Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chine (suite)

En conclusion, il semble que les dirigeants de la Chine aient réussi, dans une large mesure, à replacer l’A. P. L. dans la ligne révolutionnaire maoïste. Pourtant, les tendances professionnelles ne sont pas éteintes pour autant, ce qui est inévitable, compte tenu du fait que cette armée, qui se veut avant tout révolutionnaire, est contrainte d’être en même temps une force moderne. Le caractère paradoxal de cette situation n’est peut-être qu’une apparence, car il est assurément conforme au mode de pensée chinois, essentiellement dialectique, c’est-à-dire recherchant la vérité dans la continuelle opposition des contraires.

A. de V.

 J. Guillermaz, Histoire du parti communiste chinois (Payot, 1949-1972 ; 2 vol.). / L. M. Chassin, la Conquête de la Chine par Mao Tse-tung (Payot, 1952 ; nouv. éd., 1963). / Mao Tse-tung, Œuvres choisies, 1926-1945 (Éd. sociales, 1955-1959 ; 4 vol.) ; Œuvres choisies, 1945-1949 (Éd. de Pékin, 1965) ; Écrits militaires (Éd. de Pékin, 1965). / Liu Chih-pu, A Military History of Modern China, 1924-1949 (Princeton, 1956). / Tchiang Kai-shek, Comment les communistes se sont emparés de mon pays (trad. de l’angl., Morgan, 1958). / E. Joffre, Party and Army. Professionalism and Political Control in the Chinese Officer Corps, 1949-1964 (Cambridge, Mass., 1965). / J. Gittings, The Role of the Chinese Army (Londres, 1967). / S. B. Griffith, The Chinese People’s Liberation Army (New York, 1967).


Les arts de la Chine

Par-delà une apparente continuité de trois mille ans de chefs-d’œuvre, l’art chinois, grâce aux fouilles et aux recherches historiques, se révèle chaque jour plus complexe dans ses expressions régionales et dans son évolution. Les tendances esthétiques chinoises établissent une échelle de valeurs artistiques différente de celle de l’Occident. Architecture et sculpture sont considérées comme œuvres d’artisans au même titre que la céramique, le bronze ou le laque* ; la calligraphie et, plus tard, la peinture occupent en revanche une place privilégiée. Moyens d’expression de la pensée, elles représentent aux yeux des Chinois la création artistique la plus accomplie.

Petit vocabulaire fondamental des arts de la Chine

bi ou pi, disque de jade perforé trouvé dans les tombes des premières dynasties (symbole du ciel ?).

caoshu ou tsao-chou, écriture cursive.

fengshui ou fong-chouei, ensemble de prescriptions géomantiques déterminant jadis le choix d’un site. On prenait en considération la direction des vents (feng) [fong] et l’orientation des eaux (shui) [chouei].

guanyin ou kouan-yin, forme féminine chinoise du bodhisattva Avalokiteśvara. À partir de l’époque Song, la divinité est représentée avec de nombreux bras et de neuf à onze têtes. Elle siège sur un rocher au milieu des flots.

jiaguwen ou kia-kou-wen, inscriptions sur os et écailles de carapace de tortue.

kaishu ou k’ai-chou, écriture régulière.

leiwen ou lei-wen, « motif du tonnerre », spirales formant le fond du décor des bronzes archaïques.

lishu ou li-chou, écriture des scribes.

mingqi ou ming-k’i, substituts en bois, en métal ou en terre cuite des victimes sacrificielles ou des objets enterrés avec le mort.

shanshui ou chan-chouei, « montagne et eau », peinture de paysage.

ta ou t’a, pagode.

taotie ou t’ao-t’ie, « glouton ». Monstre mythique composé d’une tête sans mâchoire inférieure. Motif décoratif des bronzes Shang.

wenren hua ou wen-jen houa, peinture des lettrés.

xingshu ou hing-chou, écriture courante.

yingbi ou ying-pi, mur écran placé derrière la porte d’entrée pour interdire l’accès de la maison aux mauvais génies. On dit encore zhaobi ou tchao-pi.

zhuanshu ou tchouan-chou, écriture sigillaire.

zong ou tsong, tube, ouvert aux deux bouts, encastré dans un bloc rectangulaire en jade (symbole de la terre ?).


Écriture et calligraphie

Les inscriptions oraculaires de la dynastie des Shang (Chang*) constituent les documents les plus anciens que nous connaissions de l’écriture chinoise. Ces caractères, tracés d’abord au pinceau puis gravés sur l’os (jiaguwen), sont pictographiques ou idéographiques. Certains sont même déjà formés de combinaisons abstraites. Sous les Zhou (Tcheou*) et les Royaumes combattants (xiie-iiie s. av. J.-C.) apparaissent sur les bronzes rituels des inscriptions en grands caractères sigillaires (ainsi appelés car ils furent utilisés plus tard pour les sceaux). Au début des Qin (Ts’in) [iiie s. av. J.-C.], ce type de graphie fut simplifié en « petit sigillaire ».

Le tournant décisif dans l’évolution de l’écriture chinoise se situe entre le iiie et le ier s. av. J.-C., avec l’adoption d’une écriture nouvelle, plus facile à tracer et mieux adaptée aux ressources du pinceau : le lishu, ou « écriture des scribes ». Ce style fut adopté peu à peu par les membres de l’administration impériale et se développa sous les Han*. À cette époque, ces caractères angulaires qui permettaient des traits modulés donnèrent naissance à trois formes d’écriture, utilisées jusqu’à nos jours par les calligraphes : l’écriture régulière, ou kaishu ; le xingshu, ou écriture courante ; le caoshu, cursive rapide employée à l’origine pour les brouillons.

Dès la fin des Han, les artistes utilisèrent la puissance d’évocation des caractères à des fins purement plastiques. La calligraphie, dégagée de son rôle utilitaire, devint un art indépendant, visant à une création individuelle spontanée. Les grands maîtres du ive s., dont Wang Xizhi (Wang Hi-tche) et son fils Wang Xianzhi (Wang Sien-tche) sont les plus illustres représentants, donnèrent au caoshu sa forme définitive. Leur style, plein d’aisance et de grâce, reste pour la postérité un modèle inégalé. Sobriété et vigueur intérieure caractérisent les œuvres de l’époque Tang (T’ang*). En outre, il ne faut pas négliger un courant hétérodoxe où des artistes indépendants, comme Zhang Xu (Tchang Hiu) au viiie s., élaborent un style personnel, libéré de toute convention.

La pierre à encre, l’encre, le pinceau et le papier (ou la soie) sont les matériaux du calligraphie et plus tard du peintre de lavis.

L’encre, séchée sous forme de bâtonnets, est faite de noir de fumée additionné de résine ou de colle animale. Frottée avec plus ou moins d’eau sur une pierre servant d’encrier, elle permet d’obtenir toutes les valeurs de noirs et de gris.