Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chauve-Souris (suite)

Vie sexuelle, reproduction et développement

Les jeunes Chauves-Souris ne sont adultes qu’à douze-quinze mois. Comme chez les petits Rongeurs, la promiscuité sexuelle est totale. Quand une femelle se trouve en état de réceptivité, elle est couverte par le premier mâle venu.

Après l’acte sexuel, il n’existe aucune relation entre les deux partenaires. C’est en automne qu’ont lieu les accouplements, peu avant l’hibernation. Pendant cette période, la semence du mâle reste dans les voies génitales de la femelle. Au printemps, dès le réveil, l’ovulation se produit. La fécondation s’ensuit rapidement, et, après une durée de gestation variable suivant les espèces, le petit vient au monde, en général en présentation postérieure. La mère, qui est pendue à son support la tête en bas, s’accroche avec les griffes de ses pouces pour prendre une position horizontale. La membrane interfémorale est rabattue sur le ventre pour y recevoir le jeune. Aussitôt né, celui-ci se cramponne au ventre de sa mère et rampe vers un mamelon, auquel il s’accroche solidement, et se maintient contre sa mère, serré contre sa fourrure. La mère rompt le cordon ombilical très rapidement. Une dizaine de minutes plus tard, elle a déjà repris sa position normale tête en bas. Le petit, ainsi étroitement cramponné à sa mère, va évoluer pendant quatre à cinq semaines. La mère l’emmène à la chasse et dans toutes ses sorties. L’allaitement dure pendant tout ce temps ; le sevrage survient à sept-huit semaines. Toutes les dents de lait sont remplacées, et le petit peut manger des Insectes.


Les ennemis des Chauves-Souris

L’Homme est parfois l’ennemi de ces animaux. Dans les campagnes, les Chauves-Souris n’ont jamais eu une bonne réputation. Les femmes s’imaginent encore que celles-ci peuvent s’empêtrer dans leurs cheveux ! C’est indirectement que l’Homme hâte leur disparition, par des pesticides qui sont employés dans une large mesure en agriculture. Il s’ensuit une raréfaction de leurs proies, et, de plus, les Insectes sont imprégnés eux-mêmes de produits toxiques, qui le sont également pour ceux qui en font leur nourriture.

Les Oiseaux de proie, Hobereaux, Éperviers, Faucons pèlerins, attrapent les Chauves-Souris dans des arbres creux quand elles sont endormies. Les petits Carnivores savent les chasser : Chats, Putois, Belettes, Fouines les cherchent dans les bâtiments désaffectés qui les abritent.

À l’heure actuelle, on tend de plus en plus à protéger les Chauves-Souris. Au Texas, on a construit des tours pour les abriter, car elles y sont utiles pour chasser les Moustiques.


Longévité

Depuis la technique du baguage des Chauves-Souris, on a pu avoir des précisions sur leur durée de vie. Celle-ci est longue. Les petits Mammifères de même taille (Souris, Musaraignes) ont une longévité qui oscille autour de deux ans ; chez les Chiroptères, la vie dure au moins vingt ans. Cela tient probablement aux hibernations, qui évitent l’usure des animaux.

Voici un tableau qui donne quelques précisions (la durée de la vie active représente à peine la moitié des chiffres de ce tableau) :
Vampire
(Desmodus gigantus) : 17 ans ;
Roussette
(Pteropus gigantus) : 12 ans ;
Barbastelle
(Barbastella barbastellus) : 7 ans et demi ;
Minioptère
(Miniopterus Schreibersi) : 14 ans et demi ;
Petit Fer-à-Cheval
(Rhinolophus hipposideros) : 14 ans et demi ;
Grand Fer-à-Cheval
(Rhinolophus ferrum equinum) : 18 ans et demi.

P. B.

 M. Eisentraut, Die deutschen Fledermäuse (Leipzig, 1937). / F. Bourlière, Vie et mœurs des Mammifères (Payot, 1951). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII, fasc. II, les Mammifères (Masson, 1955). / L. H. Matthews, British Mammals (Londres, 1960). / R. Hainard, les Mammifères sauvages d’Europe (Delachaux et Niestlé, 1961). / D. R. Rosevear, The Bats of West Africa (Londres, 1965). / A. Brosset, la Biologie des Chiroptères (Masson, 1966). / F. H. Van den Brinck, Guide des Mammifères d’Europe (trad. du hollandais, Delachaux et Niestlé, 1967). / D. Pye, Bats (New York, 1970).

chaux

Protoxyde de calcium, anhydre ou hydraté.



Fabrication

La chaux anhydre (CaO), ou chaux vive, s’obtient en calcinant un carbonate de calcium, calcaire assez pur, à une température de l’ordre de 1 000 °C, qui assure la décarbonatation. La cuisson peut se faire soit au four droit, on alternant les charges de calcaire et de combustible, soit au four rotatif, chauffé au fuel ou au gaz si l’on veut éviter l’apport des cendres. En réagissant avec l’eau, la chaux vive donne l’hydroxyde de calcium, Ca(OH)2, chaux éteinte ou chaux grasse. L’extinction peut se faire soit en fosse, soit dans un extincteur rotatif, à la pression atmosphérique ; mais on obtient une chaux éteinte nettement plus fine en hydratant la chaux vive par un excès d’eau sous une pression de l’ordre de 4 kg/cm2 ; l’ouverture brusque de la chambre fait tomber rapidement la pression ; la vapeur d’eau s’échappe de la chambre avec une violence analogue à une explosion — d’où l’appellation de chaux explosée —, entraînant avec elle la chaux hydratée à une finesse moyenne de grains de l’ordre d’un demi-micron.


Applications

La chaux vive et la chaux éteinte reçoivent de très nombreuses applications dans l’industrie et l’agriculture : plus de mille techniques utilisent de la chaux. Celle-ci exerce en effet une action physique et une action chimique.

• Sa propriété physique essentielle est son pouvoir de floculation pour l’argile et les matières organiques colloïdales, qui trouve son application en agriculture et dans les travaux du génie rural et des ponts et chaussées.

• Au point de vue chimique, la chaux est une base qui neutralise l’acidité de certains milieux et permet de fixer diverses impuretés : le phosphore et le soufre en sidérurgie, le pétrole et les graisses dans le gaz d’éclairage ; elle permet de désodoriser les huiles végétales ; elle sert de décapant en tréfilerie et en galvanoplastie. Les industries textiles, papetières, sucrières et autres l’utilisent également. Mais sa trop facile extinction empêche de l’employer seule comme matière réfractaire, malgré sa haute infusibilité. Les débouchés agricoles sont très nombreux : préparation des fongicides et des engrais, sulfatage, amendements par neutralisation des acides humiques et modification de la structure, donc de la perméabilité à l’air, des sols. Les chaufourniers ont ainsi été amenés à disperser leurs installations, encore quelquefois artisanales, et à diversifier leurs productions pour mieux répondre à des demandes variées.

On a ainsi :
— les chaux industrielles, telles que chaux d’aciérie, chaux chimique, chaux de carbure, etc. ;
— les chaux agricoles, telles que chaux ostréicole, chaux viticole, chaux phosphatée, chaux magnésienne, etc., qui, en fait, sont de la chaux éteinte caractérisée par une plus ou moins grande finesse.