Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chine (suite)

La construction de matériel roulant s’est considérablement développée depuis 1955 : automobiles et camions, surtout, à Changchun (Tch’ang-tch’ouen) au Jilin (Ki-lin) [principale usine chinoise], à Pékin, à Jinan (Tsi-nan), à Nankin et à Shanghai notamment. Les tracteurs sont construits à Luoyang (Lo-yang) au Henan (première usine chinoise), à Tianjin (T’ien-tsin), à Shanghai, à Shenyang (Chen-yang), et les locomotives à Changchun, à Shijiazhuang (Che-kia-tchouang) au Hebei, à Jinan et à Qingdao (Ts’ing-tao). Les ports de Dalian (Ta-lien) [Dairen], de Tianjin, de Shanghai et de Wuhan possèdent les principaux chantiers de constructions navales. La construction de machines et de matériel électrique est localisée surtout dans les centres industriels les plus anciennement développés, qui sont les suivants : Dalian, Tianjin, Qingdao, Wuhan, Shanghai et Shenyang (premier centre chinois pour ces branches d’activité).

L’industrie chimique est restée longtemps le point faible de l’économie, mais elle a bénéficié d’un effort considérable depuis quelques années (et en particulier grâce à l’importation d’usines des pays occidentaux). De grandes usines d’engrais (plus de 100 000 tonnes par an) sont implantées à Shenyang, à Taiyuan, à Kaifeng (K’ai-fong), à Chongqing et à Canton. Jilin (Ki-lin) et Fushun sont de grands centres de carbochimie, et Dalian, Lanzhou (Lan-tcheou), Nankin et Shanghai traitent les produits pétroliers. Shanghai est le premier centre de l’industrie chimique légère.

L’industrie textile est le grand secteur traditionnel de l’industrie et occupe le premier rang parmi les industries légères du pays. Shanghai reste le grand centre de l’industrie textile (le tiers des broches du pays), mais d’importantes unités ont été implantées à partir de 1952 (notamment dans les régions productrices de matières premières) : pour le coton, Pékin, Shijiazhuang, Tianjin, Handan (Han-tan) et Zhengzhou (Tcheng-tcheou) dans la Grande Plaine du Nord, Xi’an (Si-ngan) et Xianyang (Hien-yang) dans la vallée de la Wei, Wuhan et Shashi (Cha-che) sur le moyen Yangzi, Chongqing au Sichuan, Ouroumtsi et Kachgar au Xinjiang (Sin-kiang) ; pour la soie, Wuxi (Wou-si) et Suzhou (Sou-tcheou) dans le delta du Yangzi, Hangzhou (Hang-tcheou), qui traite aussi le jute, Nanchong (Nan-tch’ong) au Sichuan, Foshan (Fo-chan) et Canton, Kachgar au Xinjiang.

La dernière-née, l’industrie nucléaire, témoigne du remarquable développement scientifique de la Chine : en 1966, cinq réacteurs atomiques fonctionneraient à Pékin, à Baotou, à Shenyang, à Xi’an et à Chongqing, et Lanzhou posséderait une usine de diffusion gazeuse enrichissant l’uranium.

P. T.

➙ Asie de la mousson / Canton / Chang-hai / Chan-si / Chan-tong / Chen-si / Chen-yang / Fou-kien / Harbin / Hei-long-kiang / Ho-nan / Hongkong / Ho-pei / Houang-ho / Hou-nan / Hou-pei / Kan-sou / Kiang-si / Kouang-tong / Kouei-tcheou / Leao-ning / Macao / Mongolie-Intérieure / Nankin / Ngan-chan / Ngan-houei / Pékin / Sin-kiang / Sseu-tch’ouan / T’ai-wan / Tchö-kiang / Tibet / T’ien-tsin / Yang-tseu-kiang / Yun-nan.

 J. Sion, « l’Asie des moussons », dans Géographie universelle, t. IX (A. Colin, 1928-29 ; 2 vol.). / M. Menguy, l’Économie de la Chine populaire (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1971). / C. Bettelheim, la Construction du socialisme en Chine (Maspero, 1965). / R. Dumont, Chine surpeuplée, tiers monde affamé (Éd. du Seuil, 1965). / T. R. Tregear, A Geography of China (Londres, 1965) ; Economic Geography of China (Londres, 1970). / Académie des sciences de l’U. R. S. S., Physical Geography of China (trad. du russe, New York, 1969 ; 2 vol.). / K. Buchanan, The Transformation of the Chinese Earth (Londres, 1970 ; trad. fr. l’Espace chinois, A. Colin, 1973). / J. Pezeu-Massabuau, la Chine (A. Colin, coll. « U2 », 1970). / G. Étienne, la Vie chinoise. La longue marche de l’économie, 1949-1974 (P. U. F., 1974). / P. Gentelle, la Chine (P. U. F., coll. « Magellan », 1974).


La littérature chinoise


Introduction

La contribution de la Chine à la littérature mondiale est sans équivalent sur le plan de la quantité et de l’extension dans le temps. Voilà plus de vingt-cinq siècles que les Chinois écrivent dans la même langue. Dès avant notre ère, il s’établit un véhicule de l’expression écrite qui ne subit guère de changements au cours du temps. Si la langue parlée a évolué, la langue classique, ou langue écrite, s’est maintenue semblable à elle-même grâce aux efforts des lettrés chinois, qui considéraient comme de leurs prérogatives essentielles de pouvoir la lire et l’écrire. Si bien qu’aujourd’hui, compte tenu des nuances dues à l’époque, au genre littéraire ou au génie de l’auteur, il n’est pas plus difficile, si ce n’est plus facile, de lire un texte du ier s. qu’une œuvre rédigée il y a cent ans. Mis à part les genres littéraires considérés comme mineurs, les écrits à caractère noble ou savant sont rédigés dans cette langue « classique » qui possède son vocabulaire, sa grammaire et qui se caractérise par sa concision et son pouvoir de suggestion. Sans les catastrophes naturelles, les incendies, les guerres et les troubles qui jalonnent l’histoire de la Chine et furent fatals à un grand nombre d’œuvres anciennes, on posséderait un corpus littéraire impressionnant. Tel qu’il subsiste à l’heure actuelle, grâce au profond respect qu’ont toujours manifesté les habitants du Céleste Empire pour la chose écrite et à leur souci de la transmettre à la postérité, il défie encore les connaissances humaines.

La littérature classique de la Chine brille surtout dans deux domaines : l’histoire et la poésie. Le Classique des documents (Shujing [Chou-king]) fait preuve du vif intérêt que les Chinois portent dès la haute Antiquité au déroulement des faits. Histoires dynastiques officielles, histoires privées, archives, recueils d’anecdotes vécues, biographies, encyclopédies, cet immense corpus littéraire témoigne d’une tournure d’esprit très « historique » qui ne s’est jamais démentie au cours des siècles. Si beaucoup de ces ouvrages n’ont de valeur que documentaire, d’autres, que l’on doit au pinceau de grands écrivains, sont également des œuvres littéraires. Mais l’histoire s’infiltre dans bien d’autres domaines que celui qui lui est réservé. Les Chinois aiment en effet raisonner par analogie et par allusion. Aussi le passé est-il devenu un immense réservoir d’anecdotes chargées de sens moral ou politique. Confucius, le premier, aurait revu la rédaction des Annales des printemps et automnes (Chunqiu [Tch’ouen-ts’ieou]) pour en faire un manuel d’éducation, selon ce principe que pour toute situation il existe un précédent. Le passé est une leçon permanente et un livre de recettes dont le souverain doit savoir tirer parti. Il est courant de répondre à une question par une citation qui replace le problème actuel dans un contexte ancien connu et donne en même temps la solution agréée par la tradition. Les œuvres littéraires, même les poèmes, sont émaillées de références à des personnages historiques ou à des faits célèbres devenus avec le temps la définition d’un sentiment ou le symbole d’une idée. Que de poèmes évoquent Qiao Wangzi (K’iao Wang-tseu), qui, dit-on, monta au ciel sur une grue et devint immortel ! Ce simple nom suffit à faire surgir dans l’esprit des Chinois tout un monde de légendes taoïstes et tous les désirs inassouvis d’immortalité. C’est ce qui rend souvent obscure ou insipide la lecture des textes chinois à ceux qui ne possèdent pas ce bagage culturel.