Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

céréales (suite)

• Objectifs particuliers. Blé. On recherche la résistance aux rouilles et surtout aux piétins, et l’amélioration des qualités techniques. Pour le Blé tendre, on tend à améliorer la force boulangère (c’est-à-dire une teneur élevée en protéines donnant certaines propriétés de ténacité et d’élasticité des pâtes à pain) ; mais la biscuiterie et la pâtisserie demandent des Blés moins « forts ». Pour le Blé dur, qui doit présenter une texture vitreuse, il faut diminuer le risque de mitadinage, lié à la teneur en protéines.

Orge. Les Orges à vocation fourragère sont poussées vers le rendement, mais celles à vocation brassicole doivent présenter des enveloppes fines de l’amande et une faible teneur en protéines, ce qui, en général, est contraire à un rendement élevé. La résistance à l’oïdium et la résistance à la verse sont les axes essentiels d’amélioration sur le plan génétique.

• Avoine. Les objectifs sont essentiellement techniques, étant donné l’absence de débouché industriel important : résistance à la rouille couronnée, résistance à la sécheresse, résistance à la verse.

• Seigle. L’amélioration, relativement peu active, est gênée par l’allogamie (auto-incompatibilité du Seigle), si bien que l’on ne dispose que de populations relativement instables. Le rendement est l’objectif essentiel.


Les techniques culturales des céréales


Réalisation du peuplement

Un semis profond, s’il peut quelquefois garantir contre des risques climatiques ou parasitaires, provoque un allongement du rhizome qui peut fatiguer la jeune plante et surtout retarder l’installation du plateau de tallage. Ainsi peut être réduite la durée du tallage, et par conséquent le nombre d’épis. La densité de semis définit la surface moyenne dont disposera chaque pied ; forte, elle diminue le nombre d’épis par pied ; faible, elle l’augmente. Mais un semis très irrégulier, créant localement des zones à très forte densité, réduit aussi le tallage moyen. Ainsi, la densité de semis va dépendre, pour réaliser un objectif en nombre d’épis par unité de surface, de la technique de semis, de l’intervalle de temps semi-montaison et de certains facteurs de production (eau).

Le semis peut être fait à la volée, suivi de façons superficielles destinées à améliorer la position de la graine ; c’est une technique ancienne que retrouvent des techniques modernes, visant à réduire les coûts de travail. Le plus souvent, on pratique un semis en ligne à écartement constant. Les densités réalisées pratiquement vont de 150 à 700 pieds au mètre carré, avec des peuplements épis résultants de l’ordre de 200 à 800.


Travail du sol

Un profil cultural adapté à une céréale doit permettre : une germination et une levée suffisantes (profil humide et aéré) ; un enracinement convenable (profil dépourvu d’obstacles à la colonisation des racines : mottes compactes, semelles de labour, terre bien rappuyée). Il doit en outre posséder, pour la croissance, une réserve en eau compatible avec les risques de sécheresse.

Ainsi, un travail profond n’est pas toujours nécessaire, certaines terres ayant une structure stable, et certains précédents culturaux laissant derrière eux une structure suffisamment meuble. Par contre, il reste souvent nécessaire d’améliorer le contact graine-sol par une préparation fine de la surface et un tassement qui soit suffisant sans être excessif. L’Avoine est moins exigeante en ce qui concerne le tassement de la terre : elle donne de bons résultats après une défriche de prairies. En revanche, l’Orge réagit mal à une terre creuse.


Fertilisation

Si l’azote est un élément essentiel du rendement, il est parfois responsable d’une baisse de qualité, en particulier chez les Orges de brasserie et les Blés durs de semoulerie. Un apport initial (au semis, par exemple) provoque une forte croissance. Il est donc nécessaire que la plante, plus grosse, reste convenablement alimentée : il faut fractionner les apports en tenant compte de la dynamique probable de l’azote dans le profil. Les autres éléments (phosphore, potassium, calcium) sont peu solubles et risquent moins de n’être plus disponibles au moment voulu ; leur fractionnement est donc peu utile. Les céréales à très court cycle (Orge et Blé des régions septentrionales) posent de délicats problèmes de fertilisation, à cause de la grande demande instantanée.


Lutte contre les mauvaises herbes

Les céréales ont été longtemps une culture sarclée. Elles ont été les premières à bénéficier de techniques modernes de désherbage : acide sulfurique jusqu’à 1930, colorants nitrés ensuite, puis hormones et une gamme actuelle très variée de produits. Les difficultés techniques résident dans le problème de teneur des grains en matière active du désherbant, qui existe lors de traitements tardifs.


Récolte

La maturité est atteinte quand le grain est à son poids sec maximal et qu’il est en cours de déshydratation. La récolte implique deux opérations distinctes : la fauche, ou moisson, et le battage. Quand les deux opérations sont séparées, on peut moissonner et dégager l’aire de culture avant que la maturation soit complète ; cela se fait manuellement (faux, faucille) ou mécaniquement (moissonneuse, moissonneuse-lieuse). Le battage se fait ultérieurement, parfois en morte-saison, soit au fléau, soit à la batteuse. Actuellement, on cherche à grouper les deux techniques en un moissonnage-battage ; cela exige d’attendre la maturité complète, sauf si l’on dispose d’installations de séchage. Mais le temps de travail est considérablement diminué. Les pailles restées sur le champ peuvent être récupérées par une ramasseuse-presse et stockées, ou brûlées, ou enfouies telles quelles, ou encore broyées.


Les systèmes de culture céréaliers


Place des céréales dans les successions de culture

Trois éléments sont importants : les risques parasitaires s’accroissent avec l’augmentation des céréales dans une succession ; les adventices spécialisées deviennent plus envahissantes ; enfin, comme, sauf dans les régions septentrionales, les céréales n’occupent les terres qu’une partie de l’été, elles utilisent incomplètement le rayonnement solaire disponible et suscitent la recherche de cultures à cycle différent dans la succession. La monoculture voit ses rendements limités du tiers au sixième des possibilités pour le Blé, où les risques de piétin sont grands ; par contre, l’Orge peut revenir sur elle-même assez longtemps, par suite de la solution des problèmes de désherbage dans les régions tempérées. Le brûlage des pailles, la recherche de variétés résistantes permettent cependant de faire souvent maintenant un Blé de printemps derrière un Blé d’hiver ; mais, ensuite, il faut changer la culture. Les meilleurs précédents sont les plantes sarclées ; les moins bons, les autres Graminacées.

En culture extensive où l’eau est facteur limitant, la monoculture, nuancée par la jachère et le dry-farming, est largement utilisée pour le Blé et l’Orge.