Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chirurgie (suite)

Qualification

Jusqu’en 1961, la qualification était prononcée de façon uniforme par les conseils départementaux ou le conseil national (en appel), après avis des commissions plurirégionale ou nationale (en appel) et étude du dossier de l’intéressé. Le dossier, outre la demande et le rapport du conseil départemental, comprenait les titres et travaux universitaires, hospitaliers ou scientifiques des intéressés. Ce processus de qualification existe toujours, mais il ne s’applique plus qu’aux cas exceptionnels et aux candidats ayant été nommés internes avant mai 1961.

En 1961, un changement est survenu. Par analogie avec les autres disciplines, un enseignement particulier, sanctionné par un certificat d’études spéciales, a été institué à l’échelon universitaire. L’arrêté du 25 avril 1961, modifié par les arrêtés des 27 novembre 1963 et 7 septembre 1967, a créé « un certificat d’études spéciales de chirurgie générale » délivré par les facultés de médecine et par les facultés mixtes de médecine et de pharmacie. Cet arrêté impose donc l’obligation à tout postulant d’être inscrit à des cours et stages prévus par lui et de satisfaire aux examens annuels.

Responsabilité des chirurgiens

Le chirurgien doit savoir que la responsabilité qu’il encourt lors de l’accomplissement de ses actes est considérable et que sa responsabilité est engagée pour toute son équipe. En effet, le plus souvent, le chirurgien ne travaille pas seul : il a des aides, des anesthésistes, des infirmières soignantes.

En ce qui concerne les premiers, le chirurgien est responsable des conséquences de leurs actes accomplis sous sa direction. Pour les anesthésistes, le problème est différent, car, actuellement, les actes d’anesthésie et de réanimation se détachent de plus en plus de la direction chirurgicale. Les cas sont variables également suivant que le malade a imposé son anesthésiste ou qu’il a été endormi par celui que le chirurgien lui a désigné. Quoi qu’il en soit, la jurisprudence est flottante, mal établie. Le plus souvent, le juge retient la responsabilité au moins partielle du chirurgien.

L’article 319 du Code pénal vise quiconque qui, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, a involontairement commis un homicide ou en a été involontairement la cause.

L’article 320 peut entraîner poursuites s’il résulte du défaut d’adresse ou de précautions des blessures ou maladies entraînant une incapacité totale du travail personnel pendant plus de trois mois.

On voit donc que les responsabilités du chirurgien sont lourdes. Il est souhaitable que les tribunaux, lorsqu’ils ont à en connaître, apprécient celles-ci avec équité et en fonction du contexte proposé. Sinon, le risque serait grand de voir certains se réfugier dans la facilité des gestes mineurs et refuser la chirurgie comportant un risque, mais seule capable parfois d’apporter la guérison.


Les locaux

Un service de chirurgie doit pouvoir disposer de salles de consultation, d’un département aseptique comportant un bloc opératoire, d’une hospitalisation de 80 lits environ comportant un certain nombre de chambres individuelles, le reste étant constitué par des boxes de 2, 3 et 4 lits. À chaque groupe de chambres doivent être annexés une salle d’examens et de pansements, un bureau de surveillante, un petit magasin pour matériel, un office, un sanitaire, un W.-C. Le département septique, plus petit, comprend un bloc opératoire, une hospitalisation de 25 à 30 lits, plus compartimentée que la précédente. Des bureaux administratifs et une salle d’archives complètent l’ensemble de ces locaux.

Le bloc opératoire comporte deux salles d’opération au minimum de 5 m sur 5, dont les parois doivent être lisses, lavables et comporter une ou deux portes au maximum. La température de la salle d’opération est maintenue autour de 20 °C ; l’air, qui peut jouer un rôle dans la contamination de la plaie opératoire, n’est pas un facteur absolument négligeable. Le bloc opératoire du département septique peut être réduit à des dimensions plus modestes.

Les instruments sont rangés, stérilisés et présentés dans des boîtes en cuivre nickelé, dites « boîtes à instruments » ; ils peuvent être stérilisés soit par la chaleur sèche (Poupinel), soit dans l’étuve humide (autoclave).

Le linge qui sert aux opérations ou à habiller les chirurgiens ainsi que les compresses sont également stérilisés ; mais ces opérations de stérilisation ont lieu dans une salle spéciale annexée au bloc opératoire. La tenue du chirurgien dans la salle d’opération doit être légère et lavable : chemise de sport, pantalon blanc, souliers de toile, au moins pour les séances de quelque durée, avec vestiaire et douches à la sortie. Chaque fois que la disposition matérielle s’y prête, il est souhaitable d’installer un sas à l’entrée et à la sortie de la salle d’opération, plus exactement du bloc opératoire, afin que l’opérateur et ses assistants puissent abandonner complètement leurs vêtements de ville et revêtir des vêtements propres. Après s’être lavé les mains, l’opérateur revêt une casaque de linge stérile, ample, fermant dans le dos, à manches longues, munie de poignets en tricot de coton, qui devra être changée pour chaque opération. Il met des gants de caoutchouc stérilisés. L’équipement des aides est identique à celui de l’opérateur. L’entrée en salle d’opération de toute personne en tenue de ville, non revêtue d’une blouse blanche et propre, d’un masque, de bottes de toile doit être rigoureusement proscrite. Le chirurgien, les aides, l’anesthésiste et réanimateur, le panseur ou la panseuse constituent l’équipe chirurgicale.


Avant l’opération

Une opération chirurgicale doit être « indiquée », c’est-à-dire reconnue utile et opportune à partir du diagnostic exact. Le futur opéré est examiné attentivement, cliniquement bien entendu, radiologiquement quelquefois, biologiquement de façon à tester les différentes constantes humorales ; lorsqu’il y a un déséquilibre, il faut s’efforcer de le corriger avant l’intervention chirurgicale. La peau doit être soigneusement préparée ; les petites lésions septiques, folliculite, acné, constituant un élément d’infection non négligeable, l’opération doit être ajournée jusqu’à leur complète disparition ; de même, l’eczéma des plis, l’intertrigo doivent être traités et guéris avant l’intervention, lorsque les téguments sont sains ; la préparation consiste à raser la peau, à la laver à l’eau tiède et au savon, puis à l’alcool, et à la recouvrir d’un pansement aseptique la veille de l’opération.