Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chen-si (suite)

Le développement urbain de la vallée de la Wei éclipse celui des autres régions de la province : au sud, Han-zhong (Han-tchong) est bien isolée, et la liaison ferroviaire Chengdu - Baoji (Tch’eng-tou - Pao-ki) lui a ôté la traditionnelle fonction de relais que lui conférait sa position aux portes du Sichuan (Sseu-tch’ouan). Au nord, Yulin (Yu-lin) reste un gros marché d’échanges avec la région de l’Ordos, et Yan’an (Yen-ngan), au cœur du Shenbei (Chen-pei), un centre culturel et surtout un centre historique où s’installèrent en 1935, à l’issue de la Longue Marche, les armées communistes, sous la direction de Mao Zedong (Mao Tsö-tong).

P. T.

Chen Tcheou

En pinyin Shen Zhou ; nom social, Qinan (K’i-nan) ; surnom, Shitian (Che-t’ien). Peintre chinois (1427-1509).


Sans en être véritablement le fondateur, Shen Zhou (Chen Tcheou) apparaît comme la personnalité marquante de l’école de Wu (Wou). Sous ce terme, les critiques désignent un groupe de peintres « amateurs » qui vivaient dans le climat intellectuel et artistique de la Suzhou (Sou-tcheou) des Ming, dont le nom ancien était Wu. Issus de familles de l’aristocratie, dotés d’une profonde culture, ces lettrés pouvaient apporter à l’art un esprit détaché et disponible.

Shen Zhou était originaire de Suzhou et appartenait à une famille où les poètes et les artistes étaient nombreux. Dès son jeune âge, il montra des dons pour la peinture, la poésie et la calligraphie, guidé dans sa formation littéraire et artistique par son père et son oncle. Comme eux, il refusa d’entrer dans la carrière officielle pour mener une vie retirée et se consacrer entre amis aux jeux de l’encre et du pinceau. Ses biographes le présentent comme le type même du lettré au cœur noble et généreux, sincère dans la vie de tous les jours comme dans sa peinture.

Shen Zhou étudia d’abord les maîtres des époques classiques (Tang [T’ang], Cinq Dynasties et Song du Nord), puis, sous l’influence des grands paysagistes de l’époque Yuan, Huang Gongwang (Houang Kong-wang*), Ni Zan (Ni Tsan*), Wang Meng (Wang Mong*) et Wu Zhen (Wou Tchen*), commença à acquérir un style personnel. Il copia toute sa vie les œuvres du passé, mais il ne fit jamais preuve d’un éclectisme stérile. Ses études étaient le point de départ d’interprétations personnelles, où il analysait les formes selon sa propre inspiration.

Peintre fécond et divers, Shen Zhou ne se limita d’ailleurs pas à ces recréations « à la manière de ». Il peignit aussi des rouleaux horizontaux, où son tempérament original se donna libre cours, et des feuilles d’album, dont le petit format convenait mieux à une expression spontanée. Fleurs, fruits, animaux ou insectes trouvent une vie nouvelle sous sa touche franche et simple. Les croquis de paysages ou de scènes quotidiennes, esquissés en quelques coups de pinceau, ne semblent faits que pour le plaisir de peindre. Ces œuvres chargées d’intimité touchent parfois davantage notre sensibilité d’Occidentaux que les compositions plus élaborées.

Une des feuilles d’album conservées à Kansas City nous mène au cœur même de ce monde retiré, à l’écart du vulgaire, où vit le sage. Debout à l’extrémité d’un promontoire sortant des brumes, le poète-lettré contemple le vide et écoute le bruit d’un torrent invisible. Au flanc de la montagne, quelques bouquets d’arbres dissimulent un ermitage. La végétation, traitée en coups de pinceau serrés et incisifs, contraste avec la nudité de l’énorme masse rocheuse, au contour épais, qui s’enfonce au centre de la composition. Indispensables l’un à l’autre, la peinture et le poème calligraphié s’harmonisent étroitement pour exprimer l’état d’âme du peintre qui médite devant la nature.

À la fin de l’époque Ming, de nombreux peintres travaillent encore dans l’esprit de Shen Zhou et de son élève le plus doué, Wen Zhengming (Wen Tcheng-ming*). Certains, cependant, ont perdu l’élan créateur de ces deux chefs de file et tombent dans un éclectisme conventionnel. Mais, face à l’« excentricité » de certains individualistes de la fin des Ming et du début des Qing (Ts’ing), l’école de Wu reste un courant où dominent la mesure et la sérénité, le reflet d’un art discipliné dont Shen Zhou fut le maître.

F. D.

➙ Ming (époque) / Yuan (époque).

Chen-yang

En pinyin Shenyang, v. de Chine, capit. de la province du Liaoning (Leao-ning) ; 3 200 000 hab.


La ville s’est développée sur la rive droite du Hunhe (Houen-ho), affluent du Liaohe (Leao-ho), à l’emplacement d’une antique place forte protégeant les accès vers la plaine de Chine du Nord et connue sous le nom de Hou-cheng (Heou-tch’eng) sous la dynastie Han, puis de Shenzhou (Chen-tcheou) sous les Tang (T’ang). C’est à la dynastie mongole des Yuan qu’elle doit son nom de Shenyang (Chen-yang), nom qui sera repris beaucoup plus tard par la Chine populaire.

En 1625, la ville est prise par les Mandchous, qui la nomment alors Moukden ; elle va devenir la « seconde capitale » de la dynastie mandchoue, et un palais impérial, à l’image de celui de Pékin, y est édifié en 1637.

L’éminente position de Moukden dans la plaine du Liaohe (Leao-ho) et au cœur d’une région particulièrement riche en matières premières (charbon et minerai de fer notamment) lui vaut d’être choisie par les Japonais comme base industrielle de l’État du Mandchoukouo, qu’ils créent en Mandchourie en 1932. Une ville nouvelle et les quartiers industriels du district de Tiexi (T’ie-si) se développent alors à partir de 1935 à l’est de la vieille ville murée chinoise, et, en 1939, Moukden compte plus de 100 usines (dont la moitié appartiennent aux industries métallurgiques et mécaniques), employant 80 000 salariés. C’est en quelques années un essor urbain considérable : 520 000 habitants en 1935, 1 140 000 en 1940.