Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Castelnau (Édouard de Curières de) (suite)

Élu député de l’Aveyron en 1919, il participe comme président de la Commission de l’armée à la réorganisation militaire de 1923. Non réélu en 1924, il créa la Fédération nationale catholique à l’instigation de nombreux évêques français, inquiets de la politique antireligieuse du Cartel* des gauches. La Fédération a pour but de mener une action « dans l’intérêt de la religion, de la famille, de la société et du patrimoine national ». Castelnau en sera l’animateur jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, lui imprimant une orientation aussi nettement anticommuniste qu’antinazie.

J.-E. V.

Castille

En esp. Castilla, ensemble de hautes terres occupant le centre de la péninsule Ibérique.


La Castille a formé deux régions administratives (la Vieille-Castille, correspondant aux provinces d’Ávila, de Burgos, Logroño, Palencia, Santander, Ségovie, Soria et Valladolid [66 107 km2, 2 154 000 hab.], et la Nouvelle-Castille, formée des provinces de Ciudad Real, Cuenca, Guadalajara, Madrid et Tolède [72 363 km2, 5 164 000 hab.]) dont l’ensemble ne s’identifie pas exactement avec la région géographique définie et décrite.


Le milieu naturel

La Cordillère centrale ibérique divise la Castille en deux parties : Vieille Castille au nord (plus anciennement reconquise sur les Arabes), Nouvelle Castille au sud. Ce sont pourtant les mêmes paysages austères, la même monotonie de plateaux dénudés balayés par les vents, les mêmes solitudes où de gros villages s’espacent démesurément, les mêmes terres ingrates livrant de maigres récoltes, que l’on retrouve de part et d’autre de cette rude montagne aux lignes sévères.

Chacune des Castilles est un bassin sédimentaire où se sont accumulées d’épaisses assises continentales au Tertiaire : argiles et marnes à gypse, couronnées par des calcaires lacustres. Si la Vieille Castille est une cuvette bien dessinée que dominent énergiquement la Cordillère cantabrique au nord, la Cordillère ibérique à l’est et la Cordillère centrale ibérique au sud, et qui reste suspendue à 700-800 m au-dessus des gorges profondes qui entaillent la faible remontée du socle mésétain à l’ouest, la Nouvelle Castille, en dehors de sa bordure septentrionale, n’est limitée que par de modestes reliefs de la Cordillère ibérique à l’est et le lourd bourrelet de la sierra Morena au sud, et se présente comme un vaste plan incliné vers l’ouest, servant de piédestal aux crêtes décharnées des monts de Tolède.

L’érosion démantèle les tables calcaires. Le réseau du Duero (Douro), en Vieille Castille, et celui du Tage, en Nouvelle Castille, les ont fait reculer vers l’est : de ce fait, les rigides plateaux orientaux des « páramos » dominent par un coteau sinueux les molles collines marneuses des « campiñas » occidentales ; en revanche, le réseau du Guadiana, au sud, mal alimenté et bloqué dans son creusement à l’aval, a à peine égratigné la plate-forme calcaire de la Manche, vaste plaine d’une remarquable platitude parsemée de « salares », nappes d’eau salée sans écoulement.

Le climat de ces hautes terres est marqué d’un net cachet de continentalité : forte amplitude thermique et faiblesse des précipitations en sont les traits essentiels. Sans doute, la différence de latitude fait que la Vieille Castille connaît des hivers plus froids (moyenne de janvier inférieure à 4 °C ; minimum absolu de – 21 °C à Ávila en 1956) et plus longs (gelées d’octobre à mai inclus) que la Nouvelle Castille (moyenne de janvier de 5 °C à Ciudad Real). Si, au nord de la Cordillère centrale, les coups de chaleur en été sont de plus courte durée qu’au sud, ils sont tout aussi torrides. Salamanque (dans le León « administratif »), avec une moyenne du mois le plus chaud de 21,5 °C (contre 27,7 °C à Ciudad Real), a connu un maximum absolu de 40,6 °C, et le thermomètre y dépasse souvent 30 °C. Cette chaleur rend d’autant plus sensible la sécheresse : les précipitations, concentrées au printemps et à l’automne, sont partout inférieures à 400 mm et s’abaissent même au-dessous de 300 mm vers Zamora (León).

L’aridité estivale, alliée aux rigueurs de l’hiver, explique la faiblesse du couvert végétal, d’autant que la forêt xérophile, dont le chêne vert est l’espèce dominante, a été fort dégradée par l’homme et a fait place au « matorral », maigre formation buissonnante. Cependant, de belles forêts de pins couvrent le sud-est de la Vieille Castille (Tierra de Pinares) et les pays calcaires du nord-est de la Nouvelle Castille.


La vie économique

Les Castilles sont demeurées des régions agricoles. La population active employée dans le secteur primaire y conserve des proportions élevées : 49,1 p. 100 en Vieille Castille et plus de 60 p. 100 en Nouvelle Castille (si l’on exclut Madrid). On comprend que les provinces castillanes soient parmi celles qui assurent les revenus par habitant les plus bas de l’Espagne, d’autant que l’agriculture de ces terres austères est pauvre. Plusieurs raisons expliquent cette situation.

D’abord, les Castilles sont presque intégralement des terres de « secano » (culture sèche) : celles-ci occupent 95 p. 100 de la surface cultivée en Vieille Castille par exemple. La culture irriguée est réduite à de petits secteurs le long des principaux cours d’eau, et son développement est récent. Le long du Duero et de ses affluents de rive droite (Pisuerga, Esla), la culture de la betterave à sucre couvre l’essentiel des 200 000 ha irrigués. Dans les vallées du Tage et de ses affluents, les ríos Henares et Alberche, les cultures sont plus diversifiées : aux traditionnelles cultures maraîchères et fruitières des huertas d’Aranjuez et de Talavera se sont ajoutés, déjà anciennement, la betterave à sucre, le maïs, les plantes fourragères et, plus récemment, le tabac, le riz et même le coton. Depuis peu, la part des plantes fourragères ne cesse de croître en rapport avec le développement de l’élevage des bovins pour satisfaire le marché de Madrid.

Ensuite, la surface agricole est très réduite, particulièrement en Nouvelle Castille, où 54 p. 100 du sol sont laissés en friche. Les facteurs historiques, plus que les conditions naturelles, sont à l’origine de cet état de choses : lors de la Reconquête, tardive au sud du Tage, le peuplement fut très lâche. Aussi, le roi distribua-t-il de vastes domaines sur lesquels la Mesta, association d’éleveurs qui sut obtenir des privilèges de la couronne, développa l’élevage extensif des moutons et imposa la mise en défens d’immenses surfaces demeurées incultes (« dehesas »).