Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

céréales (suite)

Les trois autres Millets appartiennent à des tribus différentes.
— Eleusine coracana Gaertn., ou Eleusine, fait partie de la tribu des Chloridées. C’est une plante de 0,6 à 1,2 m, dont l’inflorescence est formée d’un faisceau de 4 ou 5 épis à l’extrémité de la tige (épis incurvés vers le centre du verticille, les épillets étant disposés sur la face extérieure des épis). Millet le plus cultivé dans le Nord-Est africain, où il supporte des conditions de maturation plus humides que le Sorgho, l’Eleusine se rencontre aussi en Inde, en Chine et au Japon.
— Eragrostis tef Zucc. Cette plante appartient à la tribu des Agrostidées. C’est le « tef » éthiopien, céréale de petite taille des régions montagneuses. En Afrique du Sud, on distingue des variétés précoces (3 mois), à grain blanc, et des variétés tardives (5 mois), à grain rouge.
— Coix lacrima Jobi L. Cette plante est de la tribu des Maydées. Ce Millet se rapproche du Maïs par ses épillets unisexués, mais les fleurs mâles sont à la base et les épis au sommet. Un pied peut donner plusieurs récoltes. Il est cultivé en Inde, en Malaisie et au Japon.


Agronomie

Tous les Millets ont un développement analogue à celui du Sorgho, le tallage étant parfois plus abondant. Leur particularité provient en général de la brièveté de leur cycle végétatif : 2 à 3 mois pour les plus précoces, 5 mois pour les tardifs. Les Millets peuvent donc se développer à maturité juste derrière quelques pluies (d’où leur extension en zone tropicale sèche), ou bien pendant une très courte durée de climat favorable pour la température ou les pluies (d’où son maintien en zones montagneuses et continentales). Outre ce caractère commun, les Millets supportent bien les températures élevées ainsi que la sécheresse, et se contentent de sols légers. Le Millet commun et le panic cultivé en Europe se rencontrent au sud de l’isotherme 17 °C du mois de juin. Avec une température de 10 °C nécessaire pour la germination, une somme de températures de 2 000 °C peut suffire pour le cycle végétatif des Millets de pays tempéré. En condition tropicale, une moyenne journalière de 28 °C est un optimum. Il est à signaler que, pour des jours de durée supérieure à 12 heures, l’Eleusine, le « fonio » et Digitaria ne fleurissent plus, ce qui impose d’accorder les dates de semis avec les saisons.

Pour les autres Millets, en région tempérée, c’est la température qui règle la date de semis, en zone tropicale, ce sont les pluies. La conduite de la culture diffère peu de celle des autres céréales. La place des Millets dans les rotations culturales est souvent de suivre une céréale plus riche, Froment, Seigle ou Sorgho. Ils se maintiennent en des milieux ingrats avec des rendements très acceptables. En Allemagne, on obtient du Millet commun 16 à 25 q/ha par récolte en moyenne. En Inde (panic, mil à chandelle, Eleusine...), si les rendements moyens n’excèdent guère 5 q/ha, on a obtenu des rendements de 20 à 30 q/ha avec de l’Eleusine irriguée. En Afrique, les rendements varient de 5 à 10 q/ha, et même à 20 q/ha dans les meilleures cultures de « fonio ». Au Brésil, avec le Coix lacryma Jobi, on obtient au cours de deux récoltes annuelles 40 q/ha par an. Il est à signaler que, dans de nombreuses contrées, il est de coutume d’associer le Millet à d’autres plantes telles que le Sésame ou les Légumineuses. Cela explique qu’il soit impossible d’estimer la production exacte de Millet dans le monde.


Utilisation et production

Les balles du grain sont coriaces, et le décorticage est une opération difficile. Le procédé du pilonnage est le plus employé, mais cet usinage occasionne beaucoup de pertes, qu’il est difficile d’estimer (25 à 60 p. 100 de pertes). Il y a un fort décalage entre la quantité produite au champ et la quantité consommée. Les valeurs alimentaires des Millets varient entre celle du Blé et celle du Riz. Leur composition vitaminique et protéinique est particulièrement équilibrée et adaptée aux besoins humains. La farine sert à confectionner des bouillies et des galettes ; mélangée à la farine de Blé, elle est panifiable. En Afrique, la semoule de Millet sert à la préparation du couscous. En Inde, le bétail utilise les pailles, dont la valeur fourragère est particulièrement élevée. Citons l’utilisation particulière du panic pour l’alimentation des Oiseaux d’agrément.

L’Inde, l’Extrême-Orient et l’Afrique tropicale sèche restent les principales régions de production de Millet et de mélange de grains. De 1950 à 1966, la production de Sorgho, Millet et mélanges est passée de 47 Mt à 84 Mt. Si cette augmentation est surtout due au Sorgho, on ne saurait sous-estimer la croissance des Millets. Mais, alors que ce sont les rendements qui s’améliorent pour le Sorgho, ce sont les surfaces qui augmentent pour les Millets. Pour répondre à la poussée démographique en Inde, les terres les plus pauvres, jusqu’ici délaissées, sont emblavées ; en Afrique, fait plus grave, ce sont les jachères qui sont amputées.

A. F., Y. P., F. R.

 P. Jonard, les Blés tendres cultivés en France (I. N. R. A., 1952). / R. Cerighelli, Cultures tropicales (Baillière, 1955). / F. A. O., Statistique du commerce mondial des céréales (Rome, 1956 et suiv., éd. annuelle) ; Statistique de production (Rome, 1956 et suiv., éd. annuelle) ; Interrelations économiques entre les céréales et le riz (Rome, 1965) ; le Blé dans l’alimentation humaine (Rome, 1970). / C. M. Messiaen, Physiologie du développement chez Zea Mays (I. N. R. A., 1963). / C. Moule, les Variétés d’avoine cultivées en France (I. N. R. A., 1965). / R. F. Peterson, Wheat (New York, 1965). / M. Simon, Identification et classification des variétés d’orges cultivées en France (I. N. R. A., 1965). / A. Angladette, le Riz (Maisonneuve et Larose, 1966). / P. Grignac, Contribution à l’étude du « Triticum durum » (I. N. R. A., 1966). / F. L. Mifthorpe et J. D. Ivins, The Growth of Cereals and Grasses (Londres, 1966). / W. H. Pierre (sous la dir. de), Advances in Corn Production (Ames, Iowa, 1966). / P.J. Salter et J. E. Goode, Crop Responses to Water at Different Stages of Growth (Fareham, 1967). / P. Hugues, les Sorghos fourrages (I. N. R. A, 1968).