Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chen-si

En pinyin Shănxi, province de la Chine du Nord ; 195 800 km2 ; 21 millions d’habitants (en 1964). Capit. Xi’an (Si-ngan).


Le Shănxi (Chen-si) s’étend sur plus de 1 000 km du nord au sud, du désert de l’Ordos à la bordure septentrionale de la province du Sichuan (Sseu-tch’ouan).

Au nord, dans la grande boucle du fleuve Jaune, s’étendent les plateaux du Shenbei (Chen-pei), dont l’altitude moyenne s’élève de 800 m au sud-est à 1 500 m au nord-ouest et qui constituent le plus vaste ensemble de plateaux de lœss de la Chine du Nord.

Au centre, sur 300 km d’ouest en est, s’ouvre un bassin d’effondrement qui s’épanouit à l’est de Xi’an (Si-ngan) pour former la plaine du Guan-zhong (Kouan-tchong) et qu’emprunte un des deux seuls grands affluents du fleuve Jaune, la Wei.

La chaîne des Qinling (Ts’in-ling), de 2 000 à 3 000 m d’altitude moyenne, anticlinorium de granites, de gneiss et de schistes cristallins, sépare le bassin de la Wei de celui de la Han, au sud, dont la vallée supérieure constitue la partie méridionale de la province.

L’imposante masse des Qinling (Ts’in-ling) et son orientation sont ici un élément géographique capital : alors que le bassin de la Han jouit d’un climat doux et relativement humide (moyenne de janvier 3 °C, de juillet 26 °C et plus de 800 mm de précipitations), le total annuel des précipitations ne dépasse guère 450 mm au nord de la chaîne et est inférieur à 300 mm aux confins septentrionaux de la province, où l’amplitude annuelle des températures devient importante (moyenne de janvier – 8 °C, de juillet 25 °C).

Par son climat, la vallée de la Han évoque déjà le Sichuan (Sseu-tch’ouan) et sa richesse agricole (riz, thé, mûrier, etc.). Les plateaux du Shenbei (Chen-pei), au contraire, offrent les conditions les plus dures à toute activité agricole : les récoltes y sont très aléatoires en raison de l’indigence des précipitations, et le millet, peu exigeant, occupe l’essentiel des terres cultivées. Celles-ci ne représentent guère que 10 p. 100 environ de l’ensemble du Shenbei (Chen-pei) et encore ne sont-elles conservées qu’au prix d’un travail considérable. Le lœss, qui tapisse toute la région sur des épaisseurs énormes (pouvant atteindre 100 m), est la proie d’une érosion intense, et de vastes surfaces sont rapidement réduites à une succession de profondes ravines et d’étroites crêtes ; dans bien des districts de la partie orientale de cette région, plusieurs milliers de tonnes de lœss par kilomètre carré sont ainsi entraînées chaque année vers le fleuve Jaune. La protection et la mise en valeur de tout cet ensemble furent une des préoccupations majeures des autorités chinoises en matière d’aménagement régional et s’inscrivent dans le cadre du gigantesque plan d’aménagement du fleuve Jaune. La progression des sables de l’Ordos est un autre fléau qui sévit au nord-ouest, où certains districts ont vu ainsi se réduire de moitié et même des deux tiers leurs surfaces cultivables ; aussi, l’installation d’écrans forestiers fut-elle une des premières interventions de grande envergure dans la région : de 1950 à 1954, 20 000 ha de plantations étaient réalisés au sud de la Grande Muraille.

La vallée de la Wei et celles de ses principaux affluents, la Luo (Lo) et la Jing (Tsing), sont les grandes régions agricoles de la province. L’irrigation y est pratiquée depuis plus de deux mille ans (périmètre de la basse Luo et celui de la Jing [Tsing], 40 000 ha chacun), et, de 1949 à 1955, l’aménagement de cinq grands canaux à partir de la Wei a ouvert un nouveau périmètre irrigué de 30 000 ha. Les meilleures terres donnent deux récoltes annuelles : blé d’hiver — qui est la culture essentielle (de 40 à 70 p. 100 des terres cultivées) —, suivi de maïs. Haricots et millet sont les principales cultures secondaires. Les progrès de l’irrigation ont surtout permis le développement de la culture du coton (50 p. 100 des terres cultivées de la basse Luo [Lo]), qui constitue le trait le plus remarquable de l’évolution actuelle de cette agriculture.

Comme le Shānxi (Chan-si) voisin, le Shănxi dispose de vastes gisements de charbon, notamment la « ceinture noire » au sud du plateau de Shenbei (Chen-pei). Mais le relief très accidenté, la faible épaisseur des couches, l’isolement de la région en ont limité jusque-là l’exploitation. Les seules grandes installations modernes d’extraction sont celles de Tong-chuan (T’ong-tch’ouan) [5 milliards de tonnes de réserves]. Au nord, le pétrole, découvert en 1907 par les Japonais, est exploité à Yanchang (Yen-tch’ang), dont la production semble encore très limitée.

Mais c’est le coton qui est à l’origine de la grande activité industrielle de la province : cinq grandes filatures, notamment, ont été installées entre 1952 et 1956 à Xianyang (Sien-yang) et à Xi’an (Si-ngan), dont l’importance dépasse largement le cadre provincial.

La ligne ferroviaire qui relie Chengdu (Tch’eng-tou) [chef-lieu du Sichuan (Sseu-tch’ouan)] à Baoji (Pao-ki), réalisée en 1958, et la prolongation du « Transchinois » (voie du Longhai [Long-hai]) vers le Xinjiang (Sin-kiang) [qui atteint Ouroumtsi en 1963] ont fait renaître le rôle historique de la vallée de la Wei dans les relations entre la Chine orientale et l’Asie centrale, et font du Shănxi une base essentielle pour le développement de l’Ouest chinois.

Baoji (Pao-ki) est ainsi devenue la « plaque tournante » du Nord-Ouest, fonction entraînant le développement d’importantes activités industrielles (biens d’équipements, matériel ferroviaire).

Xi’an (Si-ngan), la capitale, a connu un essor considérable : 500 000 habitants en 1949, 1 500 000 en 1964. C’est actuellement le plus grand centre de l’industrie textile de la Chine du Nord-Ouest, et les constructions mécaniques et électriques tiennent une place remarquable dans l’ensemble des autres branches d’activités développées plus récemment.