Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chine (suite)

Données techniques

L’argile plastique mêlée d’eau est la base de tout produit céramique. Sa dureté est fonction du degré et de la durée de sa cuisson (700 à 800 °C pour une terre cuite, 1 450 °C pour certaines porcelaines). Pour pallier la porosité de la pâte, les Chinois découvrirent, dès le milieu du IIe millénaire av. J.-C., l’emploi de couvertes naturelles à base de cendres végétales. La condensation sous la voûte d’un four clos entraîne des retombées qui adhèrent à la surface des récipients. Ce résultat, accidentel, fut recherché volontairement par la suite. Il accéléra l’évolution de la poterie chinoise vers le grès (argile cuite à haute température, vitrifiée et imperméable) et la porcelaine*. À partir de la fin du Ier millénaire av. J.-C., un autre moyen d’assurer l’imperméabilité des pièces est l’emploi de glaçures plombifères ou alcalines, procédé déjà connu des Achéménides et des Parthes.

La surface d’une poterie peut être masquée par l’application d’un engobe (argile délayée). Il est utilisé soit pour cacher les imperfections du corps, soit pour servir de fond à un décor peint ; ainsi glaçures et couvertes sont souvent posées sur un engobe.

Les glaçures, cuites au petit feu (800 °C) sont appliquées sur des terres cuites (Han et Tang par exemple) ou sur les biscuits (à partir des Ming). Elles sont colorées par des oxydes métalliques : cuivre (vert), fer (brunâtre), cobalt (bleu), antimoine (jaune) et, à partir des Yuan, manganèse (violet).

Les couvertes naturelles varient du vert au brun suivant le mode de cuisson (en réduction ou en oxydation). Posées sur les grès ou les porcelaines et cuites à haute température, elles ne peuvent être colorées qu’avec des oxydes de grand feu (cuivre, fer ou cobalt). La peinture sous une couverte blanche et transparente, à base de ces mêmes métaux, a donné naissance aux « bleu et blanc », aux « rouge et blanc » et aux « flambés ». Ces pièces ne subissent qu’une cuisson. En revanche, la peinture sur couverte, qui utilise les émaux, nécessite deux cuissons. Ces émaux, qui se révèlent à petit feu, sont appliqués sur la pièce déjà cuite. Inventés sous les Song, la gamme de leurs couleurs est encore réduite. Elle s’élargit sous les Ming et aboutit sous les Qing (Ts’ing) aux « familles » verte, rose et noire.

Les couvertes ont souvent tendance à se fendiller. Ces craquelures, dues à l’origine à des accidents de cuisson, furent provoquées par la suite, ici encore, à des fins esthétiques.

F. D.

➙ Asie centrale (art de l’) / Chang (époque) / Corée / Han (époque) / Ivoires / Japon / Laque / Ming (époque) / Pagode / Pékin / Porcelaine / Six Dynasties (Trois Royaumes et) / Song (époque) / T’ang (époque) / Tch’an et Zen dans l’art / Tcheou et des Royaumes combattants (époque) / Touen-houang / Ts’ing (époque) / Yuan (époque).

 M. Paul-David, Arts et styles de la Chine (Larousse, 1953). / L. Sickman et A. C. Soper, The Art and Architecture of China (Harmondsworth, 1956). / O. Sirén, Chinese Painting (Londres, 1956-1958 ; 7 vol.). / D. Lion-Goldschmidt, les Poteries et porcelaines chinoises (P. U. F., 1957). / W. Speiser, China, Geist und Gesellschaft (Baden-Baden, 1959 ; trad. fr. Chine, esprit et société, Albin Michel, 1960). / J. Cahill, la Peinture chinoise (Skira, 1960). / M. Sullivan, An Introduction to Chinese Art (Berkeley, 1961 ; trad. fr. Introduction à l’art chinois, le Livre de poche, 1968). / P. C. Swann, Art of China, Korea and Japan (Londres, 1963 ; trad. fr. l’Art de la Chine, de la Corée et du Japon, Larousse, 1964). / N. Vandier-Nicolas, Art et sagesse en Chine (P. U. F., 1963). / W. Willetts, Foundations of Chinese Art (Londres, 1965 ; trad. fr. l’Art de la Chine, Edita, Lausanne, 1968). / S. Matsubara, Arts of China. Buddhist Caves Temples (Tōkyō, 1969). / M. Pirazzoli-t’Serstevens, Chine (Office du livre, Fribourg, 1970). / Trésors d’art chinois, exposition archéologique au Petit Palais, Paris (1973).

Chippendale (Thomas)

Ébéniste et ornemaniste anglais (Otley, Yorkshire, v. 1718 - Londres 1779).


L’Angleterre, qui définit son architecture du xviiie s. style Adam*, dénomme son ameublement style Chippendale : discrimination curieuse, l’origine commune de la formule qu’ont appliquée ces maîtres étant imputable en fait à leur devancier commun, l’architecte William Kent (1685-1748). D’ailleurs, la renommée des Adam comme celle de Chippendale tient moins à leur œuvre personnelle de praticiens qu’à leurs publications. Thomas Chippendale, fils d’un sculpteur ornemaniste, prit ses commencements comme menuisier en sièges. Dès 1754, il faisait paraître le fameux Gentleman and Cabinet Maker’s Director, destiné non seulement aux gens de métier auxquels il proposait des modèles, mais aux particuliers, nouveauté qui assura la réputation de l’auteur et fut sanctionnée par son admission à la Royal Society of Arts de Londres.

Chippendale y témoigne d’un éclectisme, voire d’un syncrétisme où se mêlent avec les formes spécifiquement anglaises, c’est-à-dire gothiques, les emprunts à la Hollande, à la Renaissance italienne et plus précisément palladienne, depuis longtemps prônée par les architectes britanniques. À ces sources, Chippendale ajoute la chinoiserie, en vogue sous George III. Certains de ses dessins constituent même des transpositions de la rocaille française, si franchement avouées que l’artiste les définit par des mots français. Mais ce ne sont là pour lui que des thèmes qu’il combine avec nouveauté, se réglant sur l’emploi d’un bois nouvellement importé du Honduras, l’acajou, dont l’apparition dans le meuble anglais peut être datée des années 1725 ; il remplaça le noyer de l’ébénisterie traditionnelle.

L’interpénétration des éléments choisis par Chippendale dans les répertoires occidentaux n’a pas été sans déterminer des produits singuliers, souvent plus capricieux que rationnels. Cependant, ses décors géométriques, encore que d’inspiration chinoise, atteignent souvent à une élégance un peu maigre mais originale. Le maître, si ouvert aux idées, sera des premiers, en 1762, révisant la troisième édition de son Director, à adopter le formalisme à l’antique introduit par les frères Adam dès leur retour d’Italie, en 1758 ; il précédait ainsi les propres publications de ces derniers.