Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Champaigne (Philippe de) (suite)

Cette même austérité, par contre, s’adapte mal aux grandes compositions religieuses ; la vigueur devient raideur dans les formes, le sentiment mièvrerie sur les visages : la recherche d’une expression de vie profonde dans une figure, forcément idéalisée, de saint ou d’apôtre s’immobilise en une espèce d’inconsistance saint-sulpicienne. D’une autre veine sont les portraits, de groupe ou individuels : le souci d’une analyse psychologique rigoureuse requiert, pour aboutir, une extrême simplicité de formes et de couleurs. Dans le Prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris (1648, musée du Louvre), la monotonie voulue dans le traitement des costumes, robes noires à col blanc et manteaux rouges, souligne silencieusement l’étonnante diversité d’expression de chaque visage. Le goût de Philippe de Champaigne pour le dépouillement ne cesse de croître ; en 1662, dans l’Ex-voto du Louvre, composition en deux tons, ocre et gris, l’intensité du rayonnement mystique des deux religieuses balance entre une volonté de raison pure et un sentiment de profonde humanité : le classicisme atteint ici un sommet de spiritualité.

J. B.

 A. Gazier, Philippe et Jean-Baptiste de Champaigne (Librairie de l’art, 1893). / A. Mabille de Poncheville, Philippe de Champaigne (Plon, 1938).

Champignons

Végétaux cryptogames à structure généralement filamenteuse, sans chlorophylle.


Les Champignons constituent, avec les Algues et les Lichens, le groupe des Thallophytes. À la différence des autres plantes à thalle, ils sont inaptes à la photosynthèse, car dépourvus de pigment assimilateur ; comme les animaux, ce sont des organismes hétérotrophes. La plupart d’entre eux peuvent se reproduire végétativement (reproduction asexuelle ou imparfaite) aussi bien que par des mécanismes de type sexué (reproduction sexuelle ou parfaite) extrêment diversifiés. Des Champignons proprement dits, il convient de séparer les Actinomycètes, qui, par leur structure et leur biologie, s’apparentent aux Bactéries. On distinguera aussi dans le groupe des Mycètes la sous-division des Myxomycètes, dont la forme végétative est un plasmode nu, mobile, se nourrissant par phagocytose. La dénomination d’Eumycètes, ou Champignons au sens strict du mot, est ainsi réservée à toutes les autres formes, non plasmodiales.


Distribution et habitat

Les Champignons constituent un groupe d’organismes extrêmement vaste (de l’ordre de 200 000 à 250 000 espèces) et très diversifié quant à leur taille, à leur structure et à leurs aptitudes métaboliques. On les rencontre dans le monde entier, dans de multiples habitats terrestres ou aquatiques. Ils sont particulièrement abondants dans les régions tropicales et tempérées, mais ils colonisent aussi les zones arctiques, et un nombre important d’espèces est cosmopolite. Les eaux douces en contiennent un grand nombre, et l’habitat marin, quoique moins favorable, n’en est pas dépourvu. Des spores viables peuvent être récoltées dans l’atmosphère à haute altitude. Enfin, si les températures modérées (20-30 °C) sont généralement les plus favorables à leur développement et à leur reproduction, on connaît des espèces thermophiles et d’autres capables de végéter un peu en dessous de 0 °C. La plupart des Champignons supérieurs (Basidiomycètes*) poussent sur les sols forestiers ou humides, principalement en automne dans nos régions.

Les documents fossiles relatifs aux Champignons sont rares ; ils permettent, toutefois, de présumer que ces organismes sont parmi les plus anciennes formes végétales différenciées sur notre globe.


Structure

Les plus simples des Eumycètes sont réduits à une cellule, uni- ou plurinucléée, parfois munie de fins prolongements, ou rhizoïdes. Chez les formes les plus typiques, la structure fondamentale est un thalle, constitué par un réseau de filaments microscopiques ramifiés, les hyphes ; l’ensemble constitue le mycélium, visible sous forme d’une masse cotonneuse ou végétant discrètement à l’intérieur du substrat dont il se nourrit. Les structures les plus élaborées qu’on observe dans les différents groupes de Champignons sont, elles aussi, formées par des assemblages d’hyphes, associées en cordons (rhizomorphes), en corpuscules, ou amas compacts (bulbilles, sclérotes), ou en trames massives (stromas), mais jamais organisées en véritables tissus ; les organes de fructification, plus ou moins complexes, tel le « chapeau » des Champignons supérieurs, se ramènent tous à ce schéma fondamental.

L’hyphe se développe à partir d’une spore ; dans des conditions favorables de maturation et de milieu, celle-ci donne un tube germinatif qui s’allonge et se ramifie progressivement ; l’hyphe s’entoure d’une paroi tubuleuse de composition complexe (surtout chitine et cellulose), tapissée intérieurement par une couche de protoplasme plurinucléé limitant des vacuoles chargées de substances nutritives et des produits du métabolisme. Le protoplasme est mobile à l’intérieur de la paroi et se déplace de la partie centrale du thalle, qui se vacuolise progressivement et meurt, vers la région périphérique, en voie d’accroissement centrifuge continu.

Chez les Champignons dits « inférieurs » (Siphomycètes), la masse cytoplasmique est continue ; des cloisons apparaissent seulement pour délimiter les parties vides du thalle, et au niveau des fructifications. Chez les Champignons dits « supérieurs » (Septomycètes), les hyphes sont divisées en segments (improprement appelés cellules) par des cloisons percées d’un pore central qui assure la libre circulation du protoplasme d’un segment à l’autre ; des anastomoses apparaissent fréquemment entre les hyphes, constituant un réseau à trois dimensions. Ainsi, la structure du mycélium fongique est fondamentalement cœnocytique.


Nutrition et modes de vie

Le mycélium se nourrit, par absorption, à travers la paroi, d’eau parfois en énormes quantités, et de substances minérales et organiques dissoutes ; il sécrète des enzymes extracellulaires qui dissocient et solubilisent les éléments nutritifs fournis par le substrat : sucres, amidon, cellulose, lignine, graisses, etc. Les Champignons sont obligatoirement aérobies : ils respirent en absorbant de l’oxygène et en rejetant du gaz carbonique. Toutefois, certaines espèces s’accommodent d’une atmosphère confinée ; d’autres (Levures, Mucorales) sont capables de compenser l’état d’asphyxie grâce à leur pouvoir fermentaire, largement exploité dans l’alimentation humaine (fabrication du pain et des boissons fermentées). Vis-à-vis des aliments carbonés, et à la différence de la plupart des végétaux, les Champignons sont hétérotrophes ; inaptes à la photosynthèse, ils requièrent des aliments de nature organique, qu’ils empruntent soit à la matière vivante (parasitisme, symbiose), soit, le plus souvent, aux déchets des organismes morts ou à des produits fabriqués (saprophytisme). L’alimentation azotée est assurée, suivant l’équipement enzymatique de l’espèce ou du groupe, par des composés minéraux (nitrites, nitrates, sels ammoniacaux) ou par des substances organiques (protéines, acides aminés). Comme la plupart des êtres vivants, les Champignons ont aussi besoin de certains ions métalliques et de diverses vitamines.