Charles IV (suite)
Cette paix dure bien peu de temps, et Napoléon, devenu empereur des Français (1804), contraint Charles IV à déclarer une fois de plus la guerre aux Anglais, qui coulent ou saisissent les navires espagnols sur le chemin de l’Amérique. Le désastre, au large de Trafalgar, de l’escadre franco-espagnole commandée par l’amiral Pierre Charles de Villeneuve (21 oct. 1805) marque la décadence définitive de la puissance maritime espagnole. La France n’en souffre pas trop, car elle remporte des victoires sur le continent. Napoléon signe avec l’Espagne le traité de Fontainebleau (1807), qui stipule l’occupation du Portugal, alors base commerciale anglaise, et le passage par l’Espagne des troupes françaises. Ferdinand, prince des Asturies, prend la tête d’un complot contre Godoy, mais les conspirateurs sont découverts et arrêtés : l’opinion populaire leur étant favorable, ils seront cependant acquittés.
La chute de Godoy et l’abdication de Charles IV
Napoléon nourrit en fait des ambitions beaucoup plus grandes que l’invasion du Portugal. Il somme plusieurs points stratégiques de l’Espagne (Pampelune, Barcelone, Saint-Sébastien, Figueras, etc.) d’héberger les soldats français. Alarmé par l’attitude de l’Empereur, Godoy conseille à la famille royale de partir pour l’Andalousie, d’où il leur sera plus facile de fuir vers l’Amérique, comme l’ont fait les souverains portugais. La nouvelle de ce départ provoque dans la nuit du 17 au 18 mars 1808 le « pronunciamiento d’Aranjuez » (cette ville étant la résidence de la Cour), et Charles IV, effrayé par la réaction de son peuple, oblige Godoy à se démettre de ses fonctions et abdique en faveur de son fils Ferdinand (19 mars 1808).
Le nouveau roi prend le chemin de Madrid. Il trouve la capitale occupée par les troupes du maréchal Bon Adrien Jeannot de Moncey. Murat, qui y est installé en tant que commandant en chef de l’armée d’Espagne, déclare nulle et non avenue l’abdication de Charles IV. Celui-ci est alors à Bayonne, où il essaie de persuader Ferdinand qu’il conviendrait de recevoir l’empereur des Français à Vitoria. En fait. Murat parvient à envoyer Ferdinand à Bayonne pour qu’il y ait un entretien avec l’Empereur. Ferdinand doit rendre la couronne à Charles IV, qui la cède à Napoléon (mai 1808).
Le vieux roi, accompagné de la reine et de Godoy, s’expatrie alors à Fontainebleau, puis à Compiègne et à Marseille, et enfin en Italie.
R. G.-P.
C. Corona Baratech, Revolución y reacción en el reinado de Carlos IV (Madrid, 1957). / A. Muriel, Historia de Carlos IV (Madrid, 1959 ; 2 vol.). / B. Pérez Galdós, La corte de Carlos IV (Madrid, 1961). / R. Herr, España y la revolución del siglo xviii (Madrid, 1964).