Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

céréales (suite)

Le bilan organique des terres

Les céréales exigeant une bonne structure du sol, la stabilité de celle-ci doit être assurée par des apports en matière organique, compatibles cependant avec l’état sanitaire probable de la plante. Cela implique souvent, en agriculture intensive, l’enfouissement de pailles, bien que les rendements élevés en grain s’accompagnent de résidus de culture élevés.


Les systèmes de culture

Dans de nombreux systèmes de production, la culture des céréales est associée à l’élevage, tant pour l’équilibre alimentaire, lorsque l’autoconsommation est importante, que pour les échanges entre les deux productions : paille des litières, fumier et vaine pâture sur les chaumes, cette dernière étant associée à des formes sociales particulières d’organisation. Mais la mécanisation précoce des céréales et la bonne solution de problèmes techniques (désherbage, fertilisation, sélection relativement facile par l’autogamie) ont lié, dans les pays développés, la production cerealiere à de grandes exploitations (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord).

Ainsi il existe souvent, dans de nombreux pays, deux sources distinctes d’approvisionnement en céréales : les petites exploitations de polyculture et élevage, et les grandes exploitations mécanisées (France, Allemagne, États-Unis), ce qui crée des tensions internes plus ou moins grandes. Par ailleurs, dans des pays développés à faible population (Australie), il existe des techniques de culture très extensive, surtout en Blé. Dans des régions peu développées, la culture des céréales a une place importante, mais en diminution pour l’alimentation des agriculteurs. En France, dans les régions traditionnelles de polyculture et élevage, les céréales disparaissent, ainsi que dans les zones de montagne.

D’une manière générale, on assiste actuellement à un accroissement des surfaces en Blé (substitution au Riz, introduction dans la ration animale, politique agricole des États européens) et en Orge (utilisation fourragère et brasserie), et à une diminution des surfaces en Avoine (réduction de l’élevage du Cheval) et en Seigle (soit remplacé par des variétés plus productives de Blé, soit à cause de l’abandon des céréales dans les régions de montagne).


Le Sarrasin

Le Sarrasin est originaire de la Sibérie centrale. Son introduction en Europe occidentale remonte au xvie s.


Botanique

Le Sarrasin appartient à la famille des Polygonées, genre Fagopyrum (8 chromosomes). Trois espèces font l’objet de cultures en France : Fagopyrum emenginatum Mies, F. Tataricum L et F. esculentum Manch.

C’est une plante herbacée annuelle ; les feuilles sont lancéolées ; le pétiole engaine la tige. L’inflorescence est en grappe, chaque fleur comprend 8 étamines et un ovaire triangulaire portant 3 styles. Le fruit est un akène farineux à section triangulaire.


Agronomie

La biologie du Sarrasin est nettement différente de celle des autres céréales, qui sont des Graminacées. C’est une plante de cycle végétatif court (somme de températures requise : 1 100 °C à 1 800 °C) et se contentant de sols sableux, très pauvres. Elle exige un climat doux et humide. Cela explique son succès et son extension rapide à la fin du Moyen Âge. C’est la plante de mise en valeur des pauvres régions et des pauvres gens. On pouvait la faire succéder à n’importe quelle culture, parfois même en dérobée (durée du cycle : 3 mois).

Avant 1940, il y avait plus de 250 000 ha de Sarrasin en France. En 1968, il en restait 17 700 ha, qui ont produit 25 000 t de grain. Les derniers foyers de culture sont le Limousin, l’Auvergne et la Bretagne.


Le Maïs


Botanique et classification


Place dans la classification botanique

Le Maïs (Zea mays) appartient à la famille des Graminacées, tribu des Maydées. Il possède 2 n = 20 chromosomes. C’est la seule espèce du genre Zea. La tribu des Maydées rassemble également des genres américains comme Tripsacum et Euchloena (appelée aussi Téosinte) et des genres asiatiques comme Coïx ou Sclerachne.

L’origine botanique du Maïs est très discutée. Il présentait primitivement des grains protégés par des glumes ; une mutation transforma ces grains tuniques en grains nus. L’hybridation naturelle avec un Tripsacum aurait donné naissance au Téosinte ; des croisements entre Téosinte et Maïs seraient à l’origine des races actuelles.


Historique de l’extension

Connu depuis des millénaires par les populations d’Amérique centrale et du Sud, le Maïs n’apparut en Europe qu’après la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb. Introduit en Espagne vers 1519, sa propagation vers l’Europe orientale, les régions balkaniques et l’Asie Mineure est due aux Arabes. Vers 1600, on constate le passage du Maïs en France dans le Béarn et les provinces basques, les Landes et le Bigorre. Pour l’Amérique du Nord, l’extension s’est faite par les régions côtières et le Mexique. Pour l’Amérique du Sud, elle s’est faite à travers les vallées fertiles par la colonisation espagnole jusqu’en Patagonie.


Description botanique

C’est une plante annuelle à très grand développement végétatif (elle peut atteindre 4 m de hauteur), dont la tige porte de 12 à 20 feuilles avec des limbes bien développés (35 à 50 cm de long ; 4 à 10 cm de large). La tige peut émettre plusieurs talles. Le système radiculaire de type fascicule comporte trois types de racines : les racines séminales, issues de la graine, les racines secondaires, qui constituent la quasi-totalité du système racinaire, et les racines d’ancrage, qui apparaissent en dernier, au niveau des premiers nœuds situés au-dessus de la surface du sol.

Le Maïs est une plante monoïque, c’est-à-dire possédant deux sortes d’inflorescences. Les fleurs mâles sont groupées sur une panicule terminale au sommet de la tige ; les fleurs femelles, rassemblées sur un ou plusieurs épis, se développent à l’aisselle des feuilles du tiers moyen de la plante.

Bien que la plante soit autofertile, la fécondation est allogame : le taux de fécondation croisée est d’au moins 95 p. 100 en raison d’une part de la séparation des sexes dans l’espace (monoécie) et d’une maturité plus précoce des fleurs mâles (protandrie).