Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chateaubriand (François René, vicomte de) (suite)

Tout n’est pas si définitivement noir cependant : à la fin de sa carrière comme au début, Chateaubriand place l’espoir de l’homme dans l’esprit du xviiie s. revivifié par le christianisme. Un monde nouveau doit naître qui apportera cette liberté progressive, fille des lumières, supérieure non seulement au despotisme des âges intermédiaires, mais également à la liberté de l’homme selon la nature. Langage d’un lecteur qui a pratiqué Raynal, Montesquieu, Rousseau, mais surtout langage du christianisme social : « Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil », constate-t-il avec mélancolie à la fin des Mémoires d’outre-tombe. Tel est finalement l’optimisme de ce monarchiste qui prévoit les républiques les plus audacieuses ; de ce chrétien qui se méfie de l’autel ; de cet homme que tout devait rattacher au passé, mais qui ne cessera de contester le présent dans le rêve d’un avenir où le règne effectif du Christ, effaçant les conséquences du premier péché, rendra dérisoire, une fois les révolutions accomplies, le mal de René.

M. R.

➙ Mémoires (les) / Romantisme / Staël (Mme de).

 Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire (Garnier, 1860 ; 2 vol.). / L. Martin-Chauffier, Chateaubriand ou l’Obsession de la pureté (Gallimard, 1943) ; Chateaubriand (Seghers, 1969). / A. Maurois, René ou la Vie de Chateaubriand (Grasset, 1956 ; nouv. éd., Hachette, 1966). / P. Christophorov, Sur les pas de Chateaubriand en exil (Éd. de Minuit, 1961). / H. Guillemin, l’Homme des « Mémoires d’outre-tombe » (Gallimard, 1965). / V.-L. Tapié, Chateaubriand par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1965). / J.-P. Richard, Paysage de Chateaubriand (Éd. du Seuil, 1967). / P. Moreau, Chateaubriand (Ducros, Bordeaux, 1969). / Chateaubriand. Actes du congrès de Wisconsin (Droz, Genève, 1970). / Bicentenaire de Chateaubriand (Lettres modernes, 1971). / G. de La Tour du Pin, Chateaubriand, lequel ? (Denoël, 1973). / P. Barbéris, « René » de Chateaubriand : un nouveau roman (Larousse, 1974) ; Chateaubriand, une réaction au monde moderne (Larousse, 1976).
On peut également consulter le Bulletin de la Société Chateaubriand (publié depuis 1930) ainsi que les deux catalogues des expositions à la Bibliothèque nationale (1948 et 1969).

La vie et l’œuvre de Chateaubriand

1768

4 septembre : naissance à Saint-Malo de François René de Chateaubriand, fils de René Auguste de Chateaubriand et d’Apolline de Bedée. Il est confié jusqu’en 1771 à sa grand-mère maternelle à l’Abbaye, près de Plancoët.

1777-1782

Élève au collège de Dol et, à partir d’octobre 1781, au collège des Jésuites à Rennes. Il passe ses vacances au château de Combourg, que son père avait acheté en 1761 et où la famille s’installe en 1777.

1783

À Brest, où il prépare l’examen de garde de la Marine, puis au collège de Dinan, où il songe à entrer dans les ordres.

1784-1785

Séjour à Combourg, en Bretagne ; intimité avec sa sœur Lucile (née en 1785 1764).

1786-1790

Entre comme cadet, puis sous-lieutenant, au régiment de Navarre.

Mort de son père (6 sept. 1786). Admis dans les carrosses du roi et suit la chasse royale (19 févr. 1787). Assiste à Rennes à l’ouverture des états de Bretagne (29 déc. 1788) et aux premiers troubles sanglants. Séjourne à Paris, fréquente les milieux littéraires ; compose les Tableaux de la nature et publie dans l’Almanach des Muses (1790) une idylle en vers : l’Amour de la campagne.

1791

8 avril : s’embarque à Saint-Malo pour l’Amérique, d’où il repartira le 10 décembre.

1792

21 février : épouse Céleste Buisson de La Vigne, amie de sa sœur Lucile. Double bénédiction nuptiale, par un prêtre réfractaire, puis par un prêtre assermenté (19 mars). Part avec son frère aîné Jean-Baptiste (15 juill.) pour l’armée des Princes, qu’il rejoint à Trêves ; 16 octobre : il est libéré après avoir été blessé au siège de Thionville.

1793-1800

Émigré en Angleterre, à Londres, puis dans le Suffolk, où une idylle 1800 s’ébauche avec Charlotte Ives. Chateaubriand atteint d’un mal de poitrine.

1794

Son frère et le beau-père de celui-ci, Malesherbes, protecteur de Rousseau, défenseur du roi, sont guillotinés (22 avr.).

1797

Publication de l’Essai sur les révolutions (18 mars).

1798

Arrivée de Fontanes à Londres (fin janv.) : amitié naissante. Fontanes repart dès le début de juillet. Fin juin : Chateaubriand apprend la mort de sa mère (31 mai) ; sa troisième sœur, Julie, Mme de Farcy, mourra le 26 juillet 1799.

1800

Chateaubriand débarque à Calais (6 mai) sous le nom de Jean-David Lasagne, né à Boveresse dans la principauté de Neuchâtel. À Paris, Fontanes l’abrite chez Joubert, puis lui obtient un permis de séjour. À l’automne, il fait la connaissance de Mme de Beaumont, fréquente son salon, rue Neuve-du-Luxembourg. À la même époque, Fontanes l’introduit chez sa maîtresse, Elisa Baciocchi, sœur du Premier consul.

1801

Publication anticipée d’Atala (2 avr.), épisode détaché du Génie du christianisme. Long séjour à Savigny-sur-Orge pendant l’été, chez Mme de Beaumont, où il met au point le Génie du christianisme, commencé à Londres en 1799. Au printemps, il voit pour la première fois Mme Récamier chez Mme de Staël.

1802

Publication du Génie du christianisme ou Beautés de la religion chrétienne (14 avr.), dont René forme un épisode.

1803

Nommé secrétaire à la légation de France à Rome, où le cardinal Fesch, oncle du Premier consul et archevêque de Lyon, sera notre ambassadeur. Mme de Beaumont, malade, rejoint Chateaubriand et meurt à Rome le 4 novembre. Il est nommé le 29 novembre chargé d’affaires auprès de la république du Valais. Il voyage en Italie et ne rentre en France qu’au début de l’année suivante.

1804

Envoie sa démission le jour même où le duc d’Enghien est exécuté (21 mars). Cette même année, il perd sa sœur préférée, Lucile, qui s’est probablement suicidée (10 nov.).

1805

Première édition à part de René, joint à Atala, précédée d’une préface (30 mai).

1806-1807