Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Champignons (suite)

Parasexualité

Elle a été observée chez un certain nombre de Champignons filamenteux, où la fréquence des anastomoses favorise l’établissement d’un thalle hétérocaryotique et la fusion éventuelle de deux noyaux d’origine différente. Elle assure la recombinaison des caractères héréditaires non par le jeu normal de la reproduction sexuelle, mais au cours des mitoses du cycle végétatif, que subit un noyau porteur de potentialités génétiques hétérogènes.


Classification

Les divisions traditionnelles qui distinguent les groupes élémentaires de Champignons sont fondées sur la structure de leur thalle et sur les modalités de leur reproduction sexuelle.

Les Myxomycètes ont pour forme végétative un plasmode dépourvu de paroi propre, pluri- ou uninucléé (myxamibe), souvent mobile, capable d’ingérer des proies par phagocytose, ce qui les apparente au règne animal ; leurs organes de reproduction, spores et sporocarpes, sont comparables à ceux des Champignons. On tend à les considérer comme des formes intermédiaires entre les Champignons inférieurs et les Protozoaires, et à les traiter en groupe indépendant.

Les Eumycètes sont caractérisés par un thalle cellulaire ou filamenteux. On y distingue généralement quatre groupes ou classes :
— Phycomycètes : thalle unicellulaire chez les formes primitives, cœnocytique dans les groupes les plus différenciés ; reproduction asexuelle par sporangiospores mobiles ou inertes ; reproduction sexuelle par oospores ou par zygospores, résultant de la conjugaison de gamètes mobiles ou de la fusion de gamétanges ou de mécanismes intermédiaires ;
— Ascomycètes : thalle parfois unicellulaire, uninucléé (Levures), le plus souvent filamenteux et septé ; reproduction asexuelle fréquente, par bourgeonnement ou par conidies ; spores sexuelles endogènes (ascospores) ;
— Basidiomycètes : thalle filamenteux septé ; phase à dicaryons parfois prolongée (mycélium secondaire) ; reproduction asexuelle peu caractéristique ; spores sexuelles exogènes (basidiospores) ; formes de résistance diploïdes dans certains groupes ;
— Fungi imperfecti, ou Deutéromycètes : thalle cellulaire ou filamenteux ; reproduction asexuelle par conidies, très diversifiée ; reproduction sexuelle non connue.

Ces coupures restent valables en ce qui concerne les Ascomycètes et les Basidiomycètes. Les Fungi imperfecti sont un groupe artificiel, de limites imprécises, dont bien des formes appartiennent ou pourraient appartenir au cycle de développement d’Ascomycètes ou de Basidiomycètes. Quant à l’ensemble des Phycomycètes, son hétérogénéité est manifeste. On a depuis longtemps proposé sa division en trois sous-classes : Archimycétidés, à thalle réduit, à zoospores et gamètes mobiles, souvent parasites ; Oomycétidés, hétérogames (anthéridies et oogones morphologiquement différenciés), à spores sexuelles endogènes (oospores) ; Zygomycétidés, à gamétanges similaires (isogamie) et spores sexuelles exogènes (zygospores) non flagellées. Des formes parasites peu différenciées, comme les Plasmodiophorales, sont traitées selon les auteurs parmi les Myxomycètes ou parmi les Phycomycètes. La classification des Ascomycètes a également évolué à la lumière des notions plus précises qui concernent l’ontogénie de l’organe de fructification (ascocarpe), où prennent naissance les asques.


Rôle dans la nature et importance économique

Bénéfiques ou nuisibles, les Champignons jouent, à des titres divers, un rôle important dans l’économie humaine. Avec les Bactéries et les autres types de micro-organismes, ils contribuent activement au maintien de la fertilité des sols : en dégradant les déchets organiques complexes, ils participent à la formation de l’humus et rendent au sol et à l’atmosphère les éléments prélevés par d’autres êtres vivants. Par contre, les mêmes espèces saprophytes ou des espèces analogues s’attaquent aux matières organiques utilisées ou fabriquées par l’Homme : produits alimentaires, textiles, bois d’œuvre, matériaux divers et pratiquement tous les biens de consommation ; ces altérations biologiques sont particulièrement redoutables sous les climats chauds et humides. La protection contre les moisissures impose de sévères contraintes à de nombreuses entreprises et industries.

De multiples espèces parasites sont les agents de maladies des plantes cultivées ; en détruisant des récoltes vivrières essentielles, elles ont été responsables de famines dramatiques et à l’origine de mouvements importants de population ; malgré l’emploi généralisé des traitements fongicides, les incidences économiques des maladies cryptogamiques sont considérables. Les Champignons parasites de l’Homme et des animaux, les espèces responsables de réactions allergiques ne sont pas moins redoutables. Cependant, on peut envisager d’utiliser les parasites fongiques à des fins bénéfiques (emploi du Beauveria densa, entomophage, contre le ver blanc du Hanneton) ; la lutte biologique contre les Champignons nuisibles est une discipline de recherche qui ouvre des perspectives intéressantes.

Les Champignons sont, depuis longtemps, utilisés dans l’alimentation humaine, soit par la consommation directe (Agarics, Bolets, Truffes, Morilles, etc.), soit par l’application du pouvoir fermentaire des Levures et d’autres moisissures à la fabrication du pain, des boissons fermentées, des fromages, de condiments, qui font l’objet d’industries importantes. Un petit nombre de Champignons comestibles sont cultivés industriellement ; en Europe et aux États-Unis, c’est surtout le Champignon de couche, Agaricus bisporus ; en Extrême-Orient, on cultive par des procédés analogues des Volvaires et Cortinellus. Quelques Champignons sont des toxiques alimentaires redoutables ; certains sont mortels, comme l’Amanite* phalloïde, la Lépiote helvéolée, le Cortinaire des montagnes ; d’autres, sans provoquer la mort, ont un pouvoir toxique élevé ou altèrent profondément le psychisme (Psilocybes) ; de plus nombreuses espèces produisent des troubles gastro-intestinaux plus ou moins sévères. Sous une forme différente, l’Ergot de seigle, parasitant des céréales alimentaires, donne une farine toxique, responsable de graves empoisonnements. Les mycotoxines sécrétées par les moisissures qui souillent les grains en entrepôt seraient à l’origine de graves affections chez les animaux domestiques et chez l’Homme (rôle de l’aflatoxine dans le développement de nécroses ou de tumeurs hépatiques).