs biens fonciers.

Les frais imposés par une si longue guerre ont amené la Couronne à vendre, à aliéner des parties importantes du domaine royal. Ces aliénations ont profité à la seule noblesse, qui, en 1660, a doublé son patrimoine. Le pouvoir a aliéné également des rentes de terres et de perceptions d’impôts. Si, au début de la Réforme, les paysans possédaient la moitié des terres, la Couronne et la noblesse se partageaient, à peu près également, l’autre moitié. Vers 1650, au contraire, la noblesse est propriétaire de 70 p. 100 des terres, le roi et les paysans n’en ayant plus qu’un tiers à eux deux.

Pour l’État, la diminution des revenus pose un problème grave ; quant aux paysans, leur statut politique tend à se dégrader, et la perte de leurs propriétés est la voie ouverte à celle de leur liberté, les nobles ayant de plus en plus tendance à assimiler le statut juridique au statut économique et à considérer le paysan sans terre comme un serf. Ce ne sera que sous les règnes de Charles XI (1660-1697) et de Charles* XII (1697-1718) que le gouvernement royal redressera la situation et brisera la toute-puissance de la noblesse.

Christine Ire ne résoudra pas ces graves problèmes. Elle s’intéresse surtout aux lettres et aux arts, et fait de sa cour une véritable académie de savants, qu’elle réunit autour d’elle, tels Descartes, Grotius, Vossius, Claude Saumaise. Des édits en faveur des institutions savantes prolongent cette politique.

Pressée de se marier, elle refuse et engage les états, dès 1649, à désigner comme son successeur son cousin germain Charles-Gustave, comte de Deux-Ponts, qui aurait voulu l’épouser.

Bientôt elle se lasse du pouvoir, prend un favori, le comte Magnus Gabriel de La Gardie, et disgracie un moment le chancelier Oxenstierna. Ensuite, l’ambassadeur d’Espagne, le comte de Pimentel, qui lui parle de théologie, prend sur son esprit un grand ascendant ; certains font remonter à cette époque sa sympathie pour le catholicisme. Un complot fomenté par A. Messenius, qui menace sa vie et celle de ses favoris, la dégoûte définitivement du pouvoir, et, en 1654, devant les états réunis spécialement, Christine abdique en faveur de son cousin Charles X Gustave et quitte son pays.