Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chasse (suite)

 T. Burnand, Grosse Bête et petit gibier (Gallimard, 1937) ; Connaissance et pratique de la chasse (Denoël 1965 ; nouv. éd., 1968) ; Dictionnaire de la chasse (Larousse, 1970). / R. Le Franc et R. Ravaur, Toutes les chasses (Vautrin, 1947 ; 2 vol.). / J. E. Benech, Amour de la chasse (Stock, 1949). / P. Langeard, Histoire de la chasse (Le Prat, 1949). / G. M. Villenave (sous la dir. de), la Chasse (Larousse, 1954 ; nouv. éd., 1968). / J. Guilbaud, la Chasse et le droit (Librairies techniques, 1958). / M. Bouché, la Chasse (Sirey, 1963). / L. R. de Riquez, Trucs et astuces pour le tir à la chasse (Crépin-Leblond, 1963). / P. Stanbury et G. L. Carlisle, l’ABC du chasseur (trad. de l’anglais, Béranger, 1964). / H. Gault et C. Millau, Guide Julliard de la chasse (Julliard, 1965). / J. Castaing, Manuel pratique du chasseur (Bornemann, 1969-70 ; 3 vol.). / Histoire mondiale de la chasse (Hachette, 1970). / P. L. Duchartre, Dictionnaire de la chasse (Chêne, 1973). / B. Des Clers, Chasse et nature en Europe (Denoël, 1975).

chasse aérienne

Action menée au moyen d’avions spécialisés, dits « avions de chasse », « chasseurs » ou « intercepteurs », visant la destruction des avions ennemis en vol en vue de protéger certains objectifs contre les attaques aériennes adverses ou de garantir la liberté d’action d’avions amis.



Les origines de la chasse

Dès le début de l’aviation, on a pensé utiliser l’avion comme chasseur, mais, avant 1914, beaucoup doutaient de la possibilité matérielle d’effectuer un tir efficace à partir d’un avion en vol. Le 5 octobre 1914, Frantz et Quénault réussissaient pourtant à abattre un appareil allemand avec une mitrailleuse. Cet exploit renouvelé par d’autres aviateurs décida le commandant de Rosé, qui commandait l’aviation de la Ve armée en Champagne, à créer, le 1er mars 1915, la première escadrille dite « de chasse » — la M. S. 12 —, équipée de Morane « Parasol » armés de carabines. Les avions furent ensuite dotés d’une mitrailleuse fixe tirant dans l’axe pardessus puis à travers l’hélice grâce à un dispositif de synchronisation avec le moteur, imaginé en 1916 par l’aviateur allemand Anthony Fokker. La tactique n’existe pas et relève de l’exploit individuel ; à Verdun, les Allemands inaugurent l’engagement en formation, mais le combat reste du type « duel ». C’est seulement en 1917 qu’on emploiera des patrouilles d’avions combinant leurs feux selon les idées de l’Allemand Oswald Boelcke, bien vite adoptées par les Français : à certaines occasions, les formations de vol atteignent 50 à 60 chasseurs. Il est clair qu’au cours de cette évolution l’efficacité de la chasse s’est révélée dépendre d’une suite d’actions élémentaires : détection de l’ennemi par des réseaux de guet, identification de l’adversaire, rendez-vous des chasseurs... Au début, les délais de décollage et de montée en altitude, étant incompressibles, ne permettaient que l’attaque d’avions d’observation ou de reconnaissance adverses, et les bombardiers pouvaient souvent exécuter leurs missions à 20 ou 30 km à l’intérieur des lignes sans être inquiétés. Seuls les raids plus profonds de zeppelins ou de gothas eurent à souffrir de la protection antiaérienne des capitales, qui se perfectionnera sans cesse désormais. En 1918, la chasse était pratiquement figée dans ce rôle de combattant de l’avant ou de chasse d’armée, qui sera repris plus tard dans toutes les batailles aéroterrestres.


1939-1945 : le triomphe de la chasse d’armée

L’emploi de la chasse en formation organisée s’est peu à peu perfectionné. Il fallut attendre la guerre d’Espagne (1936-1939) pour que les Allemands de la légion Condor inventent, avec Adolf Galland, le dispositif de vol en patrouilles lâches largement étagées en altitude. Cette tactique, reprise lors de la bataille d’Angleterre en 1940, fut aussitôt adoptée par les Anglais, restés fidèles jusqu’alors au vol en formation serrée et rigide. Si, pendant la première phase de la guerre éclair, l’action principale de la Luftwaffe fut le fait d’avions d’assaut (« Stuka ») et de bombardiers, leur liberté d’action fut assurée par la chasse d’armée (« Me-109 »), dont les patrouilles protégèrent aussi bien les offensives aériennes que les colonnes blindées au sol. Le théâtre méditerranéen verra en 1941, et surtout en 1942, la mise au point de la tactique aérienne des alliés : le préalable de la maîtrise de l’air y sera démontré de façon éclatante, et la part qu’y prendra la chasse sera capitale en partie grâce à la supériorité qualitative du matériel engagé (« Spitfire »). [Elle obligera les Allemands à réaliser un nouveau chasseur, le « Me-109 G ».] L’U. R. S. S., profitant de ces leçons, ne négligera jamais la chasse d’armée : la proportion de chasseurs dans l’effectif de ses avions tactiques ne sera jamais inférieure au tiers du total engagé. Dans le Pacifique, la chasse japonaise accompagnera les raids offensifs mais assurera surtout une ombrelle de protection à l’action des porte-avions.


1939-1945 : chasse de défense contre bombardiers

C’est en 1940, à l’occasion de la bataille de Londres, qu’est mise à l’épreuve pour la première fois une chasse dite « de défense aérienne » contre l’assaut des bombardiers allemands, eux-mêmes accompagnés de chasseurs de protection. Cette bataille révèle le rôle primordial joué par les radars de détection tolet de guidage basés à terre, mais aussi l’inadaptation des moyens aériens allemands à cette mission nouvelle : faute d’autonomie, les « Me-109 », ne pouvant demeurer longtemps au-dessus de l’Angleterre, doivent abandonner les bombardiers, eux-mêmes insuffisamment armés, aux attaques des chasseurs de la R. A. F.

Ces leçons seront comprises des Alliés lorsque, à leur tour, ils développeront en 1943-44 leur action aérienne stratégique sur l’Allemagne. Ils surent alors construire des chasseurs de protection à long rayon d’action (« P-47 », « P-51 ») et surclassant les chasseurs allemands en altitude. L’Allemagne fut obligée d’improviser la défense aérienne de son territoire : l’organisation réalisée n’était pas mauvaise, mais la technique des radars demeura inférieure à celle des Britanniques. Les chasseurs de nuit ne disposaient que de systèmes rudimentaires et devaient achever leur interception à vue. L’armement de bord n’était pas adapté à l’attaque de bombardiers puissamment défendus et volant en formations serrées croisant leurs feux. Des tactiques nouvelles furent essayées : le contre-bombardement consistait pour les chasseurs à voler au-dessus des bombardiers et à larguer des bombes au milieu de leur dispositif ; de même, la mise au point de roquettes tirant hors de portée des mitrailleuses de tourelle eut un certain succès, mais ne put compenser l’énorme supériorité des Alliés. Cet affrontement mit en lumière la notion de taux d’usure (pourcentage de pertes par rapport aux effectifs engagés) infligé par une chasse de défense aux forces de bombardement. Pour que la première gagne la bataille, il faut que le taux d’usure soit supérieur aux possibilités de l’industrie de réparer les pertes. Lors des attaques contre le Reich, ce taux est toujours resté très inférieur aux possibilités des Alliés. Les Allemands s’efforcèrent jusqu’au bout d’améliorer leur score tant par le perfectionnement de leur artillerie antiaérienne et des armements de bord (canon lourd, roquettes) que par la mise en œuvre des premiers engins sol-air et surtout celle des premiers chasseurs à réaction (« Me-262 », « Me-163 »).