Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Charleville-Mézières (suite)

Urbanisme et architecture

La citadelle, remaniée au xviie s., et une belle église flamboyante (1499-1610) rappellent le passé de Mézières malgré les destructions de la Seconde Guerre mondiale.

En face de Mézières, dans une boucle plus large du fleuve, le village d’Arches appartenait en souveraineté à Charles de Gonzague, duc de Nevers et gouverneur de Champagne. Ce personnage fastueux et romanesque, descendant des Paléologues, rêvait la reconquête du Saint-Sépulcre. C’est pour la préparer, en fondant un ordre militaire, qu’il décrétait en 1608 la transformation d’Arches en « Charleville ». Au voisinage de la protestante Sedan, la ville nouvelle serait le siège de « l’ordre et religion de la milice chrétienne » : elle recevrait, outre le grand prieuré de l’ordre, le palais ducal, un collège de jésuites, des couvents, des palais élevés par les principales villes champenoises.

Charleville fut construite de 1608 à 1620 sur plan régulier : un carré fortifié sur trois faces, fermé au nord par la Meuse ; une grande place centrale à l’intersection des deux principales rues, d’autres places carrées ou rectangulaires correspondant aux quatre quartiers. Le programme ne fut respecté qu’en partie. L’essentiel demeure la belle place Ducale, dessinée en 1611 par Clément II Métezeau, frère de Louis qui travailla sans doute à la place Royale de Paris : elle en répète l’ordonnance, le vaste rectangle, les pavillons de brique à chaînage de pierre, les arcades, avec une moindre largeur et des toitures plus aiguës. Sur un des grands côtés, le palais ducal, devenu hôtel de ville, fut défiguré en 1843. Du moins, le moulin ducal, à l’extrémité de la rue qui relie la place à la Meuse, a gardé sa pompeuse façade d’ordre colossal.

L’harmonie sévère et élégante de cet ensemble subsiste. Malheureusement, la croissance de Charleville au xixe s. a défiguré certaines parties de la ville ancienne et fait naître des quartiers neufs, dont Arthur Rimbaud, né à Charleville en 1854, a honni la vulgarité.

P. G.

R. B.

➙ Ardennes (département des) / Champagne-Ardenne.

charpente

Ouvrage destiné à supporter certaines parties d’une construction ou à en constituer l’ossature.



Charpente en bois

De tout temps, le bois a trouvé dans la construction et la charpente ses principaux emplois. Des réalisations anciennes — maisons à pans de bois, charpentes de châteaux et de cathédrales, flèches d’églises, hangars, halls de marchés couverts — sont parvenues jusqu’à nos jours en excellent état de conservation. Ces vieilles constructions font appel à des méthodes originales encore utilisées et que l’on range sous l’appellation de charpente traditionnelle. Depuis le début du xxe s., une évolution a transformé cette charpente traditionnelle, pour aboutir à des méthodes nouvelles. Tout d’abord, la charpente triangulée en bois s’est peu à peu substituée à l’ancienne. Puis sont apparus des types divers de construction, utilisant mieux les propriétés mécaniques du bois et capables de satisfaire les exigences nouvelles des constructeurs en matière de charges ou de portées. Le dernier stade de ces transformations est la charpente collée, qui connaît une grande faveur et qui semble devoir être la charpente en bois de l’avenir.


Charpente traditionnelle

Caractérisée par des formes relativement simples, par la nature particulière de ses assemblages et par sa structure générale, elle constitue le plus souvent la carcasse d’un bâtiment ou le soutien de sa toiture. Dans le cas général, la toiture d’un bâtiment est à deux pentes, ou versants, constituées par des plans inclinés recouverts des matériaux de couverture, tuiles, ardoises, etc. Ces matériaux sont posés ou fixés sur lattes et chevrons, eux-mêmes supportés par une poutraison ; les poutres, ou pannes, prennent appui sur des systèmes de pièces assemblées appelés fermes, qui sont de types assez divers.

La ferme à poinçon et contre-fiches est une des plus caractéristiques et des plus anciennement utilisées depuis l’époque romaine. Les fermes à faux entrait, à entrait retroussé, à écharpes et jambes de force sont plus compliquées et ont pour objet de répondre à certains critères de portée et de dégagement des volumes couverts (combles habitables, espaces dégagés). Les fermes à la Mansart, que l’on utilise encore, ont caractérisé un certain style de construction des bâtiments aux xviie et xviiie s. Enfin, des ouvrages plus complets sont constitués par des combinaisons de fermes ou de poutraisons, que sont certaines charpentes traditionnelles souvent célèbres : flèches d’églises, combles pyramidaux et coniques, combles à croupes, noues, lanterneaux et lucarnes.

Toutes ces variantes de la charpente traditionnelle ont des caractères communs. Utilisant des assemblages « bois sur bois » à tenons, mortaises, embrèvements, etc., qui obligent à travailler sur des bois de fort équarrissage pour ne pas affaiblir les pièces et limiter l’importance des entailles, elles nécessitent un fort volume de bois au mètre carré couvert. De plus, elles font appel à des ouvriers spécialisés, formés dans les écoles du compagnonnage, experts dans la pratique du trait de charpente. Aussi, les procédés de ce type de charpente sont-ils assez mal adaptés aux impératifs de la construction moderne. Cependant, la charpente traditionnelle reste encore utilisée, notamment pour la réparation ou la rénovation des charpentes des bâtiments historiques : châteaux, cathédrales, églises, édifices divers. Dans la charpente de combles, dans les bâtiments agricoles (hangars, abris), de portée relativement faible, elle a encore ses partisans. Réalisée par de nombreux artisans, qui utilisent principalement du bois de chêne, elle s’adapte aux goûts d’une clientèle, qui la préfère à des charpentes plus légères en raison de sa solidité d’aspect et de la grande résistance qu’elle a manifestée au cours des âges.