Chimère (suite)
Le dimorphisme sexuel est important : les mâles, plus petits que les femelles, possèdent les organes d’accouplement que nous avons décrits et des ténaculums grâce auxquels ils maintiennent leur partenaire. La fécondation est interne ; les œufs sont enveloppés, comme ceux des Sélaciens, d’une enveloppe cornée. Chaque femelle, malgré sa taille qui atteint parfois 2 m, ne pond que deux œufs par saison. L’incubation est très longue ; on sait peu de chose du développement embryonnaire et juvénile.
Classification
Les Holocéphales comprennent trois familles, qu’on identifie aisément à la forme du rostre : émoussé (Chiméridés), pointu (Rhinochiméridés) ou spatulé (Callorhynchidés). Les Chimères vivent sur les côtes des mers tempérées, en Europe, en Amérique, de la Californie à l’Alaska, et en Afrique du Sud, à des profondeurs moyennes, si bien qu’il n’est pas rare de les voir sur les marchés. Les Rhinochiméridés sont d’eau profonde, et on en connaît peu d’exemplaires. Ils se rencontrent dans l’Atlantique, en Afrique du Sud et au Japon. Les Chimères spatulées sont des Poissons côtiers de l’hémisphère Sud, présents dans toutes les régions tempérées froides : Afrique du Sud, Amérique du Sud, Australie, Tasmanie, Nouvelle-Zélande. Elles pénètrent parfois en eau saumâtre. Leur chair est appréciée et elles font l’objet d’une pêche locale importante.
Outre ces trois familles, les Holocéphales comprennent des formes fossiles, connues depuis le Jurassique. On rapproche également des Chimères d’autres Poissons fossiles, les Bradyodontes, qui ont vécu du Dévonien au Permien. Leurs dents sont simples et non soudées en plaques, mais la plupart des autres caractères sont ceux des Holocéphales. On en faisait autrefois un stade intermédiaire entre Poissons cartilagineux et osseux, en s’appuyant sur des analogies de structures comme l’opercule branchial. On pense aujourd’hui que les Holocéphales sont aussi anciens que les Sélaciens, et qu’ils représentent une voie d’évolution parallèle.
C’est vraisemblablement leur aspect tout à fait inhabituel qui a valu leur nom à ces Poissons, qu’il ne faut pas confondre avec les monstres à tête de lion, au corps mi-chèvre, mi-dragon, issus de la légende de Bellérophon, et dont le Moyen Âge était si friand.
R. B.