Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Catherine II (suite)

 C. de Rulhière, Anecdotes sur la révolution de Russie en l’année 1762 (Desenne, 1797). / V. A. Bilbasov, Histoire de Catherine II (en russe, Saint-Pétersbourg, 1890 : 2 vol.). / V. I. Semevski, les Paysans pendant le règne de Catherine II (en russe, Saint-Pétersbourg, 1901-1903 ; 2 vol.). / P. Milioukov, C. Seignobos et L. Eisenmann, Histoire de Russie, t. II, les Successeurs de Pierre le Grand (Leroux, 1932). / O. Wormser, Catherine II (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1962) ; Catherine II (Club fr. du livre, 1969). / M. Raeff, Origins of the Russian Intelligentsia. The Eighteenth Century Nobility (New York, 1966). / P. Dukes, Catherine the Great and the Russian Nobility (Cambridge, 1967). / D. Olivier, Catherine la Grande (Rencontre, Lausanne, 1970).

Catherine de Médicis

Reine de France (Florence 1519 - Blois 1589).


Fille de Laurent II de Médicis, duc d’Urbino, et d’une Française, Madeleine de La Tour d’Auvergne, Catherine devint orpheline de bonne heure. Elle fut fiancée dès 1531 au second fils de François Ier, le duc d’Orléans Henri, et mariée deux ans après. Cette union d’un fils de France avec une nièce du pape était destinée dans l’esprit de François Ier à équilibrer l’influence de Charles Quint à Rome.

La conscience de l’honneur qu’on lui avait accordé explique l’attitude de Catherine à la cour de France, avant et après son veuvage. Princesse très effacée devant son glorieux beau-père, reine éperdument éprise de son roi, éclipsée par sa brillante rivale Diane de Poitiers, elle accepta tout avec humilité. Devenue régente après la mort de son mari, dont elle porta le deuil jusqu’à sa mort, elle s’attacha passionnément à sauvegarder pour ses fils l’héritage laissé par François Ier et Henri II. Cette Italienne fut, comme plus tard Mazarin, le meilleur serviteur de la monarchie française en des temps troublés.

La mort du dauphin François en 1536 fit de l’époux de Catherine l’héritier du trône. Stérile durant dix ans, la dauphine prit à cœur de s’imposer peu à peu par sa douceur et son intelligence. Elle s’instruisit et étudia particulièrement l’histoire. Elle trouva à la cour raffinée des Valois un terrain propice à la culture de son esprit. Aimant le luxe et les fêtes, elle fut une véritable princesse de la Renaissance, mais, à la différence de bien d’autres, elle se fit remarquer par la pureté de ses mœurs et la fidélité à tous ses devoirs.

La naissance d’un fils, le futur François II, bientôt suivie par celle de neuf autres enfants, dont six survécurent, acheva de consolider sa position. À la mort d’Henri II (10 juill. 1559), les Guises, oncles de la reine Marie Stuart, la tinrent à l’écart et gouvernèrent sous le nom du faible et maladif François II. Cependant, dès cette époque, pour la première fois, elle apparaît sur le devant de la scène. Au moment de la conjuration d’Amboise, lorsque les Guises perdent la tête et obtiennent une répression cruelle, Catherine seule garde son sang-froid ; elle publie une amnistie et s’efforce de sauver les coupables. Elle s’appuie sur le chancelier, le sage Michel de L’Hospital, pour imposer l’édit de Romorantin (mai 1560), qui atténue les persécutions contre les protestants. Cette attitude lui gagnera leur sympathie.

Cependant, cette nièce du pape était en matière religieuse le contraire d’une fanatique. Son drame fut de devoir gouverner un pays où les passions confessionnelles les plus exacerbées, et compliquées d’intérêts politiques, n’allèrent qu’en s’amplifiant jusqu’à sa mort. On peut même dire que son erreur la plus grande fut d’avoir minimisé l’importance du facteur religieux.

C’est à la mort de François II (5 déc. 1560) qu’elle donne toute la mesure de son habileté. Charles IX n’a que onze ans. Catherine profite du manque de sens politique des princes, d’un Bourbon, d’un Condé, pour se faire accorder aux états généraux d’Orléans la régence assortie des plus grands pouvoirs. Aussitôt maîtresse du royaume, elle abolit la peine de mort en matière d’hérésie et autorise le prêche dans les maisons privées. C’est déjà l’esquisse de la politique que suivra le tiers parti, celui des « politiques », et qui triomphera sous Henri IV.

Désireuse de conciliation, elle réunit à Poissy, en septembre 1561, les chefs des deux religions en vue de parvenir à un accord. L’antagonisme entre Théodore de Bèze et le cardinal de Lorraine lui montre l’abîme qui les sépare. Cependant, elle persiste dans son attitude malgré l’opposition du roi d’Espagne Philippe II, qui craint de voir la France passer à l’hérésie. Par l’édit de janvier 1562, elle accorde aux calvinistes la liberté de conscience et le droit de célébrer un culte public hors des villes ; c’est avec trente-six ans d’avance la préfiguration de l’édit de Nantes d’Henri IV.

Alarmés, les princes catholiques se regroupent, et le duc de Guise, le maréchal de Saint-André et le connétable de Montmorency forment un triumvirat qui, après le massacre de Wassy (1er mars 1562) et le soulèvement de Condé, va s’imposer par la force à la régente.

Il faut ici considérer, pour comprendre l’âpreté des luttes qui ensanglantent la France, les mécanismes qui régissent les rapports entre les Grands et le pouvoir royal. S’il n’y a plus de féodalité que comme fiction juridique, la réalité est ailleurs, dans ce qu’on appelle le « patronage » illimité des grands seigneurs, de ceux qui ont puissance et prestige par leurs charges et leurs possessions territoriales, ce qui leur donne des clientèles impressionnantes et même des armées de fidèles qui vivent de leurs largesses.

Un autre facteur, non moins important, est le poids décisif de l’attachement de la majorité des Français d’alors à la foi catholique. Cette pression de l’opinion, appuyée sur les ambitions de quelques grandes familles, va imposer les troubles sanglants de la guerre à une régente pourtant assoiffée de paix.

En 1562 commence une série de luttes confuses terminées par des paix boiteuses où alliés et ennemis échangent tour à tour leur rôle dans un incroyable imbroglio. Après la prise de Rouen par les triumvirs au cours de la première guerre, le hasard va débarrasser Catherine des plus turbulents des princes ; coup sur coup, Antoine de Bourbon est tué à Rouen, Saint-André à Dreux et François de Guise est assassiné par Poltrot de Méré à Orléans.