Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

catholicisme (suite)

Le catholicisme dans le monde

Les statistiques officielles (1960) estiment à 539 216 000 le nombre des catholiques dans le monde. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’apprécier la foi des individus, ni même de savoir s’ils pratiquent leur religion. Il n’est question que du nombre officiel de catholiques, relevés sur les registres de baptême.

En Europe occidentale et en Amérique latine (centrale et méridionale), le catholicisme domine de loin en pourcentage : par rapport à la population totale, 56 p. 100 de catholiques en Europe de l’Ouest et plus de 91 p. 100 pour l’Amérique latine où la colonisation européenne remonte au xvie s.

À l’opposé : le monde arabe, le plus répulsif, à peine entamé, puisqu’il ne compte que 1,9 p. 100 de catholiques, et l’immense monde asiatique, lequel regroupe seulement 4 p. 100, qui sont principalement répartis sur sa frange orientale (le Viêt-nam du Sud, l’Indonésie et les Philippines en rassemblent les deux tiers). Quant au bloc communiste, les catholiques y représentent 5,7 p. 100 de la population, à cause surtout de la prédominance des chrétiens orthodoxes.

Entre ces deux extrêmes, on trouve l’Amérique du Nord avec 23,6 p. 100, l’Océanie avec 19,5 p. 100 et l’Afrique noire avec 11,3 p. 100.

Cependant, il faut considérer qu’en bien des domaines ces régions sont plus ou moins favorisées quant à la vitalité religieuse, qui n’est pas fonction, elle, du nombre total. Ainsi le pourcentage des prêtres par rapport à la masse des fidèles varie d’une région à l’autre : 57 p. 100 des prêtres du monde entier se trouvent en Europe occidentale, contre 10 p. 100 en Amérique latine, où vivent pourtant plus du tiers des catholiques. Il en est de même des religieuses (54 p. 100 en Europe occidentale et 10 p. 100 en Amérique latine).

Enfin, est-il besoin de rappeler que c’est en Europe occidentale que se trouvent tous les organismes directeurs du catholicisme, et que toutes les impulsions théologiques importantes sont le fait de catholiques européens ?

Le catholicisme mondial reste donc marqué très fortement par la mentalité, les préoccupations et l’univers culturel des catholiques de l’Europe de l’Ouest.

P. R.

➙ Christianisme / Concile / Église catholique / Jésus / Papauté / Sacrement / Théologie catholique.

 K. Adam, Das Wesen des Katholizismus (Düsseldorf, 1924 ; nouv. éd., 1940 ; trad. fr. le Vrai Visage du catholicisme, Grasset, 1931 ; nouv. éd., 1942). / A. D. Sertillanges, Qu’est-ce que le catholicisme ? (Spes, 1938). / H. de Lubac, le Catholicisme : les aspects sociaux du dogme (Éd. du Cerf, 1941) ; Sur les chemins de Dieu (Éd. Montaigne, 1966). / G. Jacquemet (sous la dir. de), Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain (Letouzey et Ané, 1947-1970, en cours de publication). / G. Le Bras, Études de sociologie religieuse (P. U. F., 1955-1956 ; 2 vol.). / A. Rétif, Catholicité (Fayard, 1956). / A. Dansette, Destin du catholicisme français, 1926-1956 (Flammarion, 1957). / J. R. Palanque, E. Delaruelle, A. Latreille et R. Rémond, Histoire du catholicisme en France (Spes, 1957-1962 ; 3 vol.). / R. Mehl, Du catholicisme romain : approche et interprétations (Delachaux et Niestlé, 1958). / J. Folliet, le Catholicisme mondial aujourd’hui (Éd. du Cerf, 1959). / G. Mury, Essor ou Déclin du catholicisme français ? (Éd. sociales, 1960). / G. Brantl, Christianity : Catholicism (New York, 1961 ; trad. fr. le Catholicisme, Garnier, 1968). / H. Fesquet, le Catholicisme religion de demain ? (Grasset, 1962). / K. Rahner, Dangers dans le catholicisme d’aujourd’hui (Desclée De Brouwer, 1966). / M. D. Chenu et coll., la Théologie du renouveau (Éd. du Cerf, 1968). / A. Chiaruttini, le Dossier du catéchisme hollandais (Fayard, 1969). / Problèmes actuels du catholicisme français (Desclée De Brouwer, 1969). / Sept Problèmes capitaux de l’Église (Fayard, 1969)./ J. Daniélou, J. Honoré et P. Poupard, le Catholicisme. Hier, demain (Buchet-Chastel, 1975).

catholicisme libéral

Famille d’esprit qui, à partir de 1830, voit le progrès de l’Église catholique dans l’acceptation des libertés proclamées en 1789 : liberté de conscience, liberté politique, liberté civile, liberté individuelle, liberté de l’éducation.


Cette acceptation — qui oppose les catholiques libéraux aux catholiques intransigeants, partisans de la contre-révolution dans tous les domaines — exclut le legs de la révolution tyrannique et sanglante de 1793 : en cela, les catholiques libéraux se distinguent des républicains radicaux, pour qui la Révolution française « est un bloc ».

D’autre part, les catholiques libéraux se distinguent des catholiques sociaux : leurs préoccupations sociales n’apparaissent qu’à l’arrière-plan, loin derrière les débats religieux et les controverses politiques. La plupart sont des nobles ou de bonne bourgeoisie : la liberté d’association et de la concurrence leur semble être une solution à la plupart des problèmes posés par la civilisation industrielle.

Cependant, les catholiques libéraux, qui vivent un catholicisme traditionnel et parfaitement orthodoxe, mènent une vie austère, désintéressée ; ils sont « crucifiés à leur plume » (Lacordaire) et s’efforcent d’unir dans leur existence la grandeur chrétienne et la dignité humaine. Attitude marquée par un romantisme qui se manifeste notamment dans le domaine, très développé chez eux, de l’amitié.

À l’origine du catholicisme libéral, on trouve Eckstein et La Mennais*. Le baron Ferdinand d’Eckstein (Copenhague 1790 - Paris 1861), personnage véritablement « européen », extraordinaire érudit, qui servit la Prusse puis la France, fonde en 1826 la revue le Catholique avant de collaborer au premier Correspondant (1829), puis à l’Avenir, et de diriger (1833) la France catholique. Eckstein est un semeur d’idées, un peu brouillon, mais dont l’influence a été grande sur les premiers catholiques libéraux.