Chauve-Souris (suite)
Vie sexuelle, reproduction et développement
Les jeunes Chauves-Souris ne sont adultes qu’à douze-quinze mois. Comme chez les petits Rongeurs, la promiscuité sexuelle est totale. Quand une femelle se trouve en état de réceptivité, elle est couverte par le premier mâle venu.
Après l’acte sexuel, il n’existe aucune relation entre les deux partenaires. C’est en automne qu’ont lieu les accouplements, peu avant l’hibernation. Pendant cette période, la semence du mâle reste dans les voies génitales de la femelle. Au printemps, dès le réveil, l’ovulation se produit. La fécondation s’ensuit rapidement, et, après une durée de gestation variable suivant les espèces, le petit vient au monde, en général en présentation postérieure. La mère, qui est pendue à son support la tête en bas, s’accroche avec les griffes de ses pouces pour prendre une position horizontale. La membrane interfémorale est rabattue sur le ventre pour y recevoir le jeune. Aussitôt né, celui-ci se cramponne au ventre de sa mère et rampe vers un mamelon, auquel il s’accroche solidement, et se maintient contre sa mère, serré contre sa fourrure. La mère rompt le cordon ombilical très rapidement. Une dizaine de minutes plus tard, elle a déjà repris sa position normale tête en bas. Le petit, ainsi étroitement cramponné à sa mère, va évoluer pendant quatre à cinq semaines. La mère l’emmène à la chasse et dans toutes ses sorties. L’allaitement dure pendant tout ce temps ; le sevrage survient à sept-huit semaines. Toutes les dents de lait sont remplacées, et le petit peut manger des Insectes.
Les ennemis des Chauves-Souris
L’Homme est parfois l’ennemi de ces animaux. Dans les campagnes, les Chauves-Souris n’ont jamais eu une bonne réputation. Les femmes s’imaginent encore que celles-ci peuvent s’empêtrer dans leurs cheveux ! C’est indirectement que l’Homme hâte leur disparition, par des pesticides qui sont employés dans une large mesure en agriculture. Il s’ensuit une raréfaction de leurs proies, et, de plus, les Insectes sont imprégnés eux-mêmes de produits toxiques, qui le sont également pour ceux qui en font leur nourriture.
Les Oiseaux de proie, Hobereaux, Éperviers, Faucons pèlerins, attrapent les Chauves-Souris dans des arbres creux quand elles sont endormies. Les petits Carnivores savent les chasser : Chats, Putois, Belettes, Fouines les cherchent dans les bâtiments désaffectés qui les abritent.
À l’heure actuelle, on tend de plus en plus à protéger les Chauves-Souris. Au Texas, on a construit des tours pour les abriter, car elles y sont utiles pour chasser les Moustiques.
Longévité
Depuis la technique du baguage des Chauves-Souris, on a pu avoir des précisions sur leur durée de vie. Celle-ci est longue. Les petits Mammifères de même taille (Souris, Musaraignes) ont une longévité qui oscille autour de deux ans ; chez les Chiroptères, la vie dure au moins vingt ans. Cela tient probablement aux hibernations, qui évitent l’usure des animaux.
Voici un tableau qui donne quelques précisions (la durée de la vie active représente à peine la moitié des chiffres de ce tableau) :
Vampire
(Desmodus gigantus) : 17 ans ;
Roussette
(Pteropus gigantus) : 12 ans ;
Barbastelle
(Barbastella barbastellus) : 7 ans et demi ;
Minioptère
(Miniopterus Schreibersi) : 14 ans et demi ;
Petit Fer-à-Cheval
(Rhinolophus hipposideros) : 14 ans et demi ;
Grand Fer-à-Cheval
(Rhinolophus ferrum equinum) : 18 ans et demi.
P. B.
M. Eisentraut, Die deutschen Fledermäuse (Leipzig, 1937). / F. Bourlière, Vie et mœurs des Mammifères (Payot, 1951). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII, fasc. II, les Mammifères (Masson, 1955). / L. H. Matthews, British Mammals (Londres, 1960). / R. Hainard, les Mammifères sauvages d’Europe (Delachaux et Niestlé, 1961). / D. R. Rosevear, The Bats of West Africa (Londres, 1965). / A. Brosset, la Biologie des Chiroptères (Masson, 1966). / F. H. Van den Brinck, Guide des Mammifères d’Europe (trad. du hollandais, Delachaux et Niestlé, 1967). / D. Pye, Bats (New York, 1970).