chimie (suite)
La théorie moderne permet en principe le calcul a priori de tous ces phénomènes. À un ensemble d’atomes, elle assigne une énergie en fonction de leurs distances mutuelles. Certaines configurations correspondant à des minimums d’énergie représentent des molécules (uniques ou juxtaposées). La différence de niveau entre deux minimums donne la chaleur de réaction entre les deux configurations. Pour passer de l’une à l’autre, il faut franchir une « montagne d’énergie » dont le point le plus bas (le col) définit l’énergie d’activation (fig. 1 pour le schéma de principe ; fig. 2 pour la surface représentant le système de trois atomes). On voit que, dans cette représentation, les atomes (les éléments) étant donnés, les molécules (les espèces) et leurs transformations mutuelles (les réactions) sont déterminées, les unes et les autres : la chimie est terminée... en principe.
Analyse et synthèse
Mais la chimie reste une science expérimentale. Outre le raffinement des théories sur la structure, l’énergie, les assemblages d’atomes, de nombreuses tâches la sollicitent.
En analyse, des méthodes plus rapides, plus sensibles, plus précises, se prêtant à l’automatisme sont nécessaires pour améliorer la surveillance des procédés industriels aussi bien que celle de la santé des hommes ; pour affiner notre connaissance des processus biologiques autant que celle des événements géologiques ; pour comprendre et surveiller l’écologie comme pour chercher les matières premières que nous devons arracher aux roches ou aux océans.
De la synthèse nous devons attendre, de plus en plus, des matériaux nouveaux doués de propriétés particulières que n’offrent pas (au même degré au moins) les produits naturels ou ceux qui sont tirés sans grande élaboration des matières premières courantes (plastiques, semi-conducteurs, supraconducteurs, produits photo-électriques, piézo-électriques, électro-optiques, etc.). Nous devons aussi lui demander de substituer aux matériaux naturels rares, à cycle naturel très long, des produits artificiels obtenus à partir de ressources naturelles abondantes et (ou) d’éléments à cycle naturel court. Et à ces questions se relie celle d’une gestion intelligente des déchets de la civilisation, avec son aspect économique et social.
Du point de vue philosophique, la synthèse chimique va sans doute culminer dans la création de matière vivante, suscitant ainsi une révolution scientifique aussi profonde que celle qui fut ouverte il y a un siècle à peine par la synthèse des produits inanimés de la vie.
J. G.
G. Lockemann, Geschichte der Chemie in kurzgefasster Darstellung (Berlin, 1950-1955 ; 2 vol. ; trad. fr. Histoire de la chimie, Dunod, 1962). / R. Massain, Chimie et chimistes (Magnard, 1953 ; 4e éd., 1963). / P. Walden, Histoire de la chimie (Lamarre, 1955). / J. Cueilleron, Histoire de la chimie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1957 ; 3e éd., 1969). / J. R. Partington, A History of Chemistry (Londres, 1961-1964 ; 2 vol.). / R. Daudel, la Chimie quantique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1973). / R. Panico, la Chimie organique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1975).