Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cerveau (suite)

Affections vasculaires

Les affections vasculaires sont les plus fréquentes des maladies du cerveau. Les vaisseaux cérébraux expriment leur souffrance par la thrombose et la rupture. Ces lésions sont à l’origine de ramollissements, de nécroses et d’hémorragies. L’atteinte cérébrale est due en définitive à la réduction ou à la privation de l’apport sanguin. À cette privation se surajoute dans l’hémorragie un facteur de compression, de dilacération des tissus et d’œdème. Il est, par ailleurs, impossible d’affirmer d’emblée (sauf cas exceptionnel) qu’il s’agit d’un ramollissement ou d’une hémorragie. En fait, bien souvent les deux processus se surajoutent. L’expression de cet accident vasculaire cérébral (A. V. C.) se fera certes en fonction du mécanisme de celui-ci, mais surtout en fonction de sa localisation cérébrale et de son importance. Cette traduction clinique sera d’autant plus évidente que la région détruite est plus parlante, c’est-à-dire que le trouble sera plus immédiatement perceptible. C’est ainsi qu’une atteinte de la voie pyramidale se traduit par une hémiplégie croisée (les fibres nerveuses croisant la ligne médiane au niveau du tronc cérébral). Cette paralysie est plus ou moins étendue selon la surface détruite : tantôt hémiplégie complète, tantôt paralysie isolée d’un membre. Ailleurs, c’est l’apparition brutale d’un trouble de la vue qui témoigne de l’atteinte des voies optiques. Parfois, l’existence de troubles du langage (aphasie) vient révéler une lésion localisée de l’hémisphère dominant. Quel que soit le mécanisme qui préside à leur apparition, les A. V. C. ont en commun d’être en général d’apparition brutale, de correspondre grossièrement à un territoire vasculaire, de n’être, le plus souvent, que l’expression locale d’une maladie artérielle générale. Leur évolution est difficilement prévisible dans l’immédiat et est fonction du mécanisme. Quoi qu’il en soit, un tel accident démontre la faiblesse du système vasculaire et peut se reproduire à tout instant.

C’est l’athérosclérose qui est la grande pourvoyeuse de ces A. V. C. Divers facteurs y prédisposent : hypertension artérielle, obésité, hypercholestérolémie, diabète, éthylisme, tabagisme. En fait, le plus souvent plusieurs de ces facteurs sont associés. Cependant, il ne faut pas méconnaître l’existence de malformations vasculaires (anévrisme artériel, angiomes, anévrismes artério-veineux), d’artérites, qu’elles soient infectieuses ou inflammatoires. Les oblitérations artérielles par embolies peuvent se rencontrer au cours de différentes maladies du sang (leucémie), au cours de cardiopathies (valvulaires en particulier). L’embolie peut être gazeuse, secondaire à une plaie vasculaire du cou ; elle peut être graisseuse, consécutive à une fracture ou à une intervention osseuse. Dans tous les cas, c’est l’artériographie cérébrale qui est l’examen essentiel. Elle seule permet de préciser le siège exact et la nature de la lésion responsable. Le traitement des A. V. C. repose avant tout sur la réanimation ; celle-ci permet de corriger les désordres hydro-électrolytiques, mais n’a pas d’action curative proprement dite. Le traitement chirurgical prend une place de plus en plus considérable dans cette pathologie vasculaire cérébrale : désobstruction des gros vaisseaux du cou, exérèse d’une malformation, évacuation d’un hématome. On voit que la thérapeutique, qu’elle soit médicale ou chirurgicale, reste, en matière d’A. V. C., très insuffisante ; c’est dire l’importance qui doit être attribuée à la prévention de tels accidents par le traitement des affections susceptibles de les provoquer.


Tumeurs du cerveau

Les tumeurs qui se développent aux dépens du tissu cérébral se manifestent par deux ordres de symptômes : ceux qui sont liés à l’apparition et à l’accroissement de la tumeur, et qui entraînent des perturbations de l’hydraulique du liquide céphalo-rachidien (L. C. R.) — d’où l’apparition d’une hypertension intracrânienne (céphalées, vomissements, altération de la conscience, raideur de la nuque, troubles de la statique) —, et ceux qui sont en rapport avec la tumeur et sa localisation, et qui sont dits « lésionnels ». L’association de ces deux ordres de symptômes se fait de façon variable selon la nature, le siège, le volume, la vitesse d’évolution de cette tumeur. La sémiologie lésionnelle est donc variable : aphasie, paralysie, coma, epilepsie, troubles de la vue, de l’odorat, etc. Il est à remarquer qu’à l’inverse des A. V. C., où le début est brutal, les signes de tumeur apparaissent progressivement et s’étendent en tache d’huile, touchant successivement les structures voisines indépendamment de leur fonction ; d’où la possibilité de signes apparemment disparates. La nature de la tumeur ne peut être reconnue de façon absolue que par l’examen anatomique de la pièce fournie par l’intervention. En matière de pathologie tumorale, le cerveau n’échappe pas à la dualité tumeurs primitives — tumeurs secondaires, ces dernières étant en général des métastases d’un cancer connu ou non. Dans le cas d’une tumeur primitive, on distingue entre tumeur bénigne et tumeur maligne. Cependant, la limite n’est pas toujours aussi tranchée, et la classification et donc l’avenir ne peuvent être définis avec certitude à chaque fois. Pourtant, dans une certaine mesure, l’allure évolutive peut être un indice précieux. Il est en effet habituel de reconnaître aux tumeurs malignes un potentiel évolutif plus élevé. C’est encore l’artériographie qui est l’examen préopératoire essentiel au diagnostic. Elle affirme l’existence de la tumeur, précise sa topographie exacte et ses limites. Le pronostic ne peut, en aucun cas, être apprécié avant de connaître la nature de la tumeur ; c’est dire que, pratiquement, le seul traitement est la chirurgie d’exérèse, associée ou non à la radiothérapie. Ce type de chirurgie est cependant limité par le volume, mais surtout par le siège de la tumeur, certaines régions étant inaccessibles chirurgicalement sous peine d’entraîner des lésions incompatibles avec la vie.

J. E.

➙ Cervelet / Crâne / Électro-encéphalographie / Encéphale / Méninge / Moelle épinière / Nerveux (système).