Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cerveau (suite)

Enfin, les examens les plus précis font appel à la radiologie, soit radiographie simple, dite « standard » (clichés face-profil), soit tomographie, ou bien et surtout radiographie avec préparation par injection d’un produit de contraste qui peut être liquide ou gazeux. Ainsi sont réalisées les artériographies carotidiennes ou vertébrales par injection d’un liquide opaque aux rayons X et permettant d’apprécier la forme, le trajet et la valeur des artères, mais aussi leur sténose (rétrécissement), leur refoulement, leur amputation et l’existence de malformations vasculaires du type anévrisme ou angiome.

L’encéphalographie gazeuse fractionnée permet d’étudier, après injection d’air dans les espaces sous-arachnoïdiens par ponction lombaire, la circulation de la bulle d’air à travers le canal rachidien, les espaces sous-arachnoïdiens intracrâniens ainsi que de visualiser les ventricules cérébraux.


Affections du cerveau

Les difficultés de la classification des maladies du cerveau relèvent non pas des processus pathologiques eux-mêmes, qui sont, somme toute, les mêmes que dans les autres organes, mais de la plus grande complexité à la fois de structure et de fonction de cet organe.

C’est ainsi que tout processus pathologique, indépendamment de sa nature, s’exprimera de façon totalement différente selon la topographie de la lésion. Le cerveau peut ainsi être soumis aux infections, aux intoxications, aux accidents vasculaires, aux processus dégénératifs, aux tumeurs. D’autre part, peu nombreuses sont les maladies de l’organisme à n’avoir aucun retentissement sur le cerveau lui-même.


Infections

Parmi les atteintes infectieuses, l’encéphalite représente tous les états inflammatoires de l’encéphale et toutes les complications neurologiques observées au cours des maladies infectieuses, soit de l’encéphale, soit de l’organisme en général. Les agents responsables sont très nombreux ; toutes les grandes familles de micro-organismes peuvent être responsables d’atteinte encéphalitique : parasite, mycose. Bactérie, spirochète, rickettsie, virus. Il est à remarquer que chaque type d’agent pathogène a tendance à s’attaquer à une région particulière, si bien que, dans une certaine mesure, il est possible de pressentir l’agent en question sur les seules données de la clinique. Le processus peut intéresser tout ou partie de la substance nerveuse. On distingue les atteintes prédominantes de la substance grise (polio-encéphalite), des atteintes de la substance blanche (leuco-encéphalite), ou des deux (panencéphalite). Lorsque le processus touche également la méninge, on parle de méningo-encéphalite. La maladie est généralement brutale. Le tableau associe dans des proportions variables des troubles de la conscience, ou syndrome infectieux, des troubles moteurs, des crises d’épilepsie, etc. L’évolution est imprévisible : tantôt mortelle, tantôt favorable, mais parfois au prix de graves séquelles. C’est ainsi qu’une des étiologies du syndrome de Parkinson est attribuée à l’encéphalite épidémique de Von Economo-Cruchet, qui sévit dans le monde entre 1917 et 1927. L’atteinte infectieuse ou parasitaire du cerveau peut être localisée. C’est le cas de l’abcès du cerveau, qui associe à un état infectieux plus ou moins sévère des signes en rapport avec la localisation cérébrale de celui-ci. Il est à noter que les états infectieux et inflammatoires sont à l’origine d’un œdème cérébral qui peut être générateur d’hyperpression du liquide céphalo-rachidien ; d’où l’existence d’une hypertension intracrânienne (H. I. C.) aggravant la maladie, mais pouvant aussi être à l’origine de redoutables complications.

Le traitement de ces maladies infectieuses du cerveau est fonction de la cause. Dans l’ensemble, il associe à la réanimation une thérapeutique spécifique (utilisation des antibiotiques par exemple dans les infections bactériennes). Ailleurs, il est nécessaire de recourir à la chirurgie pour évacuer un abcès.


Intoxications

La plupart des substances toxiques ont, à partir d’une certaine dose, un retentissement sur le système nerveux, que ce soit de façon directe ou indirecte, que la lésion soit définitive ou qu’il s’agisse d’un trouble transitoire. L’intensité de l’intoxication est fonction non seulement de la dose, mais aussi de la nature du toxique, de son mode d’administration, de sa vitesse d’élimination. Les origines de ces toxiques sont nombreuses : animales, végétales, minérales, organiques. Parmi les produits industriels les plus fréquents sont le plomb et ses dérivés ainsi que les hydrocarbures. En milieu rural, plus fréquentes sont les intoxications par les fongicides, les organophosphorés. Les produits domestiques sont surtout responsables d’intoxications infantiles : insecticides, détachants, etc. Les produits pharmaceutiques sont, eux aussi, une cause très fréquente d’intoxication par erreur, par crime ou par suicide. Barbituriques, digitale, strychnine sont parmi les drogues dangereuses les plus répandues.

À côté de ces intoxications « exogènes », il faut préciser l’existence d’intoxications dites « endogènes », où le produit n’est pas introduit dans l’organisme, mais y persiste anormalement, entraînant une accumulation nocive (soit par défaut d’élimination, soit par excès de formation). Tel est le cas de l’intoxication ammoniacale de l’encéphalopathie hépatique, où le foie n’arrive pas à « détoxiquer » l’ammoniac normalement fabriqué. Il est peu de manifestations neurologiques qu’une intoxication ne puisse réaliser : coma, épilepsie, contracture, paralysie, syndrome extra-pyramidal type parkinsonien, troubles cérébelleux, etc. La connaissance de plus en plus approfondie de la nature de ces toxiques a permis de mettre au point un certain nombre d’antidotes spécifiques : B. A. L. (British Anti Lewisite) contre le mercure ; E. D. I. A. contre les cyanures ; réanimation, ventilation assistée et perfusions alcalines contre les barbituriques.