Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Afrique romaine (suite)

À l’intérieur, on trouve des autels secondaires qui semblent avoir contribué à la multiplication des contre-absides, qu’on retrouve, si souvent, ajoutées dans la grande nef face à l’abside primitive. L’autel, dans la nef, tend à se dédoubler, et la liturgie à occuper tout l’espace, les fidèles étant confinés dans les seuls collatéraux. La même variété préside à la forme et à l’emplacement des baptistères*, qui occupent parfois des édifices annexes, plus ou moins séparés de la basilique et qui peuvent alors prendre des formes centrées — circulaire à Djemila, tréflée à Tigzirt, mais aussi rectangulaire à Sbeïtla.

Une autre caractéristique des églises africaines est d’avoir joué bien souvent un rôle funéraire. Ce privilège est tantôt réservé aux évêques, parfois inhumés dans des cryptes, des absides secondaires ou des chapelles annexes, tantôt à des fidèles, dont on introduisait, comme à Hippone, les tombes dans les pavements de mosaïques des églises et des cathédrales. On a même construit des basiliques purement funéraires dans les cimetières, comme à Timgad, et en ville, comme à Sétif, où le sol de deux églises voisines est fait de dalles de mosaïques funéraires juxtaposées.

Bien entendu, l’église connaît d’autres dépendances : sacristies, logement de l’évêque, salles de réunion ou de banquet, salles destinées aux fonctions judiciaires de l’évêque, qui se multiplient. Quelquefois, il y a eu constitution d’un véritable quartier épiscopal, comme à Djemila, à Timgad et à Hippone. Le cas de Tébessa est particulier : on y trouve une composition majestueuse, avec une basilique à atrium, baptistère et martyrium tréflé, une basilique funéraire, une catacombe, de nombreuses salles adossées à une enceinte et aussi une monumentale hôtellerie destinée aux pèlerins.

Quelques édifices seulement échappent à la forme basilicale traditionnelle. On les attribue à l’époque de la reconquête byzantine (vie s.) et on y voit s’introduire quelques coupoles, posées sur un carré central aménagé dans une basilique, comme à Sbeïtla VI, ou combiné avec une basilique tréflée, comme à Iunca III.

Les églises de Carthage — Damous el-Karita, Basilica Majorum, Dermesh — présentent des ensembles de dimensions exceptionnelles et des plans plus compliqués, où apparaissent des cours semi-circulaires, des exèdres funéraires et des martyriums trèfles. Elles ont été fouillées anciennement et sont, de ce fait, difficiles à interpréter. Les recherches récentes ont livré à Sbeïtla, à Haïdra, à La Skhirra, à El Faouar (Belalis) des ensembles importants, connus en détail et qui permettent mieux de se faire une idée de la vie des églises comme de l’évolution de l’architecture chrétienne d’Afrique.

À la fin du viie s., les Arabes prirent Carthage : ils avaient éliminé assez vite la puissance byzantine, mais avaient rencontré une sérieuse résistance de la population berbère. Celle-ci se convertira néanmoins à l’islām. Toutefois, les inscriptions montrent qu’il existait encore, localement, des chrétiens parlant latin au moins jusqu’au xie s.

J. L.

➙ Algérie / Augustin (saint) / Carthage / Chrétiennes (littératures) / Maroc / Numidie / Rome / Tunisie.

 P. Monceaux, les Africains (Lecène et Oudin, 1894) ; Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne (Leroux, 1901-1905 ; 3 vol.). / S. Gsell, les Monuments antiques de l’Algérie (Fontemoing, 1901 ; 2 vol.). / P. Gauckler, Basiliques chrétiennes de Tunisie (Picard et fils, 1913). / L. Leschi, Études d’épigraphie, d’archéologie et d’histoire africaines (Arts et métiers graphiques, 1957). / G. Charles-Picard, la Civilisation de l’Afrique romaine (Plon, 1959) ; la Carthage de saint Augustin (Fayard, 1966). / P. Romanelli, Storia delle province romane dell’Africa (Rome, 1959). / R. Duncan Jones, Costs, Outlays and Summae Honorariae in Roman Africa, Papers of the British School at Roma (Rome, 1962) ; Wealth and Munificence in Roman Africa (Rome, 1963). / M. Leglay, Saturne africain (De Boccard, 1966). / P. A. Février, Art de l’Afrique antique (De Boccard, 1972).

Afrique du Sud (république d’)

En angl. Republic of South Africa, en afrikaans Republick van Suid-Afrika, État occupant l’extrémité méridionale de l’Afrique ; 1 221 000 km2 ; 21 448 000 hab. (Sud-Africains). Cap. Pretoria et Le Cap.


Par sa production agricole et surtout minière, par son important développement industriel, l’Afrique du Sud s’est hissée au niveau des grandes puissances économiques du monde. Son avenir est, toutefois, largement conditionné par la solution qui sera trouvée aux problèmes raciaux, nés de la juxtaposition d’une minorité blanche (18 p. 100 à peine de la population totale), prépondérante politiquement et économiquement, et d’une majorité noire (Bantous) de plus de 15 millions de personnes.


La géologie et le relief

Le soubassement est constitué par un vieux socle précambrien plissé, qui s’est comporté comme un môle rigide tout au long de l’histoire géologique. Sur ce vieux socle plissé, recouvert de séries primaires (du Cambrien au Carbonifère), reposent en discordance les sédiments karroo, surtout des grès et des basaltes, accumulés du Carbonifère au Jurassique (formations de Dwyka, d’Ecca, de Beaufort, de Stormberg).

Des mouvements à grand rayon de courbure ont affecté ce matériel ancien. La partie centrale déprimée correspond au désert du Kalahari. Elle est entourée par une ceinture de hautes terres dont l’altitude oscille entre 1 500 et 3 000 m, et comprenant les hauts plateaux du Transvaal, du Witwatersrand, du haut Veld et du Lesotho, les plateaux du haut Karroo, dans la province du Cap, ainsi que le Namaqualand et le Damaraland.