Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chan-si (suite)

Taiyuan (T’ai-yuan), capitale de la province, a connu un développement démographique considérable (270 000 hab. en 1949, 723 000 en 1953, 1 500 000 en 1964), dû en particulier à une des grandes réalisations industrielles du premier plan quinquennal, qui fit de cette ville le deuxième producteur chinois d’équipements lourds (grues, fours, machines lourdes). Un combinat sidérurgique y était installé en 1958, devant produire 2 Mt d’acier en 1960.

P. T.

chanson

La chanson représente l’alliage parfait des mots et de la musique. Elle emprunte des genres divers : elle est épique, élégiaque, sentimentale, bachique, satirique, réaliste, passant du comique au tragique sans jamais cesser de satisfaire le vaste publie auquel elle est destinée, qui peut être aussi bien intellectuel que populaire.


Elle revêt aussi des formes différentes, dont les dénominations peuvent changer au cours des siècles, tandis que le fond reste le même.

La chanson a sans doute existé depuis les débuts de l’humanité. Les mythologies des peuples primitifs s’accordent sur l’idée que la genèse du monde est un chant.

Dès l’Ancien Empire égyptien nous parviennent des textes de chansons : chants de travail (Oh ! le beau jour ! on a de la fraîcheur, les bœufs tirent) ; chansons bachiques (À ta santé ! bois jusqu’à la belle ivresse) ; chansons amoureuses (La beauté de ton visage rayonne et brille, car tu es venue) ; chansons funèbres, dont la plus célèbre est le Chant du harpiste, qui, bien avant Ronsard, nous donne le conseil de profiter de l’heure présente.

La civilisation gréco-latine a laissé aussi des exemples de chansons : le scolie, ou chanson de banquet (Terpandre, viie s. av. J.-C.), et les poèmes amoureux d’Alcée ou de Sappho, qui, couronnée de violettes, chantait en s’accompagnant sur la pectis ou le barbitos.

Rome, plus occupée de productions scéniques, ne découvre la chanson que quand la Grèce devient l’une des provinces de l’Empire. Mais il semble alors que la passion pour la chanson tourne à la frénésie, les différents empereurs donnant l’exemple et chantant en s’accompagnant sur la cithare.


Naissance de la chanson française

À côté de textes liturgiques et religieux, la chanson profane est attestée dès l’époque carolingienne : chansons sur des textes latins classiques, poèmes épiques écrits en langue latine par des auteurs contemporains, déplorations (planctus) ou même chansons célébrant le printemps et l’amour.

Au ixe s., au moment où la langue vulgaire fait son apparition, la séquence de sainte Eulalie, puis, au siècle suivant, les poèmes de la Passion et de saint Léger sont considérés comme les plus anciens textes chantés. Mais comment le sont-ils ? Leur notation neumatique, encore très nébuleuse, est uniquement destinée à indiquer si la mélodie monte ou descend. Toutes les chansons monodiques de cette époque ont été baptisées du terme vague de cantilènes.

Un autre genre de poème apparaît ensuite, la chanson de geste, poème épique divisé en strophes appelées laisses, dont les vers, en nombre variable, se terminent tous par la même assonance. Il est probable que la chanson de geste était plutôt « cantillée » que chantée, sauf pour le dernier vers, qui avait une mélodie propre, au cours de laquelle l’interprète pouvait se laisser aller à sa fantaisie. La plus importante et la plus connue des chansons de geste est la Chanson de Roland (xiie s.).

C’est à ce moment que la chanson va se développer et prendre une importance considérable avec les troubadours et leurs imitateurs directs, les trouvères. Leurs œuvres contiennent en germe toutes les formes que peut revêtir la chanson, depuis la romance jusqu’à la chanson à danser, en passant par la gaudriole épicée, la chanson bachique, la chanson galante, voire érotique, la complainte, etc.

Les jongleurs et les ménestrels ont véhiculé dans toutes les classes de la société les chansons aristocratiques des trouvères et des troubadours. À peu près dans le même temps (xie-xve s.), des clercs errants, souvent en rupture d’Église, les goliards, vont à travers l’Europe en chantant leurs œuvres. Écrites en latin, en français, en allemand, parfois même en slave, ces pièces épicuriennes ont fait ranger leurs auteurs, sans distinction, dans la catégorie des « mauvais sujets ». Cependant, parmi les principaux goliards, Gautier de Lille (ou de Châtillon) mena une vie exemplaire, et Hugues d’Orléans a été surnommé « le Prince des poètes ».

Les œuvres de certains goliards, français et allemands, ont été recueillies dans le manuscrit des Carmina burana, qui comporte une trentaine de pièces neumées. Les goliards se sont constitués en confréries internationales, dont la plus célèbre, au xiiie s., fut celle de Benediktbeuren, en Bavière.

La poésie des troubadours s’est étendue tout naturellement en Espagne, au Portugal et en Italie du Nord ; celle des trouvères s’est développée en Allemagne (Minnesänger) et dans les îles Britanniques (minstrels).

F. V.


La chanson polyphonique du xive au xvie siècle

La transformation de la société aux xive, xve et xvie s. (marquée en particulier par le développement du commerce et de la bourgeoisie, l’éveil du sentiment national, l’extension de l’esprit critique et de l’« incroyance », l’abandon progressif de la langue latine au profit du parler « vulgaire » et, parallèlement, dans les cours des princes, par une esthétisation de plus en plus grande de la vie quotidienne) favorise la « sécularisation » de la musique ainsi que la naissance et le développement d’un genre musical profane adapté aux goûts et aux besoins de cette société.

Dès la seconde moitié du xiiie s., le motet polyphonique ne garde de ses origines liturgiques qu’une teneur désormais sans paroles, au-dessus de laquelle se déploient librement un double et un triple que l’on chante sur des textes français et latins mêlés.

À la fin du siècle, Adam* de la Halle compose, sans utiliser de thème préexistant, seize rondeaux français à 3 parties (dont une ballade et un virelai), « en combinant la forme du rondeau avec l’écriture du conduit » (J. Chailley).