Ch.-l. du dép. de Lot-et-Garonne ; 35 839 hab. (Agenais). Agen est le centre d’une agglomération (comprenant aussi la commune du Passage) dépassant 55 000 hab.
Cette agglomération est située dans la plaine alluviale de la Garonne, à mi-distance de Toulouse et de Bordeaux. Au pied des coteaux de l’Ermitage et de Gaillard, site d’un oppidum gallo-romain, la vieille ville s’étend sur la moyenne et la basse terrasse de la vallée de la Garonne, immédiatement en amont du confluent de la Masse (petite rivière venue du Pays des Serres) et de la Garonne, à une altitude insuffisante pour mettre cette partie de l’agglomération à l’abri des inondations les plus catastrophiques (telles celles de 1875 et de 1930). La vieille ville est ceinte par un ensemble de boulevards ou de cours qui canalisent la circulation régionale. Elle est aérée par deux grandes percées perpendiculaires, le boulevard de la République et le boulevard du Président-Carnot, principales artères commerciales de la cité. Étroites, les rues anciennes sont souvent bordées de maisons à arcades ; un ensemble de trois hôtels du xvie s. abrite le musée (archéologie, beaux-arts). Agen conserve plusieurs chapelles des xiiie et xive s., l’église des Jacobins (xiiie s.) à deux nefs égales, l’église Saint-Hilaire (xve s.) et surtout la cathédrale Saint-Caprais (xiie-xiiie s.) à remarquables abside et transept romans.
Les conditions du site ont guidé de façon tyrannique le développement de l’agglomération. Au nord-ouest, sur la route de Bordeaux, la Garonne vient lécher le pied du coteau de l’Ermitage, ne laissant place qu’à la route et à la voie ferrée (le canal latéral franchissant la Garonne par un pont-canal) ; l’agglomération se termine ici par un long faubourg-rue de près de 2 km. Les difficultés de franchissement de la Garonne (une passerelle et un pont routier 800 m plus en amont) font que la commune du Passage, sur la rive gauche, n’a que très peu bénéficié de l’expansion démographique de l’agglomération. À l’est et au nord-est, le développement urbain a été entravé par le relief (rebord abrupt du Pays des Serres) et par la voie ferrée qui contourne la vieille cité par le nord. Peu à peu cependant, les constructions gagnent du terrain dans la vallée de la Masse, où, de la commune encore fortement rurale de Pont-du-Casse, de nombreux travailleurs partent chaque jour vers Agen. Aussi est-ce vers le sud-est, notamment le long de la route de Toulouse, que la ville se développe principalement. Maisons individuelles et immeubles collectifs, entrepôts et supermarchés ont conquis les riches terres agricoles de la plaine de la Garonne jusqu’aux bâtiments du marché d’intérêt national, édifié sur la commune de Boé, à proximité de la voie ferrée et de la route de Toulouse. À son tour, Bon-Encontre tend à se souder à l’agglomération.
Malgré une croissance importante au cours du dernier siècle, Agen reste une ville de taille moyenne. L’accroissement naturel demeure faible (en partie à cause du déséquilibre numérique des sexes et du vieillissement de la population) et l’augmentation est surtout due à l’immigration. Les ruraux viennent non seulement de l’ensemble du Lot-et-Garonne, du nord du Gers, des confins orientaux de la Gironde et de l’ouest du Tarn-et-Garonne, mais encore d’autres régions aquitaines, du nord et du nord-est du pays. Comme dans tout le Lot-et-Garonne, les Italiens et les descendants d’Italiens naturalisés sont nombreux ; ils viennent pour la plupart de Vénétie. Enfin Agen a accueilli un millier de rapatriés, employés pour la plupart dans le secteur tertiaire.
Les activités tertiaires emploient en effet 70 p. 100 de la population active. Sur la vallée de la moyenne Garonne, Agen est un carrefour, mais son rôle en Aquitaine est secondaire. Vers le nord, route et voie ferrée gagnent Périgueux et Limoges ; vers le sud, un axe moins important permet d’atteindre Auch. Sur la voie garonnaise, où la navigation a bien décliné, cette fonction de relation est matérialisée par la gare et le marché-gare, expéditeur de fruits et de légumes (liaison quotidienne rapide vers Paris par l’Aquitaine-Express), et par les transports routiers. Agen est devenu un important centre commercial desservant les campagnes voisines. Moins de 30 p. 100 des actifs sont employés dans l’industrie. À côté d’artisans aux activités diverses, on trouve quelques petites entreprises, dont l’activité est étroitement liée à l’agriculture régionale : fabrication d’engrais, usine de furfurol, conserverie et confiturerie.
Au cœur de l’Aquitaine et au centre d’une étoile routière, Agen tend à devenir la capitale d’une petite région à la limite des zones d’influence de Bordeaux et de Toulouse, qui s’ébauche de Valence-d’Agen à l’est à La Réole à l’ouest, des confins du Bergeracois au nord à ceux du Marsan au sud ; elle s’identifie avec le nord de la Gascogne.
S. L.
➙ Lot-et-Garonne.